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La Jeune mère, ou les Acteurs de société
La Jeune mère, ou les Acteurs de société, vaudeville en deux actes, de Dupaty, 4 brumaire an 14 [26 octobre 1805].
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
Jeune mère (la), ou les Acteurs de société
Genre
comédie mêlée devaudevilles
Nombre d'actes :
2
Vers / prose
prose, avec couplets en vers
Musique :
vaudevilles
Date de création :
4 brumaire an XIV [26 octobre 1805]
Théâtre :
Théâtre du Vaudeville
Auteur(s) des paroles :
Dupaty
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an XIV – 1806 :
La jeune Mère, ou les Acteurs de société, comédie en deux actes, mêlée de vaudevilles ; Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 4 brumaire an 14 (octobre 1806).
La date d’octobre 1806 est erronée : brumaire an 14 renvoie à octobre-novembre 1805.
Courrier des spectacles, n° 3201 du 7 brumaire an 14 [29 octobre 1805], p. 2 :
[La pièce doit son succès au talent de son interprète principale, car il fallait trouver une actrice jouant le rôle d’une mère confondue avec sa fille de 14 ans, la moitié de son âge. L’intrigue résumée après ce préliminaire est sans surprise : un père qui veut marier sa fille et n’a trouvé qu’« un de ces jeunes étourdis à la mode, qui prétendent savoir tout et ne pouvoir jamais se tromper ». Celui-ci veut savoir à qui on le marie, et arrive déguisé chez son futur beau-père, rencontre la jeune mère elle même déguisée en ingénue pour les besoins d'une pièce jouée en société, et la prend pour sa fiancée. Il s’en éprend, bien sûr. Et celle-ci s’amuse avec lui, et va jusqu’à mettre son mari dans la confidence. Après s’être bien moqué, on lui révèle la vérité(assez mystérieusement, le jeune homme connaissait sa future femme sans avoir que c’est elle qu’on lui destinait...). Et tout s’arrange. La pièce mérite bien des éloges : le critique la trouve « écrite avec beaucoup d’esprit », il trouve que les caractères principaux sont bien dessinés, les couplets ont eu du succès. Et les interprètes ont droit aussi à des félicitations, avec mention particulière pour madame Belmont. L’auteur n’est pas nommé, mais il a été cité dans un court article précédemment.]
Théâtre du Vaudeville.
La Jeune Mère, ou les Acteurs de société.
(Deuxième représentation).
Le succès de cette pièce ne tenoit pas seulement aux talens de l’auteur, mais à 1a grâce, à la fraicheur et à la jeunesse de l’actrice principale. Le point capital étoit de trouver une mère dont la figure eût assez de charme pour occasionner une agréable méprise entre elle et sa fille. Mad. Bellemont réunit heureusement toutes ces qualités, et les grâces de sa personne s’allient très-bien avec l’esprit de son .rôle.
Dorimond est un homme d’un âge déjà avancé, mais d’un caractère vif et enjoué ; il est époux d’une jeune femme qui n’avoit que quatorze ans à l’époque de son mariage, et qui, à vingt huit ans, possède encore tout l’éclat de sa première jeunesse. Elle est mère d’une jeune fille belle comme elle, et que l’on pourroit facilement prendre pour sa sœur. Dorimond qui se plait au milieu des fêtes et des plaisirs, s’occupe en même tems du mariage de sa fille et de la répétition d’une petite comédie qu’il veut donner dans son château. L’époux qu’il destine à Laurette est le neveu d’un de ses amis ; c’est un de ces jeunes étourdis à la mode, qui prétendent savoir tout et ne pouvoir jamais se tromper. Comme il n’estime pas prodigieusement la judiciaire de son oncle, il prend le parti d’apprécier par lui même le mérite de la femme qu’on lui propose Il se déguise en musicien, et prend occasion de la fête pour se présenter comme chef d’orchestre.
La première personne à laquelle il se pré sente est la jeune Mère qui vient de se costumer en jeune-première pour jouer un rôle d’ingénue. Florville, ce pretendu grand connoisseur, ce juge pénétrant et infaillible, frappé de sa beauté et de son air de jeunesse, ne doute pas que ce ne soit la femme qu’on lui destine. Il s’explique d’abord avec circonspection, se laisse prendre aux charmes de la belle personne, et finit par lui avouer son amour et son déguisement.
La jeune Mère qui a tout deviné, s’amuse à le laisser dans son erreur, et lui répond avec tant de justesse et d'esprit, que Florville en est tout déconcerté. Cette scène faite avec beaucoup de talent, est d’un effet théâtral très-piquant. Elle est d'ailleurs jouée avec une intelligence parfaite par Mad. Bellemont.
Mais comme c’est double fortune que de mystifier les présomptueux, Mad. Dorimond raconte à son époux ce qui vient dé se passer ; tout le monde se réunit pour rire aux dépens de Florville ; et quand on s’est suffisamment amusé de sa crédulité, on lui présente Laurette à côté de sa mère. Heureusement Florville la connoissoit avant de savoir qu’elle lui étoit destinée ; et comme il l’aimoit en secret, il se trouve heureux d’accepter la main qu’on lui présente.
Cette pièce est écrite avec beaucoup d’esