Hyacinthe Rigaud, comédie-vaudeville en un acte, par M. Demautort, 20 mars 1809.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre
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Hyacinthe Rigaud
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Genre
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Comédie-vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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20 mars 1809
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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M. Demautort
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Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome II, p. 174
Hyacinte Rigaud, vaudeville, joué le 20 mars.
Production extrêmement foible que l'on n'a ni sifflée ni applaudie.
L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1809, tome V (mai 1809), p. 294-297 :
[Il y a des pièces qui n’échouent pas plus qu’elles ne réussissent, et c’est le cas de ce modeste vaudeville, qui pourrait être passé inaperçu. Que dire d’une telle pièce ? Ouvrir le dictionnaire historique et recopier l’article qui concerne ce peintre fameux il y a un siècle ? L’intrigue de la pièce tourne autour des conditions un peu étranges du mariage de Rigaud, appelé chez une dame qui voulait refaire la peinture de sa chambre. Méprise amusante, qui débouche sur un mariage, qu’il a fallu un peu étoffer pour remplir un acte, mais aussi pour éviter les inconvenances (on suppose que les deux personnages soupiraient l’un pour l’autre depuis longtemps sans oser se le dire). Mariage donc, et révélation du nom de l’auteur dont les couplets ont plus d’esprit et de grâce que l’intrigue de sa pièce.]
Hyacinthe Rigaud.
C'est bien modestement que ce vaudeville s'est glissé dans le monde ; il s'est tenu à sa place, on ne l'en a pas sorti. Le public l'a accueilli sans joie et sans colère :
Et comme accoutumé à de pareils présens,
il passera tranquillement ses jours comme un autre sur le théâtre du Vaudeville, mais il n'y fera pas époque. Au reste, les époques du théâtre ne sont pas toujours fort heureuses pour ceux qui les fournissent ; et quoiqu'un personnage de tragédie ait assuré
Qu'après l'honneur de vaincre il n'est rien sous les cieux
De plus grand en effet qu'un trépas glorieux,
on doit penser au vaudeville que
Mieux vaut goujat debout qu'empereur en terre,
et qu'un petit vaudeville bien doux, vivant tout doucement, mais vivant enfin, est quelque chose d'infiniment préférable à ces ouvrages que des revers éclatans bornent
A peu de jours suivis d'une illustre mémoire.
Il faut donc annoncer l'existence d'Hyacinthe Rigaud à ceux qui auraient pu ne s'en pas appercevoir au milieu des grands intérêts qui ont occupé la scène depuis quelques jours. Je pourrais, en ouvrant le dictionnaire historique, dire qu'Hyacinthe Rigaud était un peintre fameux de la fin du dix-septième siècle et du commencement du dix-huitième ; qu'il naquit à Perpignan, et mourut, je crois, à Paris en 1743, âgé de quatre-vingts ans ; qu'il avait un grand talent pour les chairs et sur-tout pour les mains ; qu'on lui reprochait de mettre trop de fracas dans ses draperies, etc., etc., et tout cela serait fort à sa place dans un article de vaudeville. Mais j'aime mieux assurer mes lecteurs qu'il est très-vrai, ou du moins très-imprimé, que le mariage d'Hyacinthe Rigaud fut la suite d'une méprise assez bizarre. Une dame qui voulait faire mettre sa chambre en couleur, dit à son laquais de lui chercher un peintre ; celui-ci voulant apparemment procurer à sa maîtresse ce qu'il y avait de mieux, s'adressa à Rigaud, qui trouva la méprise plaisante, se présenta chez la dame, mais de manière à ce qu'elle ne le prît pas pour un peintre de murailles. Après les premières excuses, la dame trouva la chose gaie. Apparemment que la gaîté lui séyait bien, et n'allait pas mal à Rigaud ; cette connaissance commencée au milieu d'une plaisanterie, finit par un mariage, et on assure encore que les deux époux ne furent pas tentés de s'appliquer le proverbe,
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera,
et qu'ils purent rire jusqu'à la fin de leurs jours, autant du moins qu'il est nécessaire pour le bonheur. Voilà le fond du vaudeville nouveau ; mais comme on avait peu de temps pour filer l'intrigue, il a fallu la faire remonter plus haut. On a supposé que s'aimant depuis long-temps, sans se l'être dit, sans avoir trouvé moyen de se rapprocher, Rigaud et la veuve chez laquelle il se trouve amené par hasard, n'ont plus besoin que d'une explication pour le dénouement. Cette supposition, en sauvant beaucoup d'inconvenances, diminue aussi beaucoup de la gaîté : des amans qui se retrouvent sont contens et non pas gais. Ceux-ci avaient d'ailleurs leur explication sous la main. Ils doivent nécessairement parler de peinture ; la dame dessine ; elle a fait de mémoire le portrait de Rigaud ; il le découvre et met à la place le portrait de la dame. Après cela, il n'y avait plus que le mariage à faire et l'auteur à demander. Il a été demandé, c'est M. Demautort. M. Demautort devait mettre de l'esprit et de la grace dans ses couplets ; il y en a mis; mais il ne pouvait donner beaucoup de vivacité à son intrigue de la manière dont il l'avait conçue, et, à cet égard encore, les choses ont été ce qu'elles devaient être. Le public a reçu le tout comme il accueille les ouvrages où se trouvent des choses qui lui plaisent assez pour le faire passer sur d'autres qui ne l’amusent pas beaucoup. P.
L’Opinion du Parterre, ou Revue des théâtres, septième année, M.DCCC.X., p. 312 :
20 Mars.
Première représentation d'Hyacinthe Rigaud, comédie-vaudeville en un acte, par M. de Mautort. Il y avait long-temps que cet auteur n'avait paru dans la rue de Malthe : il y revient avec un vaudeville à la glace. Mieux valait sans doute ne pas sortir de son oisiveté.
L'expression « à la glace » s'applique aux productions de l'esprit d'une grande froideur.
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