L'Intrigue sur les Toits

L'Intrigue sur les Toits, vaudeville en un acte, de Dumersan, 11 germinal an 13 [1er avril 1805].

Théâtre Montansier.

Almanach des Muses 1806.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Cavanagh, 1805 :

L'Intrigue sur les toits, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles ; Par M. Dumersan ; Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Montansier, le 11 Germinal an 13 (1er. avril 1805).

Le 11 germinal an 13 correspond bien au 1er avril 1805 : c'est à cette date qu’a eu lieu la première de la pièce (erreur de l'Almanach des Muses qui donne la date du 1er germinal).

Courrier des spectacles, n° 2969 du 12 germinal an 13 (2 avril 1805), p. 4 :

[L’Intrigue sur les toits, présentée comme une parodie de l’Intrigue aux fenêtres, est construite selon la recette éprouvée des autres pièces du Théâtre Montansier, et le critique en énumère les ingrédients, personnages (du beau jeune homme au vieux tuteur en passant par le jockey, qui tient lieu de valet) comme formes d’humour (« des couplets, des calembourgs, des mots grivois »). Une pièce faite ainsi ne peut échouer. Le résumé de l’intrigue montre qu’elle est sans surprise : il s’agit de duper un tuteur, de lui faire accorder la main de sa pupille au beau jeune homme au détriment de son locataire ridicule, duperie qui se fait avec la complicité active d’un jockey. Le mariage attendu est décidé et le public applaudit. Conclusion : le comique de la pièce n’est pas léger, il repose largement sur els solides épaules de Brunet (qui joue le locataire), dont le costume est ridicule, et dont on retrouve les traits caractéristiques, « son masque, sa marche, l’accent de sa voix ». La pièce a eu le sort que prédisait le dernier couplet, « elle est allée aux nues », mais son auteur est resté anonyme.]

Théâtre Montansier.

L'intrigue sur les toits.

L’Intrigue sur les toits est une parodie bouffonne de l’Intrigue aux fenêtres. On y trouve tout ce qui peut amuser les spectateurs du Théâtre Montansier ; un homme sur les toits qui replace des ardoises en chantant, un Jokey qui s’introduit par la cheminée en habit de ramoneur, des chats qui crient, des poules qui glousent, un vieux tuteur qui déraisonne, un musicien de guinguette qui loge sous une mansarde, des couplets, des calembourgs, des mots grivois. Un auditoire bien préparé par les chefs-d’œuvres des Jocrisse et des Cadet Roussel, doit se pâmer d’aise à la vue de l’Intrigue sur les toits, et c’est ce qui est arrive hier.

Sous le toit d'une maison appartenant à M. Dutoisé, riche architecte qui possède vingt maisons sur lè pavé de Paris, loge M. Laflûte, habile musicien, qui va jouer habituellement sous les allées des Boulevards, aux guinguettes et dans toutes les grandes réunions. M. Laflûte a la jouissance d’une terrasse qui termine la maison, et sur laquelle Henriette, nièce et pupille de M. Dutoisé, a établi des volières qu’elle vient soigner tous les jours. M. Laflûte est enchanté des beaux yeux de Mlle. Dutoisé, et se pare de ses plus riches ornemens pour attirer ses regards II faut voir le costume de M. Brunet pour prendre une idée de cette parure. Mlle. Dutoisé paroit d’abord d’assez bonne composition, et Laflûte se croit en possession de la pupille et de la succession de M. Dutoisé ; mais la Demoiselle a un autre amant d’une tournure un peu plus élégante , c’est un jeune dessinateur que M. Dutoisé a écarté de chez lui, mais auquel il a promis la main de sa nièce, s’il parvient à tromper sa vigilance. Le jeune homme, aidé de son Jokey, qui pénètre dans la maison par la cheminée, s’y introduit comme couvreur, forme son intrigue avec Henriette, et à force d’adresse parvient à enfermer M. Dutoisé dans la chambre de Laflûte, et Laflûte dans la volière de Mlle. Dutoisé. Ces deux exploits bouffons décident de la fortune des jeunes amans. Dutoisé se reconnoît vaincu , et consent au mariage de sa pupille ; Laflûte sort de son épinette, et le public satisfait couronne la représentation par les plus bruyans applaudissemens.

Il y a dans cet ouvrage beaucoup de ces balourdises qui, au Théâtre Montansier, sont des traits de génie. Les lazzis de Brunet, son masque, sa marche, l’accent de sa voix font merveille, et si l’on joint à cela le ton modeste du dernier couplet, il étoit impossible que la pièce tombât ; aussi des toits elle est allée aux nues.

Sur chaque théâtre on voit naître
Intrigue de toutes façons ;
Quelqu'un l’a mise à la fenêtre ;
Vous la voyez sur les maisons.
De peur que l’auteur ne chancelle,
Daignez l’appuyer cette fois :
Une chûte seroit mortelle
Si l’on tomboit du haut des toîts.

L’autour n’a pas voulu que son nom fût publié sur les toits , et a garde l’anonyme.

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