L'Héroïne suisse ou Amour et courage

L'Héroïne suisse ou Amour et courage, pantomime militaire en 3 actes de J. G. A. Cuvelier et Hapdé, musique de Navoigille et Baneux, ballets de Richard, 7 prairial an 6 [26 mai 1798].

Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 6 :

L'Héroïne suisse ou Amour et courage, pantomime militaire, en trois actes, à grand spectacle ; Par J. G. A. Cuvelier et Hapdé. Musique arrangée par Navoigille et Bareux ; Ballets du C. Richard ; Décorations du C. Moench, père et fils. Représentée, à Paris sur le Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale, le 7 prairial an 6.

Le nom d'un des musiciens, Bareux, est une erreur pour Ban(n)eux.

Le texte de la pièce est précédé d'un avant-propos qui en résume l'intrigue, morale, patriotique, attendrissante :

AVANT-PROPOS.

Au pied des montagnes qui séparent la Suisse de la France, habite paisiblement un ancien officier invalide. Esther, sa fille, demeure avec lui, et lui prodigue, tous les soins de la tendresse filiale ; mais il cherche en vain dans une agréable retraite, le bonheur et la sécurité. Le grand Bailly, tant par ses actes arbitraires, que par son amour effréné, trouble bientôt les charmes de leur solitude. Esther devient l'objet de sa passion. Dans ce même tems les Français ont déclaré la guerre à quelques cantons Helvétiques, et s'avancent vers les frontières. Déjà Armand, colonel de classeurs, en parcourant les environs, a apperçu Esther, et en est devenu amoureux : son âge, son aimable figure, et son titre d'officier français, tout le favorise auprès d'Esther, dont le cœur n'est point insensible : son père, instruit de son inclination, ne désaprouve pas la douce amitié qui unit les deux amans ; il protége même leur intimité, refuse avec dédain les offres qui lui sont faites par le grand Bailly, pour obtenir la main de sa fille.

Louis-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris, Le Théâtre de la Cité, 1792-1807, p. 162-163 :

[Lecomte, qui travaille visiblement avec la brochure, ouverte sur la page de l'avant-propos, résume longuement une intrigue bien convenue, qui mêle histoire sentimentale et conflit entre Suisses et Français. On y retrouve les situations classiques de la pantomime, comme la prison, l'évasion, et la fin heureuse qui fait une victime, le méchant Bailli, et trois heureux, Esther, son père et son amoureux. La pièce se voit accorder trois qualités, « du mouvement, de l'intérêt et de brillants décors ».]

Au pied des montagnes qui séparent l'Helvétie de la France vivent paisiblement Franker, ancien officier suisse, et sa fille Esther qui lui prodigue tous ses soins. Le Grand-Bailli du lieu trouble leur sécurité en tombant amoureux d'Esther qu'il poursuit de ses galanteries. Dans le même temps les Français, ayant déclaré la guerre à quelques cantons helvétiques, s'avancent vers les frontières. Dans leurs rangs est Armand, colonel de chasseurs que le hasard met en présence d'Esther ; il s'éprend d'elle et est payé de retour. Cela décide Franker à repousser les offres du Grand-Bailli ; ce dernier, furieux, fait enlever Esther, mais Armand la délivre et la rend à son père qui le prend pour gendre. Le mariage va se célébrer quand l'armée française se met en marche. Profitant du départ d'Armand, le Bailli fait arrêter Franker qu'Esther refuse de quitter, de sorte qu'on les met tous deux dans une prison à peine éclairée. Le Bailli va les y insulter, mais un geôlier compatissant introduit Armand vers sa maîtresse. Le Bailli surprend l'entrevue et place ses prisonniers sous la surveillance de deux gardes armés de pistolets ; ces gardes s'enivrent et Esther, s'emparant de leurs armes, fuit avec son père. Pendant ce temps Armand, enfermé dans une haute tourelle, lime les barreaux de sa prison et s'évade pour tomber dans les bras de la belle qui l'attend. Des soldats surviennent et reprennent le jeune homme, qu'ils vont fusiller avec Franker et le geôlier sensible lorsqu'Esther, costumée en soldat suisse, se jette entre les captifs et leurs bourreaux. Les paysans, que son courage émeut, se révoltent et délivrent les trois hommes Le Grand-Bailli a fui dans une forteresse, on l'y attaque et Armand force son rival à se battre. Malgré sa valeur l'amoureux succomberait si Esther ne parait un coup qui le menace et ne tuait ensuite le bailli. Le général français, qui survient, est instruit de ce double exploit, et présente à Esther une couronne qu'elle accepte pour la mettre sur la tête d'Armand. L'amour et le courage ayant triomphé de tous les obstacles, les jeunes gens sont unis à la grande joie de leurs concitoyens.

Du mouvement, de l'intérêt et de brillants décors assurèrent le succès de cette histoire érotico-guerrière.

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