Jean Monnet

Jean Monnet directeur de l’ancien Opéra-Comique, vaudeville en un acte, par les Cs Radet, Barré et Desfontaines. 4 Thermidor an 7 [22 juillet 1799].

Théâtre du Vaudeville

Almanach des Muses 1800

Vadé s'est brouillé avec Monnet, directeur de deux théâtres forains, et ne sait plus comment faire recevoir ses pièces. Anseaume s'est chargé de les présenter sous son nom, on va répéter Jérôme et Fanchounette ; si la pièce réussit, Vadé sera nommé ; si elle tombe, elle restera sous le nom d'Anseaume. Monnet arrive, et félicite Anseaume sur sa pièce ; il lui apprend ensuite que son ancienne maîtresse, Agnès Doucet, qu'il a surnommé Violentine à cause de son caractère, lui a, par suite de sa jalousie, adressé un cartel. Il ajoute qu'avant de l'accepter, il lui a proposé de lui donner quelques leçons d'armes. Violentine paraît en effet, et veut prendre sa leçon. Monnet la place, et reçoit bientôt une botte de son écolière. C'en est assez ; le rendez-vous est donné au bois de Vincennes. Cependant la répétition doit commencer, l'amoureuse se fait attendre, elle arrive ; un couplet lui déplaît, elle veut qu'on le supprime. Vadé, qui est caché, s'impatiente, et crie de loin qu'il veut que son couplet soit chanté. On va chercher Vadé, Monnet est furieux qu'on l'ait trompé ; mais le mérite de l'ouvrage le réconcilie avec l'auteur. La réconciliation avec Violentine est moins facile. Elle veut se battre, et néanmoins qpporte à Monnet une donation de tout son bien, dans le cas où elle serait tuée. Vadé, pendant leur entretien, court endosser l'habit d'un exempt de la connétablie, et sous ce déguisement se présente pour arrêter Monnet. Violentine se radoucit, demande la liberté de son ami. Le faux exempt n'y consent qu'à condition qu'on fera la paix. On s'embrasse ; Vadé quitte l'habit bleu et les moustaches, et directeur, auteur et comédiens, vont dîner à Vincennes, où le duel devait avoir lieu.

Toujours de l'esprit et de la gaîté, comme dans tous les ouvrages des mêmes auteurs.

Courriers des spectacles, n° 882 du 5 thermidor an 7 [23 juillet 1799], p. 2 :

[Il suffit qu’une pièce soit gaie pour plaire au théâtre du Vaudeville, et le trio d’auteurs vedettes sait écrire des couplets pleins « d’esprit et d’une gaîté franche ». Cela commence dès le traditionnel couplet d’annonce, répété, et que le critique reproduit. Puis il nous entraîne dans une intrigue qui fait découvrir les coulisses de la vie théâtrale, brouilles entre auteur et directeur, ruses pour faire jouer quand même une pièce, problèmes d’ego, autour du costume comme de l’obligation de respecter ce que l’auteur a écrit. On y ajoute un peu de rebondissements comme une sombre histoire de duel, ou un déguisement d’un personnage en exempt. Tout finit naturellement par s’arranger, et les gens brouillés se réconcilient : à défaut de chansons, la pièce finit par un diner. Le jugement porté sur la pièce n’est pas si élogieux : pour apprécier la pièce, il faut accepter tous ces détails sur la vie des coulisses, et ils sont bien nombreux. Mais les couplets sont « fort jolis » et « font le principal mérite de cet ouvrage ».]

Théâtre du Vaudeville.

La gaîté est l’ame du vaudeville, aussi est-on sûr de réussir dans ce genre d’ouvrage avec des couplets à la fois remplis d’esprit et d'une gaîté franche, tels qu’on est habitué à trouver ceux des citoyens Barré, Radet et Desfontaines. Ces trois associés, c’est ainsi que le citoyen Rozieus les a nommés qui les demandoit à grand cris, ont obtenu un très-agréable succès dans leur nouvel ouvrage intitulé Jean Monnet, directeur de l’ancien Opéra Comique. Le couplet d’annonce adapté au vaudeville d’Arlequin afficheur a été très-applaudi, on l’a fait répéter. Arlequin après avoir averti que Jean Monnet étoit directeur des théâtres des foires St.-Germain et St.-Laurent, chante :

Sur ces tthéâtres-là Pannard,
Dorneval, Fuselier, Lesage,
L’enjoué Piron et Favart
Ont donné plus d’un bon ouvrage.
Quand nous ouvrons, en hésitant,
Leur joyeuse et riche boutique,
Puissiez-vous vous croire un instant
        A l’Opéra-Comique.

