L’Intrigue du Sérail, opéra-comique en trois actes, d'Étienne et Nicolo Isouard, 25 avril 1809.
Théâtre de l’Opéra Comique.
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Titre
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Intrigue du sérail (l’)
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Genre
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opéra comique
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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prose, avec couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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25 avril 1805
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Théâtre :
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Théâtre de l’Opéra-Comique
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Auteur(s) des paroles :
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M. Etienne
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Compositeur(s) :
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M. Nicolo
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Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome II, p. 397-398 :
[Compte rendu sans enthousiasme : la pièce n’est pas sans qualités, mais le fait qu’il y ait beaucoup d’esprit dans le dialogue n’a pas suffi pour la faire réussir. Un fait curieux : les auteurs n’ont pas été nommés, mais le lendemain leur nom figurait sur l’affiche « malgré l’usage » qui aurait voulu qu’ils restent anonymes. Pour améliorer la pièce, deux recettes classiques : des coupures pour rendre la pièce plus vive, et un dénouement retouché. Car elle peut compter sur « la richesse des costumes » (orientalisme...) et le talent des interprètes.]
L'Intrigue du Sérail, opéra en trois actes, représenté pour la première fois le mardi 25 avril.
On a trouvé, dans cet ouvrage, des réminiscences, des choses hardies, et d'autres trop peu motivées. Le fonds est d'ailleurs peu nouveau. Un jeune homme amoureux d'une femme renfermée dans un sérail, une conspiration contre un prince qui pardonne, au lieu de punir ; la seule gaieté des détails pouvoit jeter de la variété sur ce tableau. Quoiqu'il y ait beaucoup d'esprit dans le dialogue, la pièce a eu peu de succès. Les auteurs n'ont point été demandés ; cependant, malgré l'usage, ils ont été affichés le lendemain, et nommés dans plusieurs journaux : ce sont MM. Etienne pour les paroles, et Nicolo pour la musique. Peut-être quelques coupures peuvent animer la marche de l'ouvrage. Il pourroit encore être vu avec plaisir, si l'on retouchoit le dénouement. La richesse des costumes, les talens d’Elleviou et de Madame Duret, contribueront à le relever.
L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1809, tome VII (juillet 1809), p. 267-273 :
[Le critique part d’un point de vue original : il suggère d’attendre la deuxième représentation avant de juger une pièce, ce qu’il a fait pour l’Intrigue du Sérail, bien meilleure à la deuxième représentation qu’à la première, et il dresse la liste des défauts qui ont été gommés : « le sujet mal choisi, les mœurs mal observées, la couleur locale faiblement marquée, l'intrigue pénible, quelques moyens invraisemblables, le dénouement obscur ». Les auteurs ont tiré profit de la réaction du public à la première pour faire les corrections nécessaires. La pièce nouvelle est rapprochée du Tarare de Beaumarchais pour l’intrigue, mais aussi de la Caravane pour les détails et les accessoires, avec des moyens très inférieurs à l’Opéra-Comique (le théâtre Feydeau) qu’à l’Opéra. Toutes ces remarques ne plaident pas pour l’originalité de la pièce nouvelle. De plus, elle manque de la nécessaire gaieté pour amuser un public exigeant. La pièce repose sur un bouffon, l’eunuque, qui n’est ici « qu’un moraliste et un philosophe », et sur le sultan, dont le caractère « devait être présenté sous un jour plus comique » : il n’est pas assez vieux, pas assez ridicule. Les auteurs ont gardé un anonymat vite percé à jour Étienne est bien connu, et on a trouvé dans son dialogue ses qualités d’esprit, tout en espérant autre chose que « le ton piquant de son dialogue » même chose pour Nicolo, le compositeur, lui aussi bien connu, et dont on attend seulement une œuvre meilleure à l’égal de ses autres compositions, façon modérée de dire que l'Intrigue du Sérail a déçu. En particulier, il aurait dû tirer un meilleur parti des qualités de son interprète féminine, qui vaut mieux que « des vaudevilles ou des Ponts-Neufs » auxquels elle a été limitée dans cette pièce. Et rien n’excuse un morceau même réussi « quand la situation est de toute invraisemblance, qu'elle est forcée, mal conçue, et que la musique en la prolongeant n'en fait que sentir mieux le défaut » : la meilleure musique ne peut sauver une pièce quand le livret est défaillant. La seconde représentation a entraîné, dans ses coupures, un très bel air. Il reste plusieurs morceaux intéressants, mais le critique regrette qu’on en comprenne mal les paroles : c’est à l’Opéra-Buffa qu’on peut écouter la musique pour elle-même, sans se soucier de ce qui est dit. Encore une fois le souci de marquer le caractère propre de l’opéra comique français, avec le rappel illustre des œuvres de Grétry, qui « savait qu'on ne parvenait à leurs oreilles qu'en intéressant leur esprit ».
Tarare de Beaumarchais a été créé en 1787.]
THÉATRE DE L'OPÉRA-COMIQUE.
L'Intrigue du Sérail.
Les auteurs feraient sans doute volontiers une convention avec les journalistes qui pensent avoir le droit d'entretenir le public de leurs ouvrages ; elle consisterait de la part des journalistes à ne rendre compte des pièces nouvelles qu'après la seconde représentation : les écrivains périodiques gagneraient à cet arrangement d'être dispensés de parler des pièces que le même jour voit naître et mourir, et les auteurs ne se verraient pas accusés d'avoir fait une chute dont le lendemain un succès les relève. Ils ne s'entendraient pas proclamer comme frappés de l'arrêt du public, lorsque ce même public auquel ils en appellent les absout et les applaudit. Si par exemple nous eussions parlé de l'Intrigue du Sérail le lendemain de sa représentation, sans doute nous aurions comme le public signalé les défauts essentiels de l'ouvrage ; nous aurions jugé le sujet mal choisi, les mœurs mal observées, la couleur locale faiblement marquée, l'intrigue pénible, quelques moyens invraisemblables, le dénouement obscur et presqu'inintelligible.
Mais nous avons vu la pièce deux fois ; nous avons remarqué avec quelle docilité les auteurs ont fait les sacrifices et les corrections qui leur avaient été indiquées comme nécessaires : nous avons vu justement apprécié ce que l'ouvrage offre de piquant, d'agréable et de spirituel ; nous avons vu les intentions comiques de l'auteur mieux senties, ses situations mieux comprises, et la musique mieux entendue ; il nous est plus agréable de dire ce que nous avons reconnu la seconde fois, que ce que nous aurions été forcés d'avouer la première. Il ne nous en a coûté qu'une heure de plus d'attention pour être justes, et dans ce cas une heure n'est pas à regretter.
Beaumarchais a fait une Intrigue au Sérail, c'est son opéra de Tarare. Ici, comme dans la pièce nouvelle, on trouve un sultan fort ennuyé, amoureux de la maîtresse de son plus vaillant capitaine, de celui qui lui a sauvé la vie : ami de Tarare, l'eunuque Calpigi égaie le soudan d'Ormuz par l'histoire de sa vie, et les sons enchanteurs d'une voix qu'il doit aux soins d'un père avare.
Tarare est sauvé par le dévouement et les ressources ingénieuses de ce Calpigi : tel est à-peu-près le fond de la pièce nouvelle. Ainsi, le souvenir de Tarare a dû lui nuire ; et quant aux détails, aux accessoires, le souvenir toujours présent de la Caravane, n'a pu que lui être bien dangereux. En voyant arriver la caravane nouvelle, le parterre répétait tout bas le chœur charmant de Grétry, après un long voyage, et ne se trouvait pas fort éloigné de l'intention musicale du nouveau compositeur. Quand le marchand d'esclaves a paru (Juliet a cédé fort heureusement ce rôle à Moreau), qui pouvait ne pas se rappeller l'air si comique, J'ai des beautés piquantes, air qui a été chanté jusques dans les bazards même, dont on y emprunte le langage ? Quant au spectacle, on doit concevoir, malgré les soins du théâtre Feydeau. toute l'infériorité de ses moyens comparés à ceux de l'opéra.
L'auteur nous offre les intrigues qui agitent l'intérieur du sérail d'un sultan capricieux et ennuyé ; mais de tous les sultans, le plus difficile à amuser, c'est très-certainement le public de Paris : il est périlleux de dire devant lui qu'on va être gai, spirituel, ou de prétendre l'avoir été. Le Calpigi de la pièce nouvelle n'a pas une gaîté franche et communicative ; son rire est sardonique, il est quelquefois affecté ; l'épigramme ou le trait philosophique qu'il manie avec beaucoup de dextérité, donne souvent plus à penser, qu'il n'excite à rire ; ces traits n'en valent peut-être que mieux, mais alors le caractère du prétendu bouffon, qui n'est au fond qu'un moraliste et un philosophe, n'est pas annoncé tel qu'il doit être : ce rôle n'est bouffon qu'en superficie ; il est au fond très-sérieux ; il a été joué dans ce dernier sens. Elleviou veut y conserver une certaine dignité de ton et de manières ; il en résulte un peu de froideur répandue sur le rôle, et de là nécessairement sur l'ouvrage.
