Les Hommes et les femmes

Les Hommes et les femmes, comédie anacréontique à grand spectacle, en trois actes, de J.-G.A. Cuvelier, musique arrangée par Quinnebaud, 28 messidor an 10 [7 juillet 1802].

Théâtre des Jeunes Artistes.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an X. (1802)

Les Hommes et les femmes, comédie anacréontique, mêlée de chants, danses, jeux guerriers et évolutions, en trois actes, et à grand spectacle. Paroles de J.-G.A. Cuvelier, Associé correspondant de la Société Philotechnique. Musique arrangée par Quinnebaud.

Courrier des spectacles, n° 1960 du 29 messidor an 10 [18 juillet 1802], p. 2-3 :

[L'article commence par une sorte d'éloge de Cuvelier, « le plus fécond en pantomimes, mélodrames, etc. », qui sait tirer partie de tout ce qu'un spectacle peut comporter pour réussir  « il aura recours à la magie du spectacle, au brillant des décorations, au fracas des combats ou enfin au surnaturel ». Dans cette pièce, c'est à la mythologie qu'il fait appel. Elle se réroule dans une île des femmes, d'où les hommes sont exclus. L'intrigue repose sur une histoire d'amour entre le fils de la reine, qu'elle avait fait exposer sur le fleuve, mais qu'une femme a sauvé; et une fille. On assiste à la suite naturelle des événements dans ce genre de pièce :mise en prison du jeune homme, évasion facilitée par celle qui l'a élevé, combat où il triomphe de sa mère, et il peut épouser celle qu'il aime. Le principal défaut de la pièce, aux yeux du critique, est l'incohérence des costumes : les principaux personnages portent « le costume chevaleresque du quinzième siècle », alors que tout indique que l'on est dans une époque bien plus reculée. On peut aussi regretter un style « pas toujours correct ». Les actrices sont bien joué, et « en général cette pièce a été bien rendue et montée avec soin ».]

Théâtre des Jeunes Artistes.

Première représentation des Hommes et des femmes.

L’auteur de la Fille Hussard, le citoyen Cuvelier, est aujourd’hui sans contredit le plus fécond en pantomimes, mélodrames, etc. Est-il le plus heureux ? le public et les journaux ont été quelque fois pour la négative, mais la caisse souvent leur prouvoit qu’ils avoient tort ; pourquoi cela ? c’est que le cit. Cuvelier connoit à fond tous ces ressorts dont le jeu dans les mélodrames éblouit, frappe ou séduit la multitude. A défaut d’intérêt, il aura recours à la magie du spectacle, au brillant des décorations, au fracas des combats ou enfin au surnaturel. Ce dernier moyen a été souvent employé, et il paroissoit usé ; les Fées et les Génies vieillissent ; le cit. Cuvelier vient de le rajeunir par le secours de la Mythologie, et il l’a fait avec un certain succès. Ce n’est pas qu’il n’y ait beaucoup à dire sur la manière dont il a traité son sujet, mais à un petit spectacle doit-on voir les choses d’un œil aussi sévère qu’à un grand théâtre.

La scène se passe dans une isle où depuis seize ans les femmes se sont emparées de l’autorité, après avoir expulsé tous les hommes. Phidoé fils d’Azambo et de la reine, exposé alors sur un fleuve dans son berceau, a été sauvé par Lysisca et élevé parmi les femmes sous les habits du fille. Amant secret de la jeune Amaïla, il passe pour muet, dans la crainte de trahir son sexe par la plus légère imprudence. Azambo et son écuyer Ralef, époux de Lysisca, sont jettés par la tempête dans l’isle où ils reviennent pour faire valoir leurs droits. La reine en est instruite, elle les fait chercher ; mais l’Amour veille sur eux et leur indique des. retraites tantôt dans le sanctuaire même de Diane, tantôt sous la statue de Némésis, les seules divinités adorées par ces femmes insulaires. Mais l’Amour lui-même voit échouer sa puissance en présence de Némésis ; il est enchaîné, ses protégés sont découverts et jettés dans un cachot.

Lysisca facilite leur évasion en faisant enchaîner à leur place la vieille Gorgoraï, leur plus cruelle ennemie. Azamho et Ralef ont retrouvé des compagnons de leur naufrage, ils attendent les femmes qui viennent les attaquer. Mais la Reine est la première désarmée à la vue de Phidoë qui est son fils. Vénus et l’Amour font le reste ; ils unissent Phidoë à la belle Amaïla.

Tel est en substance le fonds de ce mélodrame. Nous demanderons pourquoi Azambo, Phidoë et Ralef ont le costume chevaleresque du quinzième siècle, tandis que celui femmes, et sur-tout le culte des Divinités de l’isle semble reculer l’action à un tems bien plus éloigné. Le style n’est pas toujours correct. Mlles. Laurenzetti et Fabre ont joué avec beaucoup d'intelligence les rôles d’Amaïia et de Lysisca. En général cette pièce est bien rendue et montée avec soin.

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