Jérusalem déshabillée, parodie en un acte de la Jérusalem délivrée [de Baour-Lormian], de Moreau, Ourry et Théaulon,3 octobre 1812.
Théâtre du Vaudeville.
Almanach des Muses 1813.
La date de première est confirmée par l’annonce faite ce jour-là par le Journal de Paris.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mme Masson, 1812 :
Jérusalem déshabillée, parodie en un acte, en prose et en vaudevilles, de l'opéra de Jérusalem délivrée, par MM. ***. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 3 octobre 1812.
L’exemplaire de la brochure mise en ligne par la BNF porte la mention manuscrite du nom des auteurs, Moreau, Ourry et Théaulon, « d’après l’annuaire dramatique ».
Journal de Paris, n° 278 du 4 octobre 1812, p. 2 :
[Les parodistes ne sont que des gens qui piquent de leur aiguilles les personnages de la pièce parodiée, en profitant de la liberté qu’on leur donne de se moquer. Et certains personnages d’opéra donnent la partie facile aux parodistes : ceux de la Jérusalem délivrée de Baour-Lormian leur rendent la critique aisée. La parodie revient à mettre face à face le nouvel opéra et l’Armide de Quinault. Deux troupes rivales tentent de s’imposer dans Carcassonne où il n’y a pas de place pour tant de spectacles : même les costumes manquent pour vêtir les deux troupes. Les accidents qui émaillent la parodie reproduisent les incidents d’une représentation d’opéra, jusqu’à ce que les deux troupes comprennent que leur intérêt est de ne pas rivaliser. Reste à juger la pièce. La parodie repose sur trois piliers, esprit, gaieté, malice. Hélas, si la pièce nouvelle ne manque pas d’esprit, ni de malice, elle manque cruellement de gaieté, et c’est bien ce que le public lui a reproché. Dernière perfidie : la parodie pourrait bien avoir échoué parce qu’elle parodie une assez mauvaise pièce.]
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
Première représentation de Jérusalem déshabillée, parodie de la Jérusalem délivrée.
On a dit souvent : il n’y a pas de héros pour son valet de chambre. Pourquoi ? parce que le valet de chambre voit le héros déshabillé. Les parodistes sont les malins valets de chambre des héros tragiques et lyriques ; il[s] les déshabillent et s’amusent à leur faire sentir jusqu’au vif la pointe des grosses épingles qui soutenaient l’édifice de leur toilette. Jamais aucuns de ces héros n’ont dû craindre autant les piqûres et le déshabillé que ceux de la Jérusalem. Un léger manteau, orné d’un clinquant faufilé, couvre seul leur nudité ; encore ce manteau est-il d’emprunt ; et si les chevaliers d’Armide n’ont pas une garde-robe mieux montée qu’Epaminondas, ils doivent se résigner à garder le lit, pendant que leurs camarades useront leur costume.
Dans cet opéra de la Jérusalem, tant prôné d’avance, et qui avait, hélas ! escompté toute sa gloire aux répétitions, caractères, situations, habits, tout est tallé sur le patron d’Armide. Mais les héros de M. Baour ne sont pas de la même taille que ceux de Quinault, les costumes leur vont mal ; et il s’en faut encore bien plus qu’ils ne parlent le même langage. Ce sont de ces personnages de bal masqué, héroïquement travestis, mais que trahissent à chaque pas, à chaque lot, leur maintien gauche et leur jargon plébéien.
Telle est l’idée qu’on a voulu développer dans la parodie. Deux troupes de comédiens exploitent en concurrence la ville de Carcassone, qui, jamais, n’en a pu nourrir une seule. Une de ces troupes va donner la première représentation de la Jérusalem délivrée, et le même jour l’autre se dispose à jouer Armide ; mais il n’y a qu’un costumier dans la ville, et le Babin de Carcassone a loué tous les habits qui servent ordinairement à Armide, aux acteurs du nouvel opéra.
Tancrède s’est paré de l’habillement de Renaud, Roger a revêtu l’armure du chevalier danois ; il n’y a pas jusqu’à la Haine dont on n’ait raccourci le costume pour en affubler la Discorde.
La Jérusalem se joue, et des événemens de coulisses en parodient les situations ; enfin, les deux troupes sentent qu’il est de leur intérêt de se réunir, et elles se promettent de vivre en bonne intelligence, sans jalousie, sans cabale, sans intrigue, ainsi que les comédiens des grands théâtres de Paris.
La poétique de la parodie n’est point encore et ne sera probablement jamais établie sur des principes bien fixes. Esprit, malice, gaieté, voilà jusqu’ici les trois conditions qu’on a imposées à ce genre. Il y a de l’esprit dans la Jérusalem déshabillée, et les auteurs ont fait une grande dépense de malice, sans doute pour faire excuser leur économie de gaieté. Le public n’a point admis la compensation, et leur a dit un peu durement : « Messieurs les parodistes, pincez tant que vous pourrez, mais ne pincez jamais sans rire. » Voilà donc Jérusalem triomphante d’un premier assaut.
Serait-il vrai qu’on ne peut parodier avec succès que les bons ouvrages ?
A.
Magazin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1812, tome V, p. 441 :
[Après le résumé de l'intrigue, le constat du peu de succès de la pièce, méchante (c'est une parodie), mais sans l'indispensable gaîté qu'on attend dans ce genre de pièce.]
Jérusalem déshabillée, parodie de la Jérusalem délivrée, en un acte et en vaudevilles , jouée le 3 octobre.
Deux troupes de comédiens exploitent en concurrence la ville de Carcassone. Une de ces troupes va donner la première représentation de la Jérusalem délivrée, et le même jour, l'autre se dispose à jouer Armide ; mais il n'y a qu'un costumier dans la ville, et il a loué tous les habits qui servent ordinairement à Armide, aux acteurs du nouvel opéra. Tancrède s'est paré de l'habillement de Renaud, Roger a revêtu l'armure du chevalier danois ; il n'y a pas jusqu'à la Haine dont on n'ait raccourci le costume pour en affubler la Discorde. La Jérusalem se joue, et des événemens de coulisses en parodient toutes les situations ; enfin les deux troupes sentent qu'il est de leur intérêt de se réunir, et elles se promettent de vivre en bonne intelligence, sans jalousie, sans cabale, sans intrigue, ainsi que les comédiens des grands théâtres de Paris. Cette parodie a eu peu de succès. Elle ne manque pas de méchanceté, mais elle manque de gaieté.
La Bibliothèque de M. de Soleinne , volume 2, p. 265, l'attribue à un trio d'auteurs, Théaulon de Lambert, Ourry et Moreau.
Ajouter un commentaire