Le caractère du sultan pouvait et peut-être devait être présenté sous un jour plus comique : tel qu'il est, il ne semble prêter à rien de ce qui se fait contre lui : il est dans la vigueur de l'âge ; il est aimable et beau ; il peut être amoureux sans ridicule, et préféré quoique sultan : il ne fallait pas en faire un farouche Atar ; mais si vous en faites une espèce d'Orosmane galant et généreux, je ne m'intéresse pas à l'intrigue ourdie contre lui ; l'intérêt se partage entre son rival et lui, et l'on ne sait pas pourquoi il n'aurait pas l'avantage.
L'auteur de cet opéra M. Etienne, n'a gardé l'anonyme que très-imparfaitement : ses précédens succès ne lui permettaient guères de cacher son nom, et s'il n'est plus sur l'affiche, il est dans la bouche de tous les spectateurs qui, au milieu des défauts de son nouvel ouvrage, et quoique frappés de · l'invraisemblance de quelques moyens et de l'obscurité de quelques autres, ont reconnu au dialogue un homme de beaucoup d'esprit, et à la contexture de l'ouvrage un auteur qui a trop compté peut-être sur le ton piquant de son dialogue.
La musique de cet ouvrage est de M. Nicolo, compositeur facile, fécond, toujours correct et pur, quelquefois ingénieux, rarement doué d'une expression grande et forte, et de ce don si rare d'imprimer à ses productions un cachet différent, un caractère particulier. Tous les opéra de ce compositeur ont réussi, tous ont été entendus avec plaisir, tous étaient bien ; on lui en demande un qui soit mieux ; et ce vœu du public à cet égard est une marque de confiance et une garantie de son estime.
On croit assez généralement que la partition de l'opéra nouveau doit ajouter à la réputation de son auteur ; elle est assez dramatique et conforme à notre systême théâtral ; le rôle de Zélime doit faire exception en faveur du musicien, puisque l'auteur en a fait une cantatrice : ce rôle n'est pas confié à Mme. Duret Saint-Aubin pour qu'elle y chante des vaudevilles ou des Ponts-Neufs, ce qui est à-peu-près la même chose : M. Nicolo a encore été à cet égard trop réservé peut-être ; il n'y a pas de luxe musical dont Mme. Duret ne pût soutenir et rehausser l'éclat : M. Nicolo eût pu employer plus souvent encore les ressources qui lui étaient offertes : il pouvait développer sans danger, et dans ce rôle seul, les grandes et périodiques formes de son école, formes qu'on retrouve toujours même à l'Opéra-français avec un extrême plaisir, quand le rôle les permet et que la situation les comporte.
Rien au contraire ne peut excuser aux yeux du public, et faire trouver supportable à ses oreilles le duo le mieux fait , tel que l'agitato du second acte, quand la situation est de toute invraisemblance, qu'elle est forcée, mal conçue, et que la musique en la prolongeant n'en fait que sentir mieux le défaut.
A la seconde représentation quelques coupures ont été faites à cette composition que nous avons dit être facilement et agréablement écrite ; on perd à cette disposition un bel air que chantait Elleviou, et les beaux airs sont devenus si rares, qu'on doit les mentionner même, quand on a cru devoir les supprimer ; les chœurs sont naturels et chantans ; la scène des Mandolines a un tour heureux et de la variété : un quatuor, un final méritent aussi d'être remarqués : peut-être à cette musique ne manque-t-il pour être mieux appréciée, que des auditeurs moins jaloux de savoir ce que les acteurs disent, que d'entendre ce qu'ils chantent ; mais ces auditeurs ne se réunissent qu'à l'Opéra-Buffa : là, un trio, un quatuor, un final sont attendus avec impatience. A l'Opéra-français beaucoup de spectateurs attendent pour disserter sur le mérite de la pièce nouvelle, le moment où le chanteur et l'orchestre se feront entendre ; la musique est un hors-d'œuvre pour eux ; ils écoutent cependant celle de Grétr y; mais Grétry savait qu'on ne parvenait à leurs oreilles qu'en intéressant leur esprit, et c'est de ce secret qu'il faut être dépositaire pour obtenir un succès durable à notre opéra français.
S.....
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