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Jean-Jacques Rousseau à ses derniers moments

Jean-Jacques Rousseau à ses derniers moments, trait historique en un acte et en prose, par M. Bouilly, 31 décembre 1790.

Théâtre Italien.

Titre :

Jean-Jacques Rousseau à ses derniers moments

Genre

trait historique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

31 décembre 1790

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

M. Bouilly

sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Brunet, 1791 :

Jean Jacques Rousseau à ses derniers moments, Trait Historique, en un acte et en prose, Représenté pour la premiere fois, à Paris, par les Comédiens Italiens ordinaires du Roi, le 31 Décembre 1790, Par M. Bouilly.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 3 du samedi 15 janvier 1791, p. 112 :

[Pas d'œuvre digne d’un long compte rendu, il ne reste qu’à parler rapidement de ce Jean Jacques Rousseau à ses derniers momens, un succès mérité, mais en raison de la personnalité du personnage (c’est « plutôt un tableau intéressant qu'un Ouvrage dramatique »). De l’intrigue le critique rapporte un geste de générosité. Et c’est l’évocation du caractère de Rousseau qu’on a applaudi.]

Nous n'avons dans les autres Théatres aucune production susceptible d'un long examen. On représente au Théatre Italien, avec le plus grand succès, J.J. Rousseau à ses derniers momens. C'est plutôt un tableau intéressant qu'un Ouvrage dramatique. L'Auteur a peint, dans les derniers momens de ce grand Philosophe, son extrême sensibilité dont il offre une preuve nouvelle par un acte de bienfaisance. Il donne à une pauvre famille dans le besoin la modique somme d'une demi-année de son revenu qu'il vient de recevoir , & laisse croire qu'un autre est l'auteur de ce bienfait. Tout ce qui rappelle le nom, les Ouvrages & l'idée qu'on s'est faite du caractere de ce grand homme, a droit d'émouvoir vivement ; aussi a-t-on applaudi une foule de traits répandus dans cet Ouvrage, qui est de M. Bouilly, Auteur de Pierre le Grand.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 2 (février 1791), p. 335-336 :

[sur un thème a priori peu théâtral, une pièce qui soulève l'enthousiasme du public, mais le critique justifie cet enthousiasme par « les détails de cet ouvrage », dont il souligne qu’ils reprennent « des expressions même de Rousseau ». Ce sont les sentiments que la pièce fait naître qui sont constamment mis en avant.

THÉATRE ITALIEN.

La premiere représentation de Jean-Jacques Rousseau à ses derniers momens, trait historique en, un acte & en prose, par M. Bouilly, a eu lieu le dernier décembre, avec le succès le plus brillant & le plus mérité.

La scene est à Ermenonville. Le célebre infortuné y vit en patriarche, entre la nature, l'étude & l'amitié. Il partage avec l'indigent, lorsque l'état intérieur de son ménage n'en souffre point, sa médiocre fortune. Aussi délicat que sensible , il se plaît à cacher aux malheureux la main qui lui donne des secours ; & lorsqu'il entend attribuer à M. de Girardin le bien qu'il a eu le bonheur de faire, il jouit délicieusement de cette erreur, qu'il n'entretient pas par ses discours, mais qu'il laisse subsister, comme une preuve de sa reconnoissance pour l'homme estimable & généreux qui est devenu son bienfaiteur & son ami.

Rien de plus touchant, de plus vrai, de mieux, senti que les détails de cet ouvrage, où l'auteur s'est souvent servi des expressions même de Rousseau, &, où il fait quelquefois parler ce si grand homme d'une maniere qui n'est pas indigne de lui. Quelques tableaux naturellement amenés ajoutent au charme des situations. Une scene remarquable, est celle où Rousseau, qui sent la mort s'approcher, donne à M. de Girardin le manuscrit de son contrat social. Le public a applaudi avec ivresse l'espece de prophétie que fait le propriétaire d'Ermenonville, relativement aux honneurs qui attendent dans l'avenir cet ouvrage & son immortel auteur. Les derniers momens du philosophe, ses discours sur l’immortalité de l'ame, sa soif d'une autre vie, sa confiance dans la bonté du sublime créateur du monde, ont fait couler des larmes de tous les yeux.

Le public a voulu voir l'auteur déja connu avantageusement par la comédie lyrique de Pierre-le-Grand. Les acclamations les moins équivoques lui ont prouvé la satisfaction générale. On a aussi demandé M. Granger, qui joue le rôle de J. J. Rousseau, & qui a paru. Cet excellent acteur se montre en effet, principalement dans ce rôle, digne de tous les éloges qu'on peut donner aux grands comédiens.

D’après la base César, la pièce de Bouilly a été jouée 16 fois au Théâtre Italien, du 31 décembre 1790 au 13 octobre 1791. Elle a été reprise pour 5 représentations au même théâtre, du 30 avril au 11 octobre 1794.

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