Jean La Fontaine, comédie en deux actes, en prose, de Pariseau, 21 mars 1790.
Théâtre de Monsieur.
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Titre :
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Jean La Fontaine
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose ?
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prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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21 mars 1790
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Théâtre :
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Théâtre de Monsieur
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Auteur(s) des paroles :
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Pariseau
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome VI (juin 1790), p. 314-317
THÉATRE DE MONSIEUR.
Jean la Fontaine, comedie en deux actes, en prose, donnée le 21 mars, n'a ni intérêt, ni intrigue, ni dénouement, ni même d'unité de lieu, & cependant elle a fait plaisir, par des détails piquans, des vérités utiles, & sur-tout par ce charme qu'on éprouve à voir revivre les personnages qu'on aime.
La Fontaine arrive à Château-Thierry, pour voir sa femme, vendre le bien qui lui reste, & se battre avec le chevalier de Beauchêne. Sa femme est à vêpres, il ne veut point la déranger. Le procureur Pintrel veut l'engager à conserver les arpens de terre qu'il est dans le dessein de vendre ; mais la Fontaine a besoin d'argent, & Pintrel lui trouve un acquéreur. Beauchêne est son ami ; mais on lui a dit qu'il rendoit à sa femme des visites qui le couvroient de ridicule, & qu'il falloit qu'il se fît tuer par Beauchêne, afin que le monde n'eût rien à lui reprocher. Le chevalier fait tous ses efforts pour l'en dissuader, pour lui prouver que madame la Fontaine est un modele de vertu ; la Fontaine en convient ; mais il est venu pour se battre, & le chevalier le désarme à la troisieme ou quatrieme botte. L'auteur lui suppose une fille charmante, qu'il n'a jamais vue : Pintrel en est amoureux, la lui amene, & la Fontaine consent à leur union. Sur ces entrefaites, il reçoit une lettre de Moliere, qui lui annonce que son Tartuffe est arrêté, par une intrigue de devots, & que Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV, vient d'être conduit à la Bastille, par ordre de sa majesté. On sait que la Fontaine avoit un logement chez ce ministre, qui lui avoit assuré une pension de 2000 liv. ; & l'on juge de l'effet que la lettre de Moliere produit sur le cœur de notre poëte, qui, s'oubliant lui-même, pour ne songer qu'à son bienfaiteur & à son ami, part aussi-tôt pour voler à son secours, & défendre son innocence contre tous ceux qui osent l'attaquer.
Il reparoît à la surintendance dans l'instant où, par erreur, on met le scellé sur ses papiers, malgré la défense que l'on en avoit faite au commiſſaire, qui , honteux de la méprise de son
clerc, supplie la Fontaine d'agréer son hommage & ses excuses.
Colbert lui envoie de la part du roi, un brévet de pension de 200 pistoles : la Fontaine le refuse, parce qu'il regarde Colbert comme le principal auteur de la disgrace de Fouquet. On lui observe que ce refus peut déplaire à sa majesté, il accepte ; mais il apprend que cette pension est la moitié de celle de Pélisson, attaché au surintendant, & dès-lors il rejette absolument cette grace qui blesse tout à la fois & son honneur & sa délicatesse. Cependant le voilà sans fortune & sans asyle ; & Moliere le presse d'en accepter un dans sa maison. J'y allois, mon ami, lui répond la Fontaine, & Moliere le conduit chez lui.
On voit que l'auteur a moins cherché à peindre son personnage sous les traits du fabuliste, que sous ceux de l'homme sensible, du véritable ami, & la maniere dont il a su le présenter, fait autant d'honneur à son ame qu'à son esprit. Il faut voir la piece pour juger du mérite des détails. Le quiproquo des contes & des fables, la simplicité de la Fontaine dans la scene du combat ; sa bonhommie quand le cocher lui rapporte l'argent qu'il a laissé dans la diligence ; l’ineptie du clerc de commissaire, qui croit avoir découvert une conjuration contre le Sophi, dans un fragment manuscrit de la fable du Pot au lait : tous ces détails sont aimables & gais.
On peut seulement reprocher à l'auteur d'avoir souvent chargé le portrait de la Fontaine. Le fabuliste étoit simple, mais sensé, crédule sans ineptie : ses distractions seules, & l'attention qu'il mettoit à ses ouvrages, rendoient son caractere froid & bizarre, au lieu que l'auteur l'a peint quelquefois vif, brouillon, emporté, & confiant jusqu'à la bêtise. Mais c'est sur-tout dans le premier acte qu'on peut relever ces défauts.
Le public a demandé l'auteur : un acteur a nommé M. Pariseau : le vif désir que l'on a témoigné de le voir, prouve que son succès n'est pas équivoque.
La base César appelle la pièce Jean de la Fontaine. Elle est de Pierre-Germain Parisau ou Pariseau, a été créée le 21 mars 1790 et a connu 25 représentations au Théâtre de Monsieur / Théâtre Feydeau, jusqu’au 9 mars 1792. Elle a été reprise en 1799 au Théâtre des Jeunes Artistes pour 2 représentations (4 et 9 octobre).
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