Les Heureux mensonges, ou la Curiosité excusable, comédie en un acte et en prose, de mademoiselle Vanhove cadette, 16 novembre 1813.
Théâtre de l’Impératrice.
Date de première empruntée au Journal de Paris du 16 novembre 1813.
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Titre :
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Heureux mensonges (les), ou la Curiosité excusable
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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16 novembre 1813
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Théâtre :
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Théâtre de l’Impératrice
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Auteur(s) des paroles :
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mademoiselle Vanhove cadette
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Germain, chez Barba, chez Imbert fils, 1813 :
Les Heureux Mensonges, ou la Curiosité excusable, comédie en un acte et en prose ; par mademoiselle Vanhove cadette. Représentée sur le Théâtre de S. M. l’Impératrice, le 19 Novembre 1813.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
DELVAL jeune, premier rôle. M. THÉNARD.
JULIEN, jardinier. M. CHAZEL.
Madame de VERNEUIL, jeune veuve. Mademoiselle DÉLIA.
ADÈLE, sa fille. Mademoiselle FLEURY.
MARTHE, femme de chambre. Mme DELATRE.
DÉCORATION.
Salon ouvert, donnant sur le jardin.
La pièce est annoncée dans le Journal de Paris du 7 novembre 1813 (n° 311, p. 4) :
On annonce pour jeudi prochain, à l'Odéon, une comédie en un acte et en prose, intitulée : les Heureux Mensonges, ou la Curiosité excusable. On ne sera pas surpris d'apprendre, d'après ces titres, que l'auteur est une dame. Cette dame est, dit-on, la sœur d'un acteur du Théâtre-Français.
La première a eu lieu le 16 novembre.
Compte rendu dans le numéro du 17 novembre :
[Le lecture de ce compte rendu, puis des comptes rendus des revues ci-dessous donne une idée intéressante des méthodes de la presse du temps : le mot plagiat peut venir à l'esprit !]
ODÉON. – THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.
Première représentation des Heureux Mensonges, comédie en un acte et en prose.
Adèle de Verneuil, dès l'instant de sa naissance, a été destinée à Delval, qui avait alors quinze ans. Quinze autres années se sont écoulées, et Delval, de retour de ses voyages, arrive pour épouser Adèle ; mais l'amour qui s'amuse à renverser les desseins les mieux concertés, va contrarier les plus sages résolutions, l'amour lui inspire la plus vive passion pour Mme de Verneuil, qui ne compte que six lustres, et que sa fraicheur et sa beauté feraient prendre plutôt pour la sœur aînée que pour la mère d'Adèle. Mme de Verneuil partage la tendresse que ses yeux ont fait naître. Mais ces deux amans se cachent mutuellement le sentiment qu'ils éprouvent et sont résolus à se sacrifier au bonheur de la jeune Adèle, qu'on croit éprise de son prétendu.
Marthe, soubrette très-fine et très-curieuse a deviné le mystère, et entreprend de faire le bonheur de Delval et de Mme de Verneuil, son penchant naturel à la curiosité acquiert un nouveau degré d'activité, et le hasard semble prendre plaisir à seconder son projet. Le jardinier, qui ne sait pas lire, a trouvé un papier ; il le communique à Marthe dont il est amoureux; la rusée pour s'en emparer improvise un mensonge « C'est, dit-elle à son rustique amant, une lettre d'une de mes parentes. » Cette prétendue lettre est une romance que Delval a composée pour Mme de Verneuil, et qui finit par ces deux vers :
On voit souvent le papillon
Au bouton préférer la rose.
Aucun doute que M. Delval ne soit le papillon, Mlle Adèle le bouton, et Mme de Verneuil la rose.
Elle s'empresse de montrer la romance à sa jeune maîtresse, qui trop jeune pour connaître l'amour, n'a que de l'amitié pour son futur ; Adèle n'hésite pas à céder Delval à sa mère : on se concerte pour amener une explication avec Mme de Verneuil qui, par tendresse pour sa fille, s'obstine à ne point avouer ce qui se passe dans son ame. Adele chante le refrein de la romance et supplie sa mère de prendre Delval pour époux ; Mme de Verneuil hésite parce qu'elle le doit, cède parce qu'elle en meurt d'envie, et Marthe prouve que sa curiosité, pour laquelle on l'avait grondée, est excusable par le motif et par le succès.
Cette comédie portait d'abord pour second titre : la Curiosité excusable. Le public a cherché à connaître l'auteur ; on a su que c'était une dame, et l'on a voulu voir sa pièce. Voilà donc ce titre, quoique supprimé, doublement justifié, et les curieux n'ont point eu lieu de se repentir. La pièce n'offre, il est vrai, ni caractères vigoureux, ni situations fortes; mais il y a de l'esprit et de la grâce, et c'est beaucoup. Le succès justifie tout, même le mensonge ; et les dames savent très-bien qu'un mensonge heureux est un mensonge innocent. Je n'en commets point en disant que la pièce a réussi et qu'elle le méritait. L'auteur, nommé au milieu des applaudissemens, est Mme Vanhove. Ce nom est connu au théâtre sous un autre rapport.
Cette petite comédie a été fort bien jouée par Mlles Delia, Fleury et Delâtre, et MM. Chazel et Thénard. Mlle Delâtre surtout que j'ai déjà eu occasion de louer, possède la plus précieuse qualité d'une comédienne, le naturel. Sa physionomie est gaie et spirituelle, et elle paraît pleine d'intelligence. Si le travail, bien dirigé, perfectionne les dons que cette jeune actrice a reçus de la nature, elle deviendra un sujet très-intéressant.
A. Martainville.
Représentations signalées les 18, 21 et 25 novembre, les 2, 9, 24 et 28 décembre 1813, 14 janvier, 7 février, 3 mars, 9 mai, 16 juin 1814. Liste dont l'exhaustivité n'est pas garantie.
Mercure de France, journal littéraire et politique, tome cinquante septième (1813), n° 645 (samedi 27 novembre 1813), p. 415-416 :
[Outre le jugement positif porté sur la pièce, on note avec intérêt que le critique prend position sur la question de la place des femmes dans la littérature, pour dire « combien on a eu tort de vouloir leur fermer l'entrée de la république des lettres ».]
Théâtre de l'Impératrice. — Première représentation des Heureux mensonges, ou la Curiosité excusable, comédie en un acte et en prose de Mlle Vanhove.
Delval, de retour de ses longs voyages, revient pour épouser Adèle de Verneuil, âgée de quinze ans, qui lui a été destinée dès sa naissance ; mais au lieu d'en devenir amoureux, il conçoit la plus vive passion pour la mère de sa future, qui ne compte que six lustres, et à laquelle il a inspiré les mêmes sentimens. Comme on suppose Adèle éprise de son prétendu, les deux amans se cachent réciproquement leur tendresse ; mais Marthe, soubrette fine et curieuse, a pénétré le mystère, et entreprend de les rendre heureux. Elle se voit confirmée dans ses soupçons par une romance que Delval a composée pour Mme de Verneuil, et qui tombe entre ses mains ; dans cette romance se trouvent ces deux vers :
On voit souvent le papillon
Au bouton préférer la rose.
Marthe montre la romance à Adèle, qui trop jeune pour connaître l'amour, forme aussitôt le projet de céder Delval à sa mère. Elle cherche à le dégoûter en affectant beaucoup de légèreté, de coquetterie et de goût pour la dépense ; delà le premier titre de la pièce. Delval et Mme de Verneuil s'expliquent, et celle-ci, après avoir long-tems hésité, vaincue par les sollicitations mêmes de sa fille, consent à épouser celui qui devait être son gendre. La curiosité de Marthe est excusée en faveur de son motif et de son succès : delà le second titre.
Cette petite pièce offre des grâces, de la délicatesse et de l'esprit ; le rôle de la jeune Adèle est sur-tout fort agréable. On trouve du naturel et de la gaîté dans celui d’un jardinier amoureux de Marthe, dont la soubrette rusée se sert pour s'emparer de la romance. Mlle Fleury est charmante dans Adèle; Mlle Delattre a joué Marthe avec vivacité et intelligence ; Chazel mérite beaucoup d'éloges dans le jardinier ; cet acteur, plein de naturel et de vérité, ne serait point déplacé sur notre premier théàtre. Thénard et Mlle Délia ont joué avec expression et sentiment.
A la fin de la pièce, le public a vivement applaudi et demandé l'auteur ; on a nommé Mlle Vanhove. Cet heureux début promet beaucoup. Dans l'espace d'une année, voilà trois productions agréables dont notre théâtre est redevable à des femmes. Faites pour réussir dans tout ce qui tient à la délicatesse, aux grâces et au sentiment, elles finiront par prouver aux esprits les plus prévenus combien on a eu tort de vouloir leur fermer l'entrée de la république des lettres.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome VI, p. 413-415 :
[Un compte rendu qui ne prend nullement position : simple analyse, le nom de l’auteur, c’est tout.]
ODÉON. THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.
