L'Hôtellerie de Worms, comédie en un acte de Desaudras, 11 août 1791.
Théâtre Français de la rue de Richelieu.
Mercure universel et correspondance nationale, tome 6, n° 165, du 12 août 1791, p. 191 :
[Le critique prend la précaution de montrer les limites de son travail : on ne peut juger ce type de pièce, « une gaieté patriotique », « à la rigueur » (nous dirions « avec rigueur ». Il s'attache ensuite à résumer la pièce où l'on ne voit que des contre-révolutionnaires menaçant sans cesse la Révolution, jusqu'à ce qu'il faille passer des menaces aux actes : cette armée, « ces terribles ennemis » ne peuvent aligner que 400 soldats commandés par 4000 officiers. Quand les soldats défilent devant leur chef, Mirabeau-tonneau, c'est dans un salon – il pleut –, ils sont mal armés et remplis d'illusions. Et ils se sauvent dès que leur chef leur permet de fuir s'ils ont peur des Français. Leur chef les imite, bien sûr. Deux acteurs sont mis en avant pour leur aptitude à, caricaturer les membres de cette armée de fantaisie.
Mirabeau-Tonneau, André Boniface Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, est le frère d'Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau. C'est un fort mauvais sujet, tout comme son illustre frère. Il émigre en Allemagne à la fin de 1790 et organise un régiment luttant contre les Français. Il meurt en 1792 dans d'obscures circonstances, apoplexie ou coup d'épée reçu au cours d'une altercation.]
Theatre François de la rue de Richelieu.
L'Hôtellerie de Worms, pièce en un acte, jouée hier pour la première fois à ce théâtre, est une gaieté patriotique qu’on ne doit point juger à la rigueur.
Cette hôtellerie rassemble plusieurs officiers français contre-révolutionnaires qui vivent à crédit en attendant leurs fonds. Ces héros de mauvaise mine ne se proposent rien moins que de jetter l’assemblée nationale dans la Seine, les décrets au feu, et les prêtres constitutionnels dans l’autre monde. Mirabeau-tonneau est à leur tête ; un fermier-général arrive fort à propos pour payer leur dépense ; ces terribles ennemis n'ont que 400 soldats, mais ils attendent 4000 officiers pour les commander. Au moins n’ont-ils pas à craindre l’insubordination ! Comme il pleut, Mirabeau-tonneau passe la revue de son armée dans un grand sallon ; ses soldats sont armés d’échalas, ils attendent le roi ; des nouvelles annoncent que le coup est manqué : à ce bruit affreux, l'allarme se répand de rang en rang, l’armée s’ébranle, Mirabeau-tonneau pour les raffermir, déclare que ceux qui craignent les Français peuvent s'en aller ; aussi-tôt tous les soldats s’enfuient. excepté 5 ; et Mirabeau court rallier les fuyards.
M. Michaut a imité, aussi bien qu'il est possible, Mirabeau-tonneau. M. Dugazon a beaucoup fait rire dans le rôle d’un officier gascon qui n’attend, pour s'enfuir, que d’avoir un cheval entre les jambes.
La base César donne le nom de l'auteur, Desaudras et attribue à la pièce trois représentations, les 11, 13 et 14 août 1791, au Théâtre Français de la rue de Richelieu.
Ajouter un commentaire