Justine & Bastien

Justine & Bastien, opéra-comique en un acte, 12 frimaire an 2 (2 décembre 1793).

Théâtre françois, comique et lyrique.

Titre :	Justine et Bastien
Genre	opéra-comique
Nombre d'actes :	1
Vers / prose
Musique :	oui
Date de création :	12 frimaire an 2 (2 décembre 1793)
Théâtre :	Théâtre français, comique et lyrique
Auteur(s) des paroles :
Compositeur(s) :

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 2 (février 1794), p. 334-333 :

[Le compte rendu « exécute » la pièce avec aisance : après un résumé de l’intrigue, un paragraphe juge la pièce en deux phrases : l’une sur l’auteur, dont le but est réduit à « faire une piece », but évidemment atteint, l’autre sur le compositeur, qui « a voulu combiner des accords, mettre des notes sur des paroles, & il y a réussi ». On ne peut être plus expéditif ! Seul le compositeur a droit à ce qui peut passer pour des encouragements : « si la musique n'est pas aussi dramatique qu'elle devroit l'être, si elle conserve quelques-unes des vieilles formes, elle offre aussi des chants agréables, qui donnent lieu de croire que son auteur pourra réussir dans la carriere musicale ». Rien sur l’interprétation.]

THÉATRE FRANÇOIS, COMIQUE ET LYRIQUE.

Justine & Bastien, opéra-comique en un acte.

Lorsqu'on ne met que trois personnages sur la scene, il n'est pas si aisé qu'il le paroît bien, de les faire agir & parler pour instruire ou amuser pendant une heure ; il ne faut donc pas en vouloir à l'auteur de Justine & Bastien. Ce jeune homme est le fils du jardinier Brice, qui doit lui laisser une grosse fortune. Maie ne voilà-t-il pas qu'il contrarie tous les projets de son pere, en s'amourrachant de la petite Justine, qui n'est autre chose qu'une servante de la maison. Brice a cru s'en appercevoir, & il veut y mettre ordre en la chassant.

Mais auparavant, il veut aussi être bien certain qu'il ne s'est pas trompé. C'est pour cela qu'il enferme Bastien chez lui, & qu'il sort pour venir trouver Justine dans le jardin. Oh ! oui, notre amant qui a un rendez-vous de sa maîtresse, restera chez lui. Ce seroit bien peu connoître l'amour que de le supposer. Il descend par la fenêtre, & se trouve aux pieds de Justine, avant que son pere ait terminé ce qu'il avoit à faire dans le village.

Brice arrive cependant ; mais les amoureux qui ont l'oreille alerte, l'avoient entendu, & Bastien, léger comme un oiseau, est déjà perché sur un grand pommier, dont le feuillage le dérobe aux regards de son pere. Celui-ci questionne Justine, surprend l'aveu de son amour, & finit par lui défendre de reparaître dans sa maison.

Il est à peine sorti, que Bastien descend désespéré, & qu'il proteste à sa maîtresse de mourir plutôt que de l'abandonner. La conversation s'anime, on entend trop tard le pere qui revient ; Bastien n'a pas le tems de remonter sur l'arbre, & il ne reste à Justine que la ressource de le cacher sous un paillasson. Brice arrive ; il désire d'entretenir encore un instant Justine ; & comme il est fatigué, il veut se reposer sur le banc, au bout duquel se trouve le paillasson. Il s'en approche, de maniere qu'en s'asseyant, il tombe entre le banc & Bastien, & qu'il y auroit vraiment de quoi rire de cette mal-adresse, dans toute autre situation où il ne faudroit pas s'intéresser au sort des deux jeunes amans; Que vont-ils devenir ? Brice entre en fureur, Brice les accable du poids de sa colere ! Il ne reste à Justine que le parti de perdre connoissance, & c'est ce qu'elle fait. Qu'on juge alors du désespoir de Bastien, lui qui croit que Justine est morte ! Il accable son pere de reproches, il se fâche plus fort que lui, il se tueroit même, s'il avoit une serpette. Heureusement, il n'en trouve point, & Brice craignant de perdre ce fils unique, prend le parti de se conformer à sa volonté, après lui avoir fait observer qu'il n'aura aucun reproche à se faire, s'il a lieu -d'être fâché un jour de s'être marié trop jeune, -& d'avoir épousé une femme sans bien.

Quel a été le but de l'auteur de Justine & Bastien ? De faire une piece, & il l'a rempli. L'auteur de la musique de cet opéra a voulu combiner des accords, mettre des notes sur des paroles, & il y a réussi. Comme c'est sans doute un jeune compositeur, nous devons faire observer qu'il mérite des encouragemens, & que, si la musique n'est pas aussi dramatique qu'elle devroit l'être , si elle conserve quelques-unes des vieilles formes, elle offre aussi des chants agréables, qui donnent lieu de croire que son auteur pourra réussir dans la carriere musicale.

La base César ne connaît pas Justine et Bastien.

Dans la Gazette nationale, ou le Moniteur universel du 12 frimaire an 2 (2 décembre 1793), la première représentation de Justine et Bastien est annoncée. Deuxième représentation le 13 frimaire, troisième le 15 frimaire, puis représentation le 21 frimaire, le 22 frimaire, le 26 frimaire, le 27 frimaire, le 30 frimaire (volume 18 de la réimpression de 1860). Dans le volume 19, mention d’une représentation le 2 nivôse an 2 (22 décembre 1793).

André Tissier, les Spectacles à Paris pendant la révolution, tome 2 (2002), p. 295, compte 11 représentations.