Les heureux Mensonges, comédie en un acte et en prose, jouée le 16 novembre,
Adèle, de Verneuil, dès l'instant de sa naissance, a été destinée à Delval, qui avoit alors quinze ans. Quinze autres années se sont écoulées, et Delval, de retour de ses voyages, arrive pour épouser Adèle ; mais il ressent une vive passion pour Madame de Verneuil, qui ne compte que six lustres, et que sa fraîcheur et sa beauté feroient prendre plutôt pour la sœur aînée que pour la mère d'Adèle. Madame de Verneuil partage la tendresse qu'elle a fait naître. Mais ces deux amans se cachent mutuellement le sentiment qu'ils éprouvent, et sont résolus à se sacrifier au bonheur de la jeune Adèle, qu'on croit éprise de son
prétendu.
Marthe, soubrette fine et curieuse, a deviné le mystère, et entreprend de faire le bonheur de Delval et de Madame de Verneuil ; le hasard seconde son projet. Le jardinier qui ne sait pas lire, a trouvé un papier ; il le communique à Marthe dont il est amoureux ; la rusée, pour s'en emparer, improvise un mensonge. « C'est, dit-elle à son amant, une lettre d'une de mes parentes. » Cette prétendue lettre est une romance que Delval a composée pour Madame de Verneuil, et qui finit par ces deux vers :
On voit souvent le papillon
Au bouton préférer la rose.
Aucun doute que M. Delval ne soit le papillon, Mademoiselle Adèle le bouton, et Madame de Verneuil la rose.
Elle s'empresse de montrer la romance à sa jeune maîtresse, qui, trop jeune pour connoître l'amour, n'a que de l'amitié pour son futur ; Adèle n'hésite pas à céder Delval à sa mère: on se concerte pour amener une explication avec Madame de Verneuil qui, par tendresse pour sa fille, s'obstine à ne point avouer ce qui se passe dans son ame. Adèle chante le refrain de la romance, et supplie sa mère de prendre Delval pour époux ; Madame de Verneuil hésite, parce qu'elle le doit; cède, parce qu'elle en meurt d'envie, et Marthe prouve que sa curiosité, pour laquelle on l'avoit grondée, est excusable par le motif et par le .succès.
L'auteur de cette comédie est Madame Vanhove.
Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1814, VIIIe année (1814), p. 104-106 :
[Résumé de l'intrigue, jugement équilibré : pièce un peu fade (« ni caractères vigoureux, ni situations fortes », mais « de l'esprit et de la grâce » : la pièce a réussi...]
LES HEUREUX MENSONGES, comédie en un acte, en prose, par M. Vanhove. (16 novembre.)
Adèle de Verneuil, dès l'instant de sa naissance, a été destinée à Delval, qui avait alors quinze ans. Quinze autres années se sont écoulées, et Delval, de retour dc ses voyages, arrive pour épouser Adèle ; mais l'amour qui s'amuse à renverser les desseins les mieux concertés, à contrarier les plus sages résolutions, l'amour lui inspire la plus vive passion pour Mad. de Verneuil, qui ne compte que six lustres, et que sa fraîcheur et sa beauté feraient prendre plutôt pour la sœur aînée que pour la mère d'Adèle. Mad. de Verneuil partage la tendresse que ses yeux ont fait naitre. Mais ces deux amans se cachent mutuellement le sentiment qu'ils éprouvent et sont résolus à se sacrifier au bonheur de la jeune Adèle, qu'on croit éprise de son prétendu. Marthe, soubrette très-fine et très-curieuse, a deviné le mystère et entreprend de faire le bonheur de Delval et de Mad. de Verneuil ; son penchant naturel à la curiosité acquiert un nouveau degré d'activité, et le hasard semble prendre plaisir a seconder son projet. Le jardinier, qui ne sait pas lire, a trouvé un papier ; il le communique à Marthe dont il est amoureux, la rusée pour s'en emparer, improvise un mensonge. « C'est, dit-elle à son rustique amant, une lettre d'une de mes parentes. » Cette prétendue lettre est une romance que Delval a composée pour Mad. de Verneuil, elle s'empresse de montrer la romance à sa jeune maîtresse, qui, trop jeune pour connaître l'amour, n'a que de l'amitié pour son futur ; Adèle n'hésite pas à céder Delval à sa mère : on se concerte pour amener une explication avec Mad. de Verneuil qui, par tendresse pour sa fille, s'obstine à ne point avouer ce qui se passe dans son ame. Adèle chante le refrain de la romauce et supplie sa mère de prendre Delval pour époux ; Mad. de Verneuil hésite parce qu'elle le doit, cède parce qu'elle en meurt d'envie, et Marthe prouve que sa curiosité, pour laquelle on l'avait grondée, est excusable par le motif et par le succès,
Cette pièce n'offre ni caractères vigoureux, ni situations fortes ; mais il y a de l'esprit et de la grâce, et c'est beaucoup. Le succès justifie tout, même le mensonge, nous n'en commettons point en disant que la pièce a réussi.
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