Jacques Rigaud, opéra, paroles de Dumaniant, musique de Foignet fils 25 thermidor an 8 [13 août 1800].
Théâtre Montansier-Variétés
Almanach des Muses 1801
Courrier des spectacles, n° 1258 du 26 Thermidor an VIII, p. 2 :
[Le jugement porté est sans appel : l'intrigue de cette pièce n'a rien de neuf, et elle ne vaut que par la musique du jeune Foignet, l'auteur des paroles, Dumaniant, étant invité à reconnaître son manque d'originalité.]
Théâtre Montansier.
Habiller de musique une intrigue usée, ce n'est pas faire une nouveauté ; et certes, en changeant les noms de maints personnages de Comédie, en leur prêtant un langage musical qu'ils n'avoient pas auparavant, l'effort est léger et possible au plus mince auteur. Quelque déférence que nous ayons pour le poëte comique qui traça la pièce donnée hier sur ce théâtre sous le titre de Jacques Rigaud, nous ne pouvons dissimuler, et il doit s'être avouée à lui-même que rien n'est moins neuf que l'intrigue de cet opéra.
Bernard, père de Lucile, séduit par l'appas d'une fortune considérable, veut marier sa fille à Jacques Rigaud, aubergiste, chez lequel un notaire, mandé à cet effet, dresse le contrat, où il stipule un dédit de trente mille francs. Dans l'auberge descend un jeune officier nommé Dalmas. suivi de Dubois, son valet. Élevé dès l'enfance avec Lucile, Dalmas l'aime et en est aimé.
Il ne s'agit donc que de souffler adroitement la future à Jacques Rigaud. L'aubergiste est jaloux, et c'est par ce côté foible que l'officier l'attaque en se vantant d'être aimé de Lucile, qu'il assure cependant ne pas vouloir pour sa femme. Dubois achève l'ouvrage commencé par son maître, en annonçant confidentiellement à Jacques Rigaud que le soir Lucile doit se rendre à la chambre de Dalmas. Le jaloux se place dans le corridor, afin de l'arrêter au passage. Dubois que cette surveillance met dans un grand embarras, est déconcerté, quand tout-à-coup la vue d'une fille de l'auberge, Justine, qu'il a connue et aimée jadis, lui fournit l'idée de la faire passer pour Lucile dans le corridor. Rigaud trompé par ce stratagème, arrête dans l'obscurité la fausse Lucile qui bientôt lui échappe. Il l'accuse devant Bernard et propose à celui-ci d'annuller le dédit. Bernard qui vient d'apprendre de la bouche de Dalmas son amour pour Lucile, les unit tous deux, et Jacques Rigaud ne voit qu'il a été dupe que par l'arrivée de Justine, qui reparoît sous son travestissement.
Tel est le fonds de cet opéra qui obtint assez de succès. Le musicien doit en réclamer sa bonne part. L'ouverture en fut extrêmement goûtée. Plusieurs jolis airs embellissent la pièce qui fut jouée avec intelligence par les citoyens Amiel, Dubois, Xavier, et mesdames Mengozzi et Dumas.
Les auteurs sont, pour les paroles, le citoyen Dumaniant, et pour la musique, le citoyen Foignet fils, qui a joué dans la pièce 1e rôle de Dubois. F. J. B. P. G***.
Porte-feuille français Pour l'An IX (1801), p. 260 :
Jacques Rigaud, opéra, paroles de Dumaniant, musique de Foignet fils, représenté le 25 Thermidor.
Rien n'est moins neuf que l'intrigue de cet ouvrage, d'ailleurs très-mal conduit, et qui ne jouit pas d'un style bien correct : il doit en grande partie son succès à la musique du jeune Foignet, qui promet aux arts un fidelle soutien, et à son père l'héritier de ses talens.
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