Vadè est brouillé avec Jean Monet, et il ne sait plus comment faire recevoir ses pièces aux deux théâtres dont ce dernier est directeur. Anseaume s’est chargé de les présenter sous son nom, et l’on va commencer la répétition de Jérôme et Fanchonnette, pièce poissarde. Si la pièce réussit, l’officieux Anseaume nommera le véritable auteur ; mais si elle est sifflée, il se propose de supporte; seul les désagrémens de la chûte. Damour, tailleur de la comédie attend Anseaume, qui en est le secrétaire, et de plus auteur de la piece nouvelle, et ouvre la scène par un couplet très-plaisant, dans lequel il compare à son avantage les personnages d’auteurs et de tailleurs, et avance que les pièces de ces derniers sont généralement mieux cousues que celles des autres.

Le principal objet de Damour est d’avertir Anseaume que l’acteur chargé du rôle de Jérôme, veut le jouer en culotte de taffetas et en bas de soie. A ce sujet l’auteur adresse quelques leçons sur la manière de se costumer, dont plus d’un acteur pourroit faire son profit. Monet arrive, et après avoir félicité Anseaume sur son charmant ouvrage de Jérôme et Fanchonnette, il lui apprend que son ancienne maîtresse , nommée Agnès Doucet, mais qu'il a mieux appellée Violentine d’après son caractère, lui a, par suite de sa jalousie, adressé un cartel. Avant de l’accepter, Monet lui a proposé de lui donner quelques leçons d’armes : elle y a consenti, et bientôt en effet elle arrive sur le théâtre pour exiger sa leçon. En la prenant, la bien nommée Violentine par vient à porter une botte à son maitre. Au comble de la joie, elle n’a désormais plus besoin de leçon, et donne rendez-vous à son infidèle à deux heures, au bois de Vincennes.

La répétition va commencer : Mademoiselle Ratton qui doit jouer Fanchonnette, se fait attendre, mais comme l’observe Anseaume, elle joue les amoureuses, avec beaucoup d'agrémens.

Aussi de ce rôle, la belle
Cherche toujours la vérité :
Et ne sort jamais de chez elle
Sans l’avoir souvent répété.

Au milieu de la répétition, pendant laquelle Vadé s’est caché, Mlle Ratton trouve un couplet qui n'a pas le don de lui plaire : elle prétend qu’elle ne le chantera pas. Vadé n'y peut tenir et cri de loin qu’il veut qu’elle le chante, on va le chercher. Moret [sic] est d’abord furieux qu’on l’ait trompé, mais le mérite de l’ouvrage le reconcilie avec l’auteur qui de son côté oublie son ressentiment. Celui d'Agnès Doucet n'est pas aussi aisé à appaiser. Elle vient interrompre la répétition et présente à Monnet une donation de tout son bien en cas qu’il la tue dans leur combat. Vadé profite du moment où ils s’expliquent pour aller endosser l’habit d'un exempt de la conétablie. Sous ce déguisement, la baguette en main, il vient pour arrêter Monnet dont les Maréchaux ont appris le duel.

Violentine cette fois se radoucit, elle supplie qu’on laisse son ami en liberté, l'exempt n’y consent qu’à condition qu’ils feront la paix. On s'embrasse. Vadé quitte la redingotte bleue et les moustaches, et la bande foraine va diner à Vincennes où le combat devoit avoir lieu.

Cette pièce offre nombre de détails très-vrais de ce qui se passe à l’acceptation d'une pièce et à sa répétion [sic] , mais nous craignons qu’ils ne paroissent un peu longs à ceux qui n’en ont jamais été témoins. ils ne pourront dumoins s’empêcher d’applaudir de fort jolis couplets qui font le principal mérite de cet ouvrage.

[Jérôme et Fanchonnette est une pièce de Vadé, de 1786.]

Lepan.

 

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