Ima, ou les Deux mondes

Ima, ou les Deux mondes, mélodrame allégorique en trois actes, à spectacle, paroles et pantomime de Cammaille St-Aubin, musique arrangée par Dreuilh, ballets de Ledet, 5 brumaire an 11 [27 octobre 1802].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, se vend au Théâtre de la Gaîté, an 11 [1802] :

Ima, ou les Deux mondes, mélodrame allégorique, en trois actes, à spectacle, Orné de chants, Danse et Pantomime. Paroles et Pantomime de M. Cammaille St.-Aubin. Ballets de M. Leget ; Musique arrangée par M. Dreuilh. Représentée, sur le théâtre de la Gaîté, le 5 brumaire an 11.

Courrier des spectacles, n° 2061 du 6 brumaire an 11 [28 octobre 1802], p. 2 :

[La pièce prend son sujet dans Atala, malgré la difficulté qu'un tel sujet comporte. C'est la deuxième pièce qui exploite le sujet. Elle a connu « un succès assez brillant », bien qu'il présente peu d'intérêt. Mais il a à son crédit « la beauté des décorations, la richesse des costumes, l’agrément des ballets », l'administration n'ayant rien épargné dans tous ces domaines. Suit « une légère analyse ». Une hisoire d'amour unit deux enfants de sauvages, mais dont l'un a été « élevé dans le culte des Européens », tandis que son amante appartient à une tribu de sauvages. On assiste à divers combats dont les amants se sortent. Mais Ima refuse d'épouser Odaïs qui appartient à la tribu qui a tué sa mère. Pour qu'elle accepte de l'épouser, il faut que la Vérité descende du ciel pour la convaincre : la pièce s'achève sur le mariage des amants. Le jugement porté sur la pièce commence par en constater l'irrégularité, mais aussi par noter le respect d'« une douce morale » : la pièce est édifiante. Si c'est bien uen pièce à spectacle, elle ne le doit pas à du bruit, des comabts, de la mise au cachot, moyens habituels des mélodrames. Ce sont les ballets qui « sont la partie la plus soignée », et le critique cite de façon élogieuse leurs interprètes. Les acteurs de la pantomime sont également félicités pour l'ensemble avec lequel ils ont joué, avant d'émettre une réserve concernant une des actrices, « mieux placée dans la comédie ». L'auteur et le compositeur ont été nommés. Mais l'article s'achève par un conseil destiné à la direction du théâtre : il faudrait monter des pièces présentant plus d'intérêt.]

Théâtre de la Gaîté.

Le roman d'Atala, après avoir fait la réputation de son auteur, après avoir été parodié sans succès, a fourni à divers auteurs une ample matière où ils pussent s’exercer. Mais qu’il étoit difficile de traiter ce sujet ! Il a déjà été mis en scène au théâtre des Jeunes-Artistes, sous le titre du Vœu de Virginité. Hier il a été présenté au théâtre de la Gaîté sous celui d'Ima, ou les Deux Mondes, et a obtenu un succès assez brillant. Ce n’est pas qu’il soit par lui-même bien intéressant, mais la beauté des décorations, la richesse des costumes, l’agrément des ballets, ont concouru à la réussite de l’ouvrage, pour lequel l’administration n’a rien épargné. En voici une légère analyse :

Odaïs, jeune sauvage, élevé dans le culte des Européens, aime Ima, fille de Sirgan, chef d’une peuplade de sauvages. Surpris et arrêté par celui-ci, Odaïs se voit enchaîné et condamné à périr, lorsque son amante le délivre, et malgré le ressentiment qu’elle conserve contre les Sauvages qui ont massacré sa mère, malgré la promesse qu’elle a faite de ne jamais être l’épouse de l’un d’eux, elle suit Odaïs dans le désert. Là elle est reçue avec son amant par un vénérable vieillard nommé Ammon, chef du canton, et l’oracle de la peuplade.

Ce dernier les protège et veut les unir, mais le ciel semble conjuré contre cet hymen. Ima, tremblante, se rappelle la fin terrible de sa mère et repousse loin d’elle son cher Odaïs. Sirgan, qui a suivi leurs traces, fait demander un entretien avec Ammon. Il doit se rendre seul à une heure indiquée, à un rendez-vous peu éloigné de sa demeure ; mais à peine l’heure du rendez-vous est-elle sonnée, que Sirgan survient et surprend Ammon avec Odaïs et Ima. Furieux il veut les punir, lorsque la Vérité descend du ciel, dégage Ima du vœu qu’elle a fait d’ètre fidèle à la haine de sa mère, et unit le jeune Sauvage à son amante.

On auroit tort de chercher dans cette pièce les règles de l’art ; elles n’y sont point suivies, mais il y règne une morale douce, qui ne peut que contribuer à rappeler au peuples [sic] les idées consolantes de la religion.

Il n’y a point de bruit, point de combats, point de cachots, mais néanmoins les amateurs de pièces à spectacle pourront s’y plaire.

Les ballets sur-tout sont la partie la mieux soignée.

Le citoyen Léger et mademoiselle Gérard ont réuni tous les suffrages dans la danse. On desireroit cependant que le premier eût plus d’aplomb.

Les rôles ont été rendus avec beaucoup d’ensemble par les cit. St-Aubin, Cazot et par mad. Bellavoine. Celle-ci néanmoins nous paroît mieux placée dans la comédie, et nous avons été surpris de ne point voir Mlle Julie Pariset dans cette pantomime.

L’auteur a été vivement demandé ; on est venu nommer pour la pièce le cit. St-Aubin, et pour la musique le cit. Dreuil.

Malgré le succès de ce mélodrame, nous conseillons à 1'administration d’en monter au plûtôt [sic] un dont le sujet comporte plus d’intérêt.

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