Joconde (Desforges, Jadin

Joconde, opéra en trois actes, paroles de M. Desforges, musique de M. Louis Jadin, 14 septembre 1790.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Joconde

Genre

opéra

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

 

Musique :

oui

Date de création :

14 septembre 1790

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

M. Desforges

Compositeur(s) :

M. Louis Jadin

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome X (octobre 1790), p. 323-325 :

[Une fois de plus, la pièce dont on rend compte n’est pas neuve : elle reprend (mais sans être la première à le faire) un conte de La Fontaine, qui s’inspirait de l’Arioste. Bien que le sujet soit donné comme connu de tous, le critique nous raconte l’intrigue (ou plutôt comment les auteurs ont mis sur la scène une situation scabreuse). L’auteur des paroles s’est acquitté comme il a pu de cette difficile mission, non sans longueurs, mais on lui accorde comique et style soigné. Par contre, la musique est enthousiasmante. Certes, on y a trouvé des réminiscences et une certaine monotonie dans les accompagnements, mais ce sont là des défauts de jeunesse, faciles à corriger : le compositeur est invité à dompter sa fougue et à ne pas « faire vîte ».]

On a donné, avec succès, mardi 14 septembre , la premiere représentation de Joconde, opéra en trois actes, paroles de M. Desforges, musique de M. Louis Jaudin.

Cette piece est tirée, ainsi que celle de Fagan, intitulée de même, & donnée en 1740 au théâtre françois, du conte de la Fontaine, qui en avoit puisé le fonds dans le poëme de l'Arioſte. C'est un sujet si connu, qu'il suffit de le nommer pour mettre les lecteurs au courant. Voici le parti qu'a pris M. Desforges, afin d'offrir décemment cette action sur la scene.

Astolphe, roi de Lombardie, & Joconde qui partage avec lui ses bonnes fortunes, ayant parcouru différentes contrées, sans avoir trouvé une femme insensible, arrivent dans une hôtellerie, & voyant que le livre qui renferme la liste de leurs galans exploits, ne peut plus contenir qu'un seul nom, s'avisent, pour couronner leurs travaux amoureux, de jetter les yeux sur la fille de l'hôtesse. Cette jeune personne se divertit à leurs dépens, &, d'accord avec la femme d'Astolphe,. & celle de Joconde, qui courent I'une & l'antre après leurs maris, afin de prouver qu'elles sont innocentes, finit par donner à ces deux conquérans, un rendez-vous nocturne. Elle met à cette démarche une condition, c'est qu'elle ne favorisera que celui qui fera entendre les plus doux chants.

Sûrs de la victoire, Astolphe & Joconde tirent au sort, à qui attaquera le premier un cœur qu'ils regardent comme tout neuf.

De la châpe à l'évêque , hélas ils se battoient,
        Les bonnes gens qu'ils étoient :

car la friponne profite de l'obscurité, pour écouter, entr'eux deux, un valet qui l'entretient de son amour, en imitant alternativement, la voix d'Astolphe & celle de Joconde, lesquels, ayant juré de ne parler que chacun à leur tour, gardent pendant ce tems-là le silence. Les deux coureurs d'aventures n'ont pas plutôt découvert cette supercherie, qu'ils renoncent à leur vie errante, & se raccommodent avec leurs femmes, dont ils avoient mal-à-propos soupçonné la fidélité.

On conçoit la difficulté qu'il y avoit à présenter sur la scene un pareil sujet : les situations
les plus intéressantes ne pouvoient qu'être indiquées ; aussi est-ce à quoi l'auteur s'est borné. Il y a des longueurs dans cet ouvrage, mais il y a des traits comiques, & le style en est très-
soigné. La musique, qui est de M. Louis Gadin, auteur de celle de r
use contre ruse, opéra donné à Versailles, a excité le plus vif enthousiasme ; elle est fraîche, mélodieuse & savante, mais il y a quelques réminiscences, & en général une maniere uniforme dans les accompagnemens. Ces légers défauts, bien pardonnables à un si jeune compositeur (il n'a que 22 ans) disparoîtront aisément s'il veut réprimer un peu le feu naturel à son âge, & cette ardeur immodérée de faire vîte, qui fait qu'on s'approprie, sans le vouloir, les idées de ses rivaux & de ses maîtres.

Dans la base César, la pièce de Desforges et Jadin devient la Joconde. Elle a été jouée 21 fois au Théâtre de Monsieur / Théâtre Feydeau, du 14 septembre 1790 au 14 juillet 1792 (11 fois en 1790, 7 fois en 1791, 3 fois en 1792).

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