Le Hulla de Samarcande, ou le divorce tartare, comédie en cinq actes et en vers.
Théâtre de la République, rue de Richelieu.
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Titre :
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Hulla de Samarcande (le), ou le divorce tartare
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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5
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Vers / prose ?
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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30 septembre 1793
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Théâtre :
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Théâtre de la République, rue de Richelieu
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Auteur(s) des paroles :
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 10 (octobre 1793), p. 322-325 :
[Encore un bel exemple de chute, dont la représentation était si bruyante que le critique renonce à porter un jugement sur ce qu’il n’a pas pu entendre. Après avoir fait l’historique des utilisations du hulla sur la scène française, après avoir décrit l’ambiance de la première, il tente de l’expliquer, par l’étrangeté de ce divorce tartare, incompréhensible par un public français, mais aussi par des longueurs nuisibles à l’intérêt qu’on peut prendre à cette pièce. A l’inverse, il souligne que ce n’est pas une pièce sans qualités : « des détails fins & délicats », « des traits comiques qui n'ont pas été sentis, parce que sur la fin on étoit déterminé à n'y plus rien trouver de bon » : le critique pense que la pièce vaut mieux que l’accueil qu’elle a reçu. Elle a par ailleurs été très bien jouée : « rien à désirer du côté du jeu des acteurs », « cinq décorations superbes ». Vu l’argent mis dans cette pièce, il est probable, pour le critique qu’on la revoie, avec des changements, et en particulier des coupures.]
Le Hulla de Sarmacande [sic], ou le divorce tartare, comédie nouvelle, en cinq actes et en vers.
Une loi observée dans plusieurs contrées de l'Asie , porte qu'un mari qui a répudié sa femme, ne peut la reprendre que lorsqu'elle a contracté & consommé un nouveau mariage avec un autre particulier. Pour éluder cette loi, un époux qui, à la suite d'une querelle, a répudié sa femme le matin, & qui s'en repent le soir, engage un homme à passer la nuit avec sa femme, en sorte que, le lendemain matin, il puisse la reprendre. Celui qui lui a rendu ce singulier service, se nomme un Hulla : il y a beaucoup de ces Hulla qui en font un métier ; car on les paie souvent très-généreusement. On trouve dans la bibliotheque des romans, l'histoire merveilleuse d'un voyageur qui retrouva sa propre femme en servant de Huila au barbon qu'elle venoit d'épouser malgré elle. Cette histoire singuliere a fourni déjà des pieces au théatre ; mais ce ne sont, pour la plupart, que des arlequinades : de ce nombre, nous citerons Arlequin Hulla, ou la Femme répudiée, opéra comique en vaudevilles, par Lesage & Dorneval) joué à la foire St. Laurent, en I716 ; Arlequin Hulla, comédie en un acte, en prose, de Dominique & Romagnesi, jouée aux italiens, en 1728 ; & le Hulla, comédie en 3 actes, en vers, d'un anonyme, imprimée, mais non représentée : l'auteur de cette derniere piece a suivi son roman à la lettre ; car, au second acte, le Hulla voit brûler sa femme devant lui : il est obligé lui-même de se jetter dans un précipice affreux ; & au troisieme acte, ces époux se retrouvent, après avoir essuyé une suite de malheurs étranges, mais on ne peut pas plus invraisemblables.
C'est, sans doute, encore ce roman bizarre qui a fourni le sujet du Hulla de Samarcande, ou le Divorce tartare, comédie nouvelle, en vers de dix syllabes, représentée dernié[re]ment au milieu de la défaveur la plus prononcée, sur le théatre de la république. Cet ouvrage n'a pas été écouté : les huées les plus fortes, les sifflets les plus violens l'ont accompagné jusqu'à la fin, sur-tout depuis les trois derniers actes. Les usages asiatiques, les expressions même usitées dans ces climats, n'ont pu trouver grace auprès du public ; & l'on sait que lorsqu'une piece a le malheur de déplaire, tout tourne contr'elle, jusqu'aux scenes de qui l'auteur attendoit le plus. Nous ne nous hasarderons point à porter un jugement précipité sur un ouvrage que nous n'avons pu entendre : une seconde représentation pourra nous mettre plus à portée d'en parler. Nous croyons cependant, avec le public, que des usages qui ne sont pas dans nos mœurs, usages qui blessent les nôtres, étonnent d'abord & finissent par paroître ridicules ; telle est la loi du Divorce tartare, qui autorise un mari à payer un inconnu pour passer la nuit avec sa femme !..... En second lieu, l'action qui fait la base de cette piece, a paru trop prolongée, & dénuée d'intérêt vers la fin. Du reste, il y a des détails fins & délicats dans cette piece : on voit qu'elle est l'ouvrage d'un homme qui sait faire des vers & qui entend très-bien la scene : si son style offre un peu trop d'égalité, il présente aussi des traits comiques qui n'ont pas été sentis, parce que sur la fin on étoit déterminé à n'y plus rien trouver de bon : en un mot, nous sommes bien éloignés de croire que cette comédie mérite l'accueil décourageant qu'elle a reçu. Rien ne manquoit au charme théatral : jouée d'abord par MM. Baptiste, freres, Grandménil, Michaut, & par Mlles, Candeille, Desprez, Dumont, cette piece ne laissoit rien à désirer du côté du jeu des acteurs : en second lieu, cinq décorations superbes étoient faites pour fixer agréablement les yeux. On sait que ce théatre a poussé à la perfection la recherche des costumes & des accessoires : cette perfection de détails s'est fait remarquer sur-tout dans le repas du quatrieme acte, où toutes les localités asiatiques sont observées avec le plus grand soin. Les dépenses excessives qu'a nécessitées cette piece, engageront, sans doute, les artistes de ce spectacle, à y faire des changemens pour l'offrir de nouveau au public : avec des coupures, il est possible d'en faire un ouvrage très-agréable.
César : comédie en 5 actes, d'auteur inconnu. Trois représentations : les 30 septembre, 2 et 5 octobre 1793.
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