L'Hermitage, arlequinade en un acte, par A. J*** [ Antoine Gabriel Jars] ; 1er avril [1807].
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Hermitage (l’)
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Genre
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arlequinade
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en evrs
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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1er avril 1807
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Antoine-Gabriel Jars
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Almanach des Muses 1808.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Cavanagh, 1807 :
L'Hermitage, vaudeville-arlequinade, en un acte, Par Monsieur A. J*** [Jars]. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le premier avril 1807.
Courrier des spectacles, n° 3704 du 2 avril 1807, p. 2 :
[L’auteur de la pièce a cru être original, mais le critique n’approuve pas le choix du cadre choisi, un ermitage : curieux ermite que celui-ci, qui se mêle beaucoup d’affaires amoureuses. L’intrigue est bien une arlequinade : Arlequin amoureux jaloux d’une Colombine qu’il croit infidèle, une Colombine qui vient voir l’ermite pour se faire conseiller, Gilles qui vient aussi, mais pour se faire rosser, comme d’habitude, et un mariage, bien sûr : rien de surprenant, a priori. Mais le critique émet bien des critiques : peu d’intérêt dans une intrigue pareille, un ermite jugé choquant par son besoin de s’entremettre dans des histoires amoureuses, et une scène de réconciliation « un peu inconvenante ». A quoi s’ajoute une action vide, des couplets faibles et un ialogue languissant. La pièce a suscité bien des réactions, « siffler, rire et bâiller ». L’auteur a malgré tout été demandé, mais « il a sagement gardé l’anonyme » (par peur peut-être de la réaction du public, qui est parfois d’une étonnante duplicité : il demande l’auteur, mais c’est éventuellement pour le conspuer).]
Théâtre du Vaudeville.
L’Hermitage, arlequinade.
C’est peut-être la première fois qu’on s’est avisé de faire d’Arlequin un hermite, et d’un hermite une espèce d’Arlequin. L’auteur a sans doute cru voir dans cette combinaison une conception neuve, un moyen de plaire par la singularité du spectacle. Ses calculs l’ont trompé. Il faut en tout un peu de raison et de vraisemblance. Un Hermite qui rit avec toutes les jeunes filles du village, qui se mêle de les marier, qui raccommode les amans brouillés et leur prête sa cellule pour achever la réconciliation, est un de ces personnages qu’on trouve rarement sous la haire, et qui n’a d’hermite que le nom. Il est inutile de condamner un homme à la solitude , pour le rendre à toutes les tracasseries du monde. C’est néanmoins ce qu’a fait l’auteur de l’Hermitage, et voici de quelle manière il a ordonné ses idées :
Arlequin, amant passionné de Colombine, mais soupçonneux comme un amant espagnol, surprend sa maîtresse à la promenade avec Gilles son rival. Les fumées de la jalousie lui montent aussi-tôt au cerveau ; il se croit trahi, abandonné ; il fuit son ingrate ; il s’éloigne des lieux qu’elle habite, et ne sachant où porter ses pas, il arrive à la cabane d’un hermite. L’idée lui vient aussi-tôt de se faire hermite. Il frappe à la porte, un bon Solitaire vient lui ouvrir ; il lui parle de ses amours, de ses douleurs ; il se nomme ; l’Hermile l’embrasse, déclare qu’il aime beaucoup Arlequin, le console, lui persuade que Colombine reviendra à lui, et néanmoins l’affuble d’une vieille robe d’hermite. Peu de tems après Colombine arrive désolée de la fuite de son amant ; l’Hermite prend à elle le même intérêt qu’à Arlequin, l’emmène, en lui promettant de la réconcilier avec son fugitif. Il laisse Arlequin seul dans sa cabane. Un petit paysan vient le consulter pour savoir si c’est le soleil ou la terre qui tournent : question bien intéressante pour un petit paysan. Arlequin se tire d’embarras comme il peut, renvoie le paysan , et se met à écrire à Colombine. Gilles arrive à son tour ; Arlequin le rosse et le chasse. L’Hermite rentre, amenant Colombine déguisée en paysanne. Il la laisse seule avec Arlequin, L'amoureux dolent croit reconnoître sa maîtresse, doute ensuite que ce soit elle, pleure, parle de son amour, quitte son frac, et déclare qu’il aimera éternellement Colombine. La petite amoureuse ne tient pas à tant de constance et de fidélité, et se fait reconnoître. Le complaisant Hermite revient de nouveau, et les marie.
Ce plan n’étoit guères susceptible d’intérêt. Arlequin pleurant sans cesse est un peu ennuyeux ; l’Hermite se mêlant de toutes les querelles d’amour est un peu choquant, la scène d’astronomie un peu déplacée, et celle du raccommodement un peu inconvenante. Le vuide de l’action, la foiblesse des couplets et la langueur du dialogue ont décidé du sort de cette pièce, qui a fait siffler, rire et bâiller. On a néanmoins demandé l’auteur , mais il a sagement gardé l’anonyme.
La Revue philosophique, littéraire et politique, an 1807, IIe trimestre, n° 11 (11 avril 1807), p. 121-122 :
[Une intrigue un peu compliquée pour arriver à peu de choses. Rien n’est satisfaisant, conception, marche, détails.]
Théâtre du Vaudeville.
L'Hermitage, arlequinade. en un acte.
Une boutade jalouse d'Arlequin contre sa maîtresse, qui paraît avoir fait quelques agaceries à Gilles, le détermine à prendre l'habit d'hermite : il arrive dans un hermitage connu, raconte son aventure à son hôte complaisant qui le revêt du capuchon. Sous ce nouveau costume qui le déguise fort bien, il a l'avantage de rosser son rival et de s'expliquer avec Colombine , qui tous les deux viennent à l'hermitage. L'explication lui découvre qu'il a eu tort : il jette le froc aussi légèrement qu'il l'a pris, et finit par épouser sa maîtresse.
Depuis long-tems, je crois, on n'avait vu à ce théâtre un acte plus insignifiant, et dans sa conception, et dans sa marche, et dans ses détails : un Arlequin qui pleure presque toujours, un hermite qui se prête à servir des amours villageois, un Gilles de parade qui se laisse rosser, une Colombine qui se raccommode avec aussi peu de raison qu'elle s'est brouillée, tout cela forme un ensemble assez passablement ennuyeux. L'auteur a lardé le tout de quelques détails épisodiques sur la question de savoir si c'est le soleil ou si c'est la terre qui tourne, et la plaisanterie la plus piquante est celle de Gilles, qui prétend qu'il faut bien que la lune change de place puisqu'elle change de quartier. L'auteur a gardé l'anonyme, L'ouvrage en fera bientôt de même.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome II, p. 430 :
[Le sort de la pièce est vite réglé : entre les Italiens Gilles et Arlequin, et un hermite, « un contraste un peu singulier ». Sinon, tout est insuffisant, la gaîté, l’intrigue, les couplets.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
L’Hermitage, arlequinade larmoyante.
Un arlequin et un Gille avec un hermite faisoient un contraste un peu singulier. Trop peu de gaîté, trop peu d'intrigue, trop peu de couplets saillans, voilà trop de raisons pour avoir peu de succès.
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