Isabelle de Portugal, ou l’Héritage

Isabelle de Portugal, ou l’Héritage, comédie historique en un acte et en prose, d'Étienne et Gaugiran-Nanteuil, 7 frimaire an 13 [28 novembre 1804].

Théâtre de l’Impératrice.

Titre :

Isabelle de Portugal, ou l’Héritage

Genre

comédie historique

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose

Musique :

non

Date de création :

7 frimaire an 13 (28 novembre 1804)

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Étienne et Gaugiran-Nanteuil

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mme. Masson, an XIII (1804) :

Isabelle de Portugal, ou l’Héritage, comédie historique en un acte, en prose, Dédiée à Sa majesté l’Impératrice, Par MM. Etienne et Gaugiran-Nanteuil, Et représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de l’Impéartrice, le 27 novembre 1804, par les Comédiens ordinaires de sa Majesté.

La dédicace est courte. Elle nie la valeur historique de la pièce, mais souligne combien le trait de bienfaisance de l'impératrice espagnole rappelle la générosité de la nouvelle impératrice.

A Sa majesté l’Impératrice.

Madame,

On chercherait en vain le sujet de notre Pièce dans l'Histoire d'Espagne, mais les traits de bienfaisance que nous avons attribués à l'Impératrice ISABELLE, nous les avons trouvés dans la vie de Votre Majesté.

Cette considération nous enhardit à vous dédier notre Ouvrage ; puissiez-vous l'accueillir avec bonté, et recevoir l'hommage du profond respect avec lequel nous avons l'honneur d'être,

De Votre Majesté,

Les très-humbles et très-obéissans Serviteurs,

C. G. Etienne, G. Nanteuil.

Courrier des spectacles, n° 2834 du 8 frimaire an 13 (29 novembre 1804), p. 2 :

Isabelle de Portugal, petite pièce en un acte, qu’on a jouée hier au théâtre de l’Impératrice, y a été accueillie avec faveur ; c’est un fonds très mince que les auteurs ont orné de beaucoup d’heureuses allusions. Nous devons cet ouvrage aux talents de messieurs Etienne et Nanteuil.

Courrier des spectacles, n° 2835 du 9 frimaire an 13 (30 novembre 1804), p. 2 :

On a remarqué deux ou trois anachronismes dans Isabelle de Portugal. On s’y partage des montres et des tabatières. Les auteurs doivent savoir que la première montre fut présentée à la cour d’Espagne vers le milieu du XVle. siècle, comme une chose merveilleuse et inconnue ; que le tabac ne fut apporté en Europe, par Nicot, qu’en 1559, et qu’en conséquence on ne pouvoit avoir de tabatières sous le règne de Charles-Quint, qui abdiqua en 1555.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome IV, nivôse an XIII [décembre 1804]p. 281-284 :

[La pièce est une bluette vite écrite et jouée devant une « assemblée […] peu nombreuse » qui a apprécié la pièce, malgré des traits « d’un comique trop bas ». L’action est en Espagne, et le résumé de l’intrigue raconte une affaire de famille dans laquelle on ne voit pas paraître Isabelle de Portugal. Celle-ci n’intervient que pour dénouer l’intrigue en rendant possible le mariage de Louise que ses frères voulaient spolier. Mais la pièce est simplement un moyen de faire l’éloge de l’impératrice à travers des couplets à sa gloire. « Les allusions, qui étaient directes, ont été fort applaudies »,e t les auteurs ont été nommés. L’interprétation est valorisée, en particulier Mlle Adeline, qui vaut presque Mlle Mars...]

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Isabelle de Portugal, ou l'Héritage, comédie en un acte et en prose, de MM. Etienne et Nanteuil.

Cette bluette de circonstance, produite, à ce qu'il paraît, avec rapidité, n'a pas été, et ne devait pas être jugée avec rigueur. On ne lui a point appliqué la sévère maxime du Misanthrope, qui veut que le temps ne fasse rien à l'affaire. Elle a réussi. L'assemblée était peu nombreuse. Sa décision a été calme et à-peu-près unanime. Quelques traits ont paru d'un comique trop bas, même pour la petite maison de Thalie, et de nature à être revendiqués par une vraie guinguette : entr'autres, celui où un poëte dit qu'il a trouvé, et compte trouver encore d'excellens vers dans sa tabatière.

Un père de famille vient de mourir en Espagne. Il laisse pour tout héritage une maison à partager entre trois fils et sa fille Louise. Celle-ci a un amoureux qu'elle court risque de ne point épouser, parce que les parens du jeune hoinme exigeraient qu'elle possédât la valeur de toute la maison, dont le quart seulement lui appartient. Un des fils est poëte ; le second négociant ; le troisième militaire. Ces deux derniers étaient partis avec de vastes projets. Le négociant comptait établir des manufactures pour habiller toutes les Espagnes. Il revient ayant à peine un habit. Le militaire avait conçu des plans magnifiques, il voulait réformer l'armée, et lui-même est réformé. Le poète leur raconte la lugubre histoire des derniers momens de leur père, et s'attendrit en songeant avec quel plaisir il paraissait écouter ses vers. Il était si bon, dit l'un des frères ! Si indulgent, dit l'autre ! Si patient, s'écrie la sœur !

Chacun des frères veut persuader aux deux autres de lui laisser disposer de tout le prix de la maison, quand ils l'auront vendue. Ils comptent la sœur pour rien. Le négociant a une spéculation qui les enrichira tous ; le militaire, avec cet argent, ne tardera pas à s'élever au grade de général, et alors la fortune de la famille est faite. Le poète a un moyen de succès plus prompt et plus sûr. C'est l'impression d'un poëme épique en vingt deux chants, qu'il vient d'achever. Le négociant observe, « qu'il n'a pas besoin de tant d'argent pour imprimer un petit livre. – Vous ne pensez donc pas, répond le » poète, au prix des éloges du journaliste ? – Vous ne demandez que justice, repart l'officier – D'accord, mais elle est si chère. » Louise convient que tout renchérit.

Isabelle de Portugal, l'épouse de Charles-Quint, s'égare à la chasse, et se trouve dans le canton où la scène est placée. Elle parle en particulier aux quatre héritiers, qui ne la connaissent pas, achète de chacun d'eux la totalité de la maison, et leur en remet le prix. Par ce moyen le mariage de Louise n'éprouve plus d'obstacle, et la pièce finit par un divertissement et des couplets en l'honneur de l'impératrice. Les allusions, qui étaient directes, ont été fort applaudies : les auteurs ont été demandés et nommés. Mademoiselle Adeline, qui joue à ce théâtre les mêmes rôles que mademoiselle Mars aux Français, a presque autant de succès. Elle a parfaitement rendu celui de Louise. La pièce a d'ailleurs été très - bien jouée par Vigny, Picard et Clausel.

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