Jenny, ou les Ecossais

Jenny, ou les Ecossais, drame nouveau en 3 actes en prose, 6 fructidor an 8 [24 août 1800].

Théâtre des Jeunes Artistes (Théâtre de la Cité-Variétés)

Almanach des Muses 1801 (qui donne, à tort, comme date de création le 30 thermidor, soit le 18 août).

Courrier des spectacles, n° 1269 du 7 fructidor an 8 [25 août 1800], p. 2 :

[L’article s’ouvre sur des considérations sur le lien entre chaleur et théâtre, le Théâtre de la Cité ayant peu joué aux temps chauds. Mais il a repris ses activités, avec une nouveauté qui plus ets. Elle est due à un jeune auteur, et le critique discute minutieusement sur la question de savoir si ce début est réussi. Réponse : oui et non, les applaudissements étant mêlés de murmures, le sujet étant dramatique, mais mal conçu, des situations attachantes étant gâtées par un grand manque d'ensemble, qu’excuse un peu le fait que ce soit une première, les tirades de sentiment n’ayant pas bien passé la rampe. Après ce début très mitigé, le critique raconte une intrigue de mélodrame avec tous les accessoires nécessaires : la haine de deux familles qui a occasionné un massacre chez les Suffolck, les enfants des deux familles s’aimant, et allant jusqu’à se marier secrètement, alors que le fils des Sufflock devait aller chez son ennemi pour préparer son meurtre, le serviteur qui est un traître, un souterrain où les amants se cachent, le fils désobéissant à son père, le poignard qui va servir à conduire à la mort la fille de Suffolck, jusqu’à la surprise finale : « Elle est ta fille ». Il n’y a plus qu’à punir le traître rendu responsable de la haine des familles, et à reconnaître le mariage entre les deux familles. Le critique préfère ne pas commenter une aussi belle intrigue.]

Théâtre de la Cité.

Ce théâtre qui depuis quelque tems, et sans doute à cause des chaleurs, ne donnoit des représentations que d’intervalle en intervalle, paraît aujourd’hui s’organiser de manière a en donner de plus suivies. Plusieurs sujets connus dans le genre de la pantomime sont sur le point d’y reparaître, et l’on y prépare des nouveautés. Hier on en donna une sous le titre de Jenny, ou les Ecossais, drame en trois actes et en prose. C’est le début d’un jeune auteur ; a-t-il réussi ? des applaudissemens assez nombreux ont dû lui dire : Oui ; quelques murmures ont dit : Non. Or, pour mettre d’accord et les approbateurs et les improbateurs, nous hazarderons notre opinion, et nous dirons aux uns que le sujet est sans doute dramatique, aux autres qu’il est mal conçu, aux premiers qu’il y a des situations attachantes, aux seconds qu’elles ont été exécutées, pour une première fois, il est vrai, avec peu d’ensemble, à ceux-là que le citoyen Bosset a bien dit des tirades entières de sentiment, à ceux-ci qu’il n’a pu faire passer celle où il veut que l’on fréquente l’avenue entre son château et celui de son ennemi, et que dans cette avenue, on voie croître des roses au lieu de ronces ; certes, si cette avenue devient fréquentée, on n’y verra croître ni les unes ni les autres. — Passons à l’analyse de cet ouvrage.

L’ambition a désuni les deux puissantes familles de Sommerset et de Suffolck. Le duc de Sommerset, vainqueur du duc de Suffolck, son rival, en faveur auprès du Souverain de l’Ecosse a poussé la cruauté jusqu’à le faire périr sur un échafaud.

Suffolck, fils de cet infortuné, est aussi l’objet de la vengeance de Sommerset, et il voit sa femme égorgée, sa fille Clary enlevée, sans pouvoir les défendre, lui-même ayant été laissé pour mort sur le corps d’un jeune enfant, l’héritier de son nom. Echappé à ce massacre avec son fils Suffolck, il l’élève dans la haine de la maison de Sommerset, et lorsqu’il le croit capable de servir ses. projets, il lui ordonne de le suivre et de l’introduire déguisé en pèlerin, dans le château de son ennemi qu’il doit immoler. Le jeune comte de Suffolck obéit. Son père lui ayant même recommandé de chercher à captiver le cœur de Jenny, fille de Sommerset, afin d’arriver plus sûrement jusqu’à lui, Saffolçk inconnu, réussit au gré de ses désirs. Mais loin de servir son père, il ressent lui-même un amour violent pour Jenny, qui répond à son ardeur, et qu’il épouse secrètement.

Fabricio, intendant de Suffolck, homme fourbe et cruel a apprend ce mariage par les émissaires qu’il soudoie dans le château de Sommerset : il en instruit le duc de Suffolck qui ne veut plus revoir le Comte, le fait arrêter et le condamne à être renfermé dans une prison. Inquiète sur le sort de son époux, Jenny s’échappe du château de Sommerset, et arrivée à celui de Suffolck, elle cherche à rejoindre le Comte, lorsque Fabricio qui a osé élever ses vœux jusqu’à elle, se met à sa poursuite ; elle lui échappe, et elle arrive, après bien des détours, dans un souterrain où elle trouve son époux.

Le Duc veut forcer le Comte à la lui livrer : celui-ci invoque le secours des soldats qui sont venus pour l’arrêter, et qui à sa voix sont immobiles, et tournent leur armes contre le Duc et contre Fabricio. Le Comte leur ordonne de respecter son père, et celui-ci, accompagné de son intendant, se prépare à frapper le Duc de Sommerset dans son propre château. Déguisés en pèlerins, ils s’y rendent l’un et l’autre. Sommerset les accueille avec bonté, quoiqu’instruit par un billet de Fabricio que son compagnon est le duc de Suffolck.

Pour se venger de lui, Sommerset lui envoie sa fille Clary qu’il lui a jadis enlevée, mais que Suffolck, qui la croit fille de Sommerset, va assassiner , d’après les conseils de Fabricio, lorsque Sommerset accourt et s’écrie : Elle est ta fille. Le poignard tombe des mains de Suffolck et Fabricio est envoyé au supplice comme auteur des dissensions des deux familles. Le comte de Suffolck et Jenny terminent le tableau, et reçoivent des ducs de Suffolck et de Sommerset le consentement à leur mariage.

F. J. B. P. G***.

Lecomte, Histoire des théâtres de Paris : le Théâtre de la Cité, Paris, 1910, p. 209 :

6 fructidor (24 août) : Jenny, ou les Ecossais, drame en 3 actes, par ***.

Une haine implacable sépare les deux familles de Sommerset et de Suffolk. Du fait de Sommerset, le duc de Suffolk a péri sur l'échafaud. Le fils de cet infortuné est aussi victime de l'ennemi de sa race ; il voit, sans pouvoir les défendre, sa femme égorgée et sa fille Clary enlevée. Préservé par miracle, il élève le jeune comte, son fils, dans l'horreur des Sommerset et, quand il le croit capable de servir ses projets, il pénètre avec lui dans le château du duc pour lui ôter la vie ; mais le jeune homme tombe amoureux de Jenny, fille de Sommerset, se fait aimer d'elle et l'épouse secrètement. Fabricio, intendant de Suffolk, apprend ce mariage et en instruit son maître qui condamne le coupable à la prison. Jenny quitte le château de Sommerset et délivre le comte que son père entraîne, déguisé comme lui en pèlerin, chez leur ennemi pour le frapper enfin. Prévenu par Fabricio, dont Jenny a repoussé les vœux avec mépris, Sommerset envoie à Suffolk Clary, qu'il lui a jadis enlevée et que, la croyant fille du duc, les pèlerins vont assassiner sur le conseil de Fabricio lorsque Sommerset accourt et révèle l'étal-civil de Clary. Fabricio est livré au supplice comme auteur des dissensions des deux familles et les seigneurs, réconciliés, ratifient l'union de leurs enfants.

Trame vulgaire qui intéressa peu et dont l'auteur ne se fit pas connaître. — Non imprimée.

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