Jacques II, comédie en trois actes, de Bergeron et Saint-Léon, 29 septembre 1812.
Théâtre de l'Impératrice.
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Titre :
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Jacques II
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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3
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Vers ou prose ?
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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29 septembre 1812
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Théâtre :
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Théâtre de l’Impératrice
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Auteur(s) des paroles :
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Bergeron et Saint-Léon
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Almanach des Muses 1813.
Même fond que la Partie de chasse de Collé ; début qui annonce du talent, quoiqu'il n'ait pas été très-heureux.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1812, tome V, p. 439-440 :
[Pour parler de la pièce, le critique a besoin de s’égarer dans l’histoire de tous les Jacques ayant régné outre Manche, avant de dire qu’il s’agit d’un autre Jacques, et de raconter une intrigue qui rappelle beaucoup une autre pièce mettant en scène Henri IV. Il ne peut rendre compte de la pièce que d’une manière ironique (attitude de l’amant, « tout tombe à ses pieds », chute qui risque bien de s’étendre à la pièce). Et le succès ne peut s’expliquer que par la fidélité des Français aux Stuart : la salle comptait bien des « amis vigoureux », et les auteurs ont été nommés « comme on a pu » : tout cela sent fortement la claque !]
Jacques II, comédie en trois actes, jouée le 29 septembre.
Il n'y a rien de moins comique au monde que l'histoire de tous les Jacques qui ont figuré sur les trônes d'Ecosse ou d'Angleterre. Depuis le premier de ce nom, qui, après avoir été-dix-huit ans prisonnier à Londres, mourut assassiné avec sa- femme par la main de ses sujets, jusqu'au prince Charles-Edouard. connu sous le nom du Prétendant. La maison de Stuart a réalisé, dans les temps modernes, les fictions antiques de la race de Pelops ; elle a justifié ceux qui admettent une fatalité à laquelle rien ne peut résister.
Parmi tant de victimes, on ne peut se dissimuler’ que Jacques le fugitif, le pensionnaire de la cour de France, n'ait été la moins intéressante de toutes ; cruel et dévot tout-à-la-fois, prince et jésuite, il se laissa détrôner comme un sot, sans combat, sans résistance, et se réfugia auprès de Louis XIV. Là, il eut le plaisir de contribuer à l'épuisement de nos finances et à la destruction- de la première marine que nous ayons possédée. Ce n'est pas lui que l'on a mis en scène, mais un roi d'Ecosse, tout pastoral et tout benin, qui s'égare dans sa chasse, qui vient demander à coucher à un pauvre paysan écossais ; il se rend sur le champ amoureux de sa petite fille. Il met la nappe, boit et chante avec ses hôtes, comme Henri IV. Le bon roi, après avoir dormi, achète les bouquets d’Elvina, les paye de sa bourse, d'une bague et d'un baiser.
L'amant voit tout cela d'une fenêtre, mais il est généreux ; il tue trois assassins qui attendoient le roi au sortir de la ferme, et refuse de se faire connoître pour l'auteur d'un si bel exploit. Mais le roi fait courir après lui, on le ramène, l'amour récent du monarque combat un peu sa générosité ; mais enfin celle-ci l'emporte, il s'écrie : tu as sauvé le roi ! tout tombe à ses pieds, et la pièce, par entraînement, est prête à tomber aussi.
Mais il est dans les destins de tous les Stuart de trouver des soutiens en France ; des amis vigoureux, ont demandé les auteurs de Jacques II, et l'on a fait entendre, comme on a pu, les noms de MM. Bergeron et Saint-Léon.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XI, novembre 1812, p. 283-285 :
[La pièce, adaptation d’une nouvelle récemment parue – mais « les auteurs ont jugé à propos de lui ôter ce qu'elle avait de plus piquant » – montre un roi d’Ecosse égaré au cours d’une chasse, tombé amoureux d’une jeune fille, sauvé par le galant de cette personne, et qui renonce à son amour aussi soudain qu’inattendu pour que son sauveur puisse épouser sa belle. Le critique a bien raison de dire que tout cela n’est pas neuf, mais le public aime « ces sortes de situations ». Les auteurs de la pièce ont renoncé à déplacer le dénouement de la ferme au palis du roi, et le critique suggère que c’est moins pour respecter l’unité de lieu (« à l'Odéon, on n'y regarde pas de si près ») que pour ne pas engager les frais d’un second décor. Ce sens de l’économie s’étend à l’esprit mis dans le dialogue, pour lequel le critique par même d’« avarice vraiment sordide ». Les acteurs ont fait meilleure impression que la pièce.
Notons le sens de la digression du critique qui parle plus du roi Jacques qui n’est pas celui de la pièce que de celui qu’on nous montre.]
Jacques II.
Les auteurs de cette pièce ont fait trop d’honneur à une. petite nouvelle insérée dans un des numéros du Journal des Arts, au mois de Juillet 1811, en la transportant sur la scène. Cette nouvelle est intitulée Edgard et Elfrida ; les auteurs
Il ne s'agit point ici de ce Jacques II qui se laisse détrôner par son gendre, et dont on se moquait en France comme en Angleterre ; car tandis que Charles II le raillait sur son malheur, et disait qu'il avait l’air de recevoir ses maîtresses de la main de son confesseur, comme pénitence, tant il les prenait vieilles et laides, les Français qui ne savent pas être touchés d'une infortune à laquelle celui qui l'éprouve parait insensible, chantonnaient ce roi si résigné. On chantait jusque dans Saint-Germain un vaudeville qui commençait par ce couplet :
Quand je veux rimer à Guillaume,
Je trouve aussitôt un royaume
Qu'il a su mettre sous ses lois ;
Mais quand je veux rimer à Jacques,
J'ai beau rêver, mordre mes doigts,
Je trouve qu'il a fait..... ses pâques.
Le Jacques II de l'Odéon est un roi d'Ecosse qui, bien loin d'avoir demandé l'hospitalité aux femmes, aida Charles VII à chasser les Anglais de son royaume. Ce bon prince était fort populaire, et faisait souvent des courses incognito. Dans la nouvelle comme dans la pièce, il s'égare à la chasse, entre chez un paysan, devient un peu promptement amoureux de sa fille, est attaqué par des assassins en sortant de sa cabane, et doit son salut à l'amant de la jeune personne. C'est ici que MM. Bergeron et Saint-Léon, auteurs de la pièce, ont abandonné leur guide. A l'Odéon, tout se passe, dans la cabane du paysan, en petites allées et venues de l'amant et du roi, qui demande un peu niaisement à la jeune fille si elle a de l'amour pour lui. Dans le conte, le roi n'a pas de si hautes prétentions, il se contente d'emporter le souvenir d'Elfrida, retourne à Edimbourg, et engage son libérateur, qui ne soupçonne guère le rang de celui qu'il a sauvé, à venir le demander au palais du roi sous le nom du fermier Balinguish ; ce nom connu de tous les officiers du roi d'Ecosse, était celui qu'il prenait dans ses excursions secrètes. Edgard arrive au palais, et est d'abord rebuté par les gardes ; mais au nom du fermier Balinguish ; tout se prosterne ; la surprise du jeune paysan, à mesure qu'à la faveur de ce nom les obstacles s'aplanissent devant lui, amuse beaucoup le roi, qui l'observait d'une des fenêtres du palais. Le prince se montre enfin au milieu de toute sa cour, récompense magnifiquement son libérateur, renonce à son amour pour Elfrida, et aussi généreux qu'Alexandre, cède à son rival cette nouvelle compagne. Tout cela n'a rien de bien neuf ; cependant ces sortes de situations plaisent toujours au théâtre, et je crois que cette reconnaissance eût fourni un dénouement plus agréable que celle dont les auteurs ont fait choix. Peut-être objecteront-ils l'unité de lieu ; mais, à l'Odéon, on n'y regarde pas de si près, et les spectateurs qui ont vogué sur l'Océan avec Cristophe Colomb, parcouru l'univers avec Scarmentado, n'auraient fait aucune difficulté d'accompagner Edgard à Edimbourg. Il est vrai que pour nous présenter le palais d'un roi, il aurait fallu faire quelques frais de décorations et de costumes, et les auteurs visaient apparemment à l'économie. Quant à l'esprit qu'ils ont mis dans le dialogue, cela ne peut plus s'appeller de l'économie, c'est une avarice vraiment sordide. Mlle. Fleury a été charmante dans le rôle d'Elfrida; Chazel a eu l'art de mettre de la gaîté dans celui du père ; il serait injuste de reprocher à Closel sa froideur et sa monotonie : ce n'est pas sa faute si les auteurs ont fait faire une si triste figure au roi d'Ecosse.
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