L'Homme de quarante ans, ou le Rôle de comédie, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, de Pain, 19 septembre 1810.
Théâtre du Vaudeville.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mlle Lecouvreur, 1810 :
L'Homme de quarante ans, ou le Rôle de comédie, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles ; Par M. Joseph Pain. Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 19 septembre 1810.
Mercure de France, tome 44, n° CCCCLXXX du samedi 29 septembre 1810, p. 309-310 :
[La pièce, dont la mise à l'étude a été signalée dans le numéro 477 du 8 septembre 1810, p. 114, s'ouvre par une mise en garde : l'intrigue de la pièce est « un peu romanesque », ce que confirme le résumé de l'intrigue qui suit : c'est l'histoire d'un homme qui revient en France après un long exil. Il était parti parce qu'il n'avait pu épouser Laure, qu'il aime. Elle est veuve et manifeste le désir de se marier maintenant avec celui qu'elle a refusé autrefois. Arrivé discrètement au château de Laure, il trouve bien des raisons d'être jaloux, et en particulier il surprend Laure parlant d'amour avec un jeune homme et regrettant le mariage à venir. Mais ce n'est qu'une scène de la pièce qu'on prépare pour célébrer son retour. « Nos lecteurs devinent le reste » (Laure a une sœur, et le jeune homme avec qui elle joue la scène qui fâche tant son amant ferait un fort bel époux pour cette jeune personne). Le critique ne cache pas que la pièce a bien des défauts : invraisemblances, intrigue « faible et prolongé avec trop peu d'art », mais ils sont compensés « par des caractères bien choisis et bien tracés, par le bon ton dont il est écrit, par des couplets ingénieux ». Peu de complets ont été redemandés, mais c'est qu'ils ne sont pas pleins de pointes et de jeux de mots : ils ont été « vivement applaudis ». Les rares sifflets qui ont accompagné le dénouement n'empêchent pas que la pièce, au prix de quelques corrections, devrait rester au répertoire du théâtre du Vaudeville.]
Théâtre du Vaudeville. – L'Homme de Quarante-ans ou le Rôle de Comédie, vaudeville en un acte, de M. Jos. Pain.
Les événemens sur lesquels cet ouvrage est fondé sont un peu romanesques. Germeuil amoureux de Laure, et agréé par ses parens, a cédé généreusement ses droits à Maineval qu'elle préférait ; il est allé porter ses chagrins en Amérique, et est revenu en France après s'être ruiné. Laure, devenue veuve, en est à peine instruite qu'elle l'appelle auprès d'elle en lui offrant sa fortune et sa main : on trouve rarement dans la société tant de générosité et de reconnaissance. Les incidens qui suivent et qui forment l'intrigue de la pièce, sont un peu plus communs. Germeuil sans fortune, est lui-même un peu étonné de se voir aimé, à quarante ans de la même femme qui le rebutait à trente. Il craint que l'offre qu'elle lui a faite ne soit que le sacrifice d'un cœur reconnaissant, et il veut savoir à quoi s'en tenir avant qu'un tel sacrifice se consomme. Au lieu d'arriver au château de Laure par la grande route, il s'y rend: par un chemin détourné, s'introduit dans le parc dont il connaît les issues et s'y procure bientôt un espion dans la personne du jardinier. Quoique Laure aime Germeuil de bonne-foi non d'amour à la vérité, mais de l'amitié la plus tendre, les apparences confirment d'abord tous les soupçons du futur époux. Laure veut célébrer son retour par une petite fête dont le principal ornement doit être une comédie composée par Emile son jeune cousin. Elle en a fait un secret à tout le monde afin de surprendre Germeuil, et l'on conçoit aisément combien la nécessité de s'entretenir souvent, tête-à-tête, avec Emile, fournira de rapports perfides au jardinier, qui croit ne pouvoir pas mieux gagner l'argent que Germeuil lui donne. Un autre personnage contribue encore à alimenter sa jalousie. Juliette jeune sœur de Laure, est sortie tout récemment de sa pension. Comme toutes les petites filles, elle brûle d'être mariée. Son cousin Emile lui plaît fort ; elle craint que sa sœur ne l'épouse, et pour l'en empêcher, elle lutte, de vigilance avec le jardinier et raconte tout à Germeuil. Leurs efforts réunis ont tant de succès qu'enfin celui-ci se décide à épier un rendez-vous donné par Laure à son cousin. Que devient-il lorsqu'il entend l'aimable veuve déplorer l'hymen qui va faire son malheur, Emile lui proposer de s'y soustraire par la fuite et Laure enfin y consentir ! Germeuil ne peut se contenir davantage, il se montre, il fulmine, mais Laure lui dit et lui prouve aisément que la conversation qu'il vient d'entendre n'est qu'une scène de la comédie qu'il verra jouer le lendemain. Nos lecteurs devinent le reste, mais ce qu'il faut leur dire, parce qu'ils ne le devineraient pas, c'est que si cet ouvrage pèche contre la vraisemblance, si l'intrigue en est faible et prolongé avec trop peu d'art, il rachète amplement ces défauts par des caractères bien choisis et bien tracés, par le bon ton dont il est écrit, par des couplets ingénieux. Très-peu ont obtenu les honneurs du bis, trop souvent réservés aux pointes, aux jeux de mots , et même à des amphigouris dignes des Précieuses de Molière, mais presque tous ont été vivement applaudis. En dépit de quelques sifflets qui ont troublé le dénouement de cet ouvrage, vous croyons qu'il suffirait de quelques légères corrections pour le placer honorablement à côté de ceux dont le même auteur a déjà enrichi ce théâtre.
L'opinion du parterre ou Revue de tous les théâtres de Paris, septième année, 1810, p. 311 :
19 Septembre.
Première représentation de l'Homme de quarante ans, ou le Rôle de comédie, vaudeville en un acte, de M. J. Pain. Ouvrage froid, où l'on trouve de l'esprit et de jolis couplets, comme dans tous ceux de M. Pain.
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