Jacques le Fataliste et son maître, comédie en un acte, en vaudeville d’après le roman de Diderot, 13 Thermidor an 6 [31 juillet 1798].
Théâtre du Vaudeville
Almanach des Muses 1799.
Cette pièce, dont le fonds est pris dans un roman posthume de Diderot, n'a point été accueillie.
Courrier des spectacles, n° 526 du 14 thermidor an 6 [1er août 1798], p. 2 :
[Une chute en règle : la pièce n’a pas été achevée. La tentative d’adaptation du roman de Diderot est un échec, par que la pièce est tout entière en conversations, mais sans retrouver la qualité du dialogue de Diderot. Les propos pleins de finesse de Diderot deviennent monotones. Les couplets sont, eux « très-foibles et très-peu saillans ». L’auteur (non nommé, bien sur) est invité à choisir des sujets pouvant comporter uen intrigue.]
Théâtre du Vaudeville.
Jacques le Fataliste et son maître, comédie en un acte, donnée hier au théâtre du Vaudeville, a essuyé une chute complette ; la pièce n’a pas été entendue jusqu’à la fm. Il est peu de personnes qui ne connoissent, au moins de réputation, Jacques le Fataliste et son maître, de Diderot, et c’est sur ce charmant ouvrage qu’est conçue la pièce nouvelle. L'auteur l’a commencée au moment où Jacques arrive avec son maître à l’auberge de l’hôtesse Bavarde. Ce qu’il y a de plus piquant dans l’ouvrage de Diderot, c’est sur-tout le naturel exquis de son dialogue, fait avec la plus grande précision, et rempli de finesse et de saillies. Presque tout son ouvrage est employé en conversations de Jacques avec son maître.
Ce sont toujours ou le récit des amours de Jacques, ou celui des aventures de son maître, ou enfin l’histoire du mariage Saugrenu du marquis d’Arcis avec la Daisnon, mais ce qui plait dans un roman, n’est pas toujours supportable à la scène ; ces conversations si amusantes deviennent longues et monotones. C’est ce qui a le plus indisposé, dans la pièce nouvelle, dont les couplets sont très-foibles et très-peu saillans ; un seul a été applaudi avec raison, c’est un couplet de détail sur les obligations d’un valet à l’égard de son maître. Nous engageons l’auteur à choisir des plans qui prêtent plus à l’intrigue et moins à la monotonie:.
Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 335 du 5 fructidor an 6, p. 1342-1343 :
Théâtre du Vaudeville.
Nous n'avons pas parlé de l'ouvrage donné sur le théâtre, sous le titre de Jacques le Fataliste. Le public ne l'a pas laissé achever. Cette chûte a été due, non moins au choix du sujet qu'à la maniere dont il a été traité. Le roman de Diderot en avait donné l'idée. Mais l'auteur n'avait pas reconnu que la théorie, ou la censure d'un système philosophique, avait besoin de développemens qu'une petite piece de theâtre ne peut comporter : que cette théorie isolée des incidens multiples, dans lesquels elle doit trouver son application naturelle ou forcée, ne pouvait présenter au théâtre qu'un dialogue sans objet, des répétitions sans motif, des scene sans action, une piece sans intérêt. De plus, l'auteur annonçait lui-même qu'il avait avait conservé la prose du roman de Diderot ; les couplets seuls étaient de lui : ainsi même en réussissant, sa gloire était partagée. Mais il ne pouvait en être de même dans le cas d'un revers.
Le public qui ne distribue pas toujours avec une égale impartialité les marques de sa satisfaction ou de sa mauvaise humeur, n'a considéré dans l'ouvrage qu'il sifflait impitoyablement, que l'auteur de Jacques le Fataliste en vaudeville. Il eût peut-être associé Diderot à ses éloges, mais il ne l'a point associé à sa censure.
D'après la base César, un Jacques le fataliste et son maître, d'auteur inconnu, a été joué le 31 juillet 1798 au Théâtre du Vaudeville.
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