Les Indiens en Angleterre, comédie en trois actes et en prose, librement traduite de la pièce allemande d'Auguste de Kotzebue, par L. Bursay, 14 mai 1792.
Grand Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.
Sur la page de titre de la brochure, à Bruxelles, chez J. L. de Boubers, 1792 :
Les Indiens en Angleterre, comédie en trois actes et en prose, Librement traduite de la Pièce allemande d'Auguste de Koztebue, Par L. Bursay, De l'Académie des Arcades de Rome.
Dans un texte placé après la liste des personnages, le traducteur explique les difficultés de sa tâche. Il ne s'agit pas de dénigrer ou de valoriser les pièces de théâtre allemandes, mais de montrer qu'elles ne peuvent être admises sur la scène française qu'au prix de modifications pour rendre acceptables à des spectateurs français la liberté de ton, la vigueur des expressions de l'original allemand. S'il est possible de porter sur des scènes étrangères les chefs-d'œuvre dramatiques français, c'est que leur adaptation leur fait perdre une part de leur richesse, mais sans choquer les convenances du public étranger. L'inverse n'est pas vrai : « il n'en peut-être ainsi d'aucun Drame étranger trop fidelement transporté sur le théâtre français ». La traduction qu'il propose de la pièce de Kotzebue est aussi proche de l'original que possible, mais il a bien fallu procéder à des adoucissement pour rendre acceptable la pièce et lui conserver son mérite, qui se trouve « dans les caracteres, & dans les situations intéressantes qui les développent ».]
IDÉES DU TRADUCTEUR.
La représentation de cet ouvrage Dramatique a obtenu le plus grand succès sur les théâtres d'Allemagne ; traduit ou imité, il peut ajouter aux petites richesses modernes de divers Spectacles de l'Europe. Cette tentative aura peut-être été déja faite, ou pourra l'être plus heureusement que par moi. Dans la version que je hasarde, je me suis attaché à conserver scrupuleusement l'intrigue, l'intérêt, les caractères, &, autant qu'il m'a été possible, l'originalité des expressions ; mais l'exactitude, en ce dernier point, a été souvent difficile, &, plus d'une fois, il a fallu y renoncer. L'original offre des tournures piquantes qui sont ou nécessairement affaiblies, ou insuffisamment remplacées dans la traduction.
Les pièces Anglaises, Allemandes, Italiennes, Espagnoles [je dis les pièces qui méritent les plus grands éloges] ne peuvent passer dans leur intégrité sur la scène française; & si quelques ouvrages originairement produits sur les théâtres de Leipsick, de Vienne, de Hambourg, se transportent, presque sans altération, sur les scènes de Londres ou de Venise, c'est que l'Anglais ne proscrit pas quelque liberté de style & d'usages ; & que l'idiome Italien admet des excès de naïveté, d'ingénuité qui, dans la langue française, ne paraîtraient que des niaiseries ou des platitudes.
On pourra dire qu'un Français s'exprimant ainsi, paye le tribut à la prévention nationale. Je puis me tromper, mais je suis de bonne foi dans les réflexions que je présente. Je me permets même une observation qui paraîtra plus tranchante encore. Il me semble que le petit nombre de nos chefs-d'œuvre dramatiques, littéralement traduits, peut mériter les suffrages sur les scènes étrangeres : ce que ces ouvrages perdent, relativement au coloris & aux finesses, dans une version exacte & bien faite, est beaucoup sans doute, mais ce qui leur reste est beaucoup encore, parce que nos mœurs théâtrales sont partout de convenance. J'ose dire qu'il n'en peut-être ainsi d'aucun Drame étranger trop fidelement transporté sur le théâtre français.
En offrant au Public une traduction presque littérale des Indiens en Angleterre, je me suis cependant permis d'altérer quelques traits, d'en supprimer d'autres, ainsi que des expressions, des détails même que repousserait notre délicatesse bien ou mal entendue, & qui d'ailleurs ne font pas le vrai mérite de l'ouvrage original : ce mérite est dans les caracteres, & dans les situations intéressantes qui les développent, & qui ont mis cette production théâtrale au rang de celles qu'un succès général a couronnées sur la scène Allemande.
Andrée Denis, La fortune littéraire et théâtrale de Kotzebue en France pendant la Révolution, le Consulat et l'Empire [1975], p. 326, signale une première représentation sur le Théâtre d'amateurs de Reval (le théâtre allemand de Tallinn) en février 1789
D'après la base César, les Indiens en Angleterre, comédie de Kotzebue traduite par Bursay, a été jouée 8 fois sur le Grand Théâtre de la Monnaie de Bruxelles du 14 mai au 20 novembre 1792.
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