L’Intérieur de la comédie, comédie en trois actes et en vers, d'André de Murville, 24 juillet 1810.
Odéon. Théâtre de l’Impératrice.
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Titre :
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Intérieur de la Comédie (l’)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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24 juilllet 1810
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Théâtre :
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Odéon, Théâtre de l’Impératrice
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Auteur(s) des paroles :
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André de Murville
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L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1810, tome VIII (août 1810), p. 279-283 :
[Compte rendu au début inhabituel : il s’ouvre par le nom de l’auteur, suivi d’une remise en cause de l'intérêt du sujet : l’intérieur de la comédie (française, s’entend) n’a pas de secret, Scarron a tout dit... Le critique enchaîne sur un couplet plein de nostalgie : la pièce ramène le spectateur au bon vieux temps, celui où Le Kain et ses contemporains jouaient si bien Iphigénie en Aulide. Sur ce terreau fertile, souvenir ou invention, le critique nous laisse choisir, l’auteur introduit une histoire de pièce écrite sur la vie de la troupe et une histoire sentimentale, « pas plus nécessaire, au dénouement, que probablement cela n'est historique ». La critique ne s’arrête pas là : la pièce est certes bien versifiée, le ton est décent (quel souci des chastes oreilles !), délicat et spirituel, mais c’est la frustration qui l’emporte : des scènes trop peu développées, qui ne montrent pas assez la réalité de la vie de la troupe. Et le critique multiplie les exemples de ce qui manque à ses yeux dans la pièce, pour conclure « que dans la pièce il est trop question de Desmahis et de son amour, pas assez de la peinture des mœurs et du caractère des grands comédiens, qu'on eût désiré voir plus longtemps dans leur déshabillé », mais aussi que la pièce aurait eu plus de portée en étant jouée à la Comédie Française, où l’interprétation aurait été de bien meilleure qualité (il n’est pas tendre avec les acteurs du Théâtre de l’Impératrice, où on aurait mieux respecté les costumes du temps. L’acteur n’a pas paru, il a été nommé, « ce qui seul est convenable » et applaudi, « ce qui était juste » : finalement, la pièce n’est pas sans valeur !]
L'intérieur de la Comédie.
L'auteur est M. André de Murville ; auteur d'Abdélazis et Zuléima, tragédie reprise dernièrement avec succès à la comédie française. Malheureusement l'intérieur de la comédie est comme le secret de la comédie ; tout le monde le connaît, Scarron l'a donné dans ses burlesques peintures ; si les formes se sont de beaucoup embellies, le fonds est resté le même, et le sera toujours.
Pour nous peindre l'intérieur de la comédie, l'auteur nous reporte à son plus beau temps, celui où l'on pouvait voir dans Iphigénie en Aulide, par exemple, Le Kain, Sarrazin, La Noue, Dumesnil, Clairon et Gaussin ; où Grandval transmettait à Bellecourt la tradition de la noblesse et de la grace de Dufresne ; où Dangeville méritait le titre d'inimitable ; où Armand et Poisson attendaient dans Préville le successeur qui devait les faire oublier. L'auteur se rappelle, ou il imagine que Desmahis avait fait une pièce où les comédiens devaient se jouer eux-mêmes, et c'est sur la représentation de cette pièce qu'il a bâti sa fable.
Sur le titre seul, les comédiens ne veulent point l'entendre ; Mlle. Guéan, maîtresse de Desmahis, ne veut pas qu'il se compromette en la lisant ; mais Armand veut qu'on fasse de l'argent à la porte ; il veut une nouveauté piquante ; et pendant que la moitié de la troupe la refuse, il l'a fait apprendre en secret à l'autre moitié. Par ordre du maréchal de Richelieu dont Armand était filleul, la pièce est par impromptu substituée à. Zaire, sous prétexte d'une indisposition de Sarrazin ; elle réussit ; Desmahis triomphe, et épouse sa maitresse ; ce qui n'était pas plus nécessaire, au dénouement, que probablement cela n'est historique.
L'ouvrage a réussi ; la versification en est élégante et facile, le ton décent, délicat et spirituel, mais les scènes manquent en général de développemens. On eût désiré voir plus en action, par exemple, l'inimitié jalouse qui régnait entre Le Kain et Clairon : les airs de reines de celle-ci eussent contrasté d'une manière piquante avec les habitudes roturières du tragédien qui n'était héros que sur la soène et dans le cabinet, où il se livrait à l'étude ; on regrette que Dangeville dise à peine quelques mots, que la bonne Dumesnil ne paraisse pas, ne fût-ce que pour tricoter, suivant son usage, pendant la lecture ; que Gaussin n'explique qu'en un petit nombre de jolis vers, son goût pour la solitude et ses raisons pour rester chez elle ; enfin, on trouve que dans la pièce il est trop question de Desmahis et de son amour, pas assez de la peinture des mœurs et du caractère des grands comédiens, qu'on eût désiré voir plus longtemps dans leur déshabillé. Parmi les traits qui ont fait le plus rire, quelques-uns portent à faux : Le Kain n'a jamais dit qu'il ne voulait jouer que, dans Voltaire. Nicomède, Manlius, Néron, Achille, ont-ils été tracés par le peintre de Zaïre ? Et lorsque l'auteur fait dire de Clairon qu'elle n'a jamais voté de réception que pour les pièces de Marmontel, comment oublie-t-il Guymond de la Touche , Saurin , Guibert, auxquels elle nous apprend elle-même avoir accordé ses suffrages ?
On doit regretter que la pièce n'ait pas paru à la comédie française avec les développemens dont elle y était susceptible : l'affaire du Siége de Calais, par exemple, en eût donné amplement les moyens. A l'Odéon, elle ne pouvait guère être mieux jouée qu'elle ne l'est, Desmahis étant le principal rôle, et ceux des comédiens n'étant qu'accessoires. Firmin joue très-bien le rôle de ce jeune poëte, dont le caractère paraît avoir été plus estimable que ses ouvrages n'ont eu de valeur. Armand, dans le rôle du comique de ce nom, ne se vieillit pas assez ; et dans les actrices sur-tout, il n'y a aucune exactitude du costume du temps. Cette observation rigoureuse eût pu être piquante, et faire valoir à la représentation un ouvrage assez élégamment écrit pour faire plaisir à la lecture. L'auteur a été demandé avec chaleur : dans sa pièce, le parterre demande Desmahis ; le poëte se refuse à paraître; les acteurs l'entraînent, et cette scène, si souvent répétée de nos jours, a beaucoup fait rire. M. de Murville a fait aux comédiens une plus vive résistance : il n'a pas paru , ce qui vaut mieux ; mais il a été nommé, ce qui seul est convenable, et généralement applaudi, ce qui était juste. S....
Le Siège de Calais est une tragédie de de Belloy créée le 13 février 1765.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome IV, p. 172-173 :
[Sur la seule foi du titre, il nous faut comprendre ce qu’est la pièce. Car le compte rendu s’ouvre curieusement sur l’expression de la déception du critique : il attendait un tableau plus « chargé », avec de nombreuses caricatures. Or, il n’y en a qu’une; celle de Le Kain, mort en 1778 (les autres noms renvoient eux aussi à des gens de la même époque, et la pièce devient plus historique que satirique) : « aussi n'a-t-on ri que médiocrement ». L’intrigue résumée, un rapide jugement équilibré : des «tableaux assez vrais », mais une versification qui « n'est pas brillante ». Et le nom de l’auteur, avec renvoi à une de ses réussites.]
L'Intérieur de la Comédie, comédie en trois actes et en vers, jouée le 24 juillet.
Le tableau n'est pas trop chargé: aussi n'a-t-on ri que médiocrement. On s'attendoit à des caricatures, et la seule qui paroisse dans la pièce, c'est.... Le Kain ! Croiroit-on que Le Kain soit le seul personnage de la pièce qui ait fait rire. L'acteur lui a donné un ton brusque, que motive assez ce que l'auteur lui fait dire. On fait le répertoire ; il dit qu'il ne veut jouer que Voltaire, et sort assez brusquement. Ses camarades Sarrazin, Grandval, Armand, discutent gravement leurs intérêts comiques ; Mademoiselle Clairon fait l'importante ; Mademoiselle Dangeville bavarde ; la tendre Gaussin cède un rôle à sa camarade Guéant, et l'assure qu'elle sera toujours son amie, quoiqu'elles jouent toutes deux le même emploi. Ce dernier trait a été pris pour de la satyre. La fable de la pièce est légère.
Dcsmahis est amoureux de Mademoiselle Guéant ; il a composé, par le conseil d'Armand, une comédie intitulée : l'Intérieur de la Comédie. Il se présente pour la lire ; mais, sur le titre seul, elle est refusée. Armand , qui avoit fait une copie de la pièce, l'a fait apprendre en cachette par une partie de la troupe ; et, au moment de jouer Zaïre, une feinte indisposition donne lieu de changer le spectacle. On donne alors la pièce de Desmahis. Lui-même n'en est instruit qu'au moment où l'on demande l'auteur, et où on l'entraîne sur le théâtre.
Quelques tableaux assez vrais ont fait réussir cette pièce, dont la versification n'est pas brillante. L'auteur, est M. André de Murville , auteur d'Abdelasis et Zuleima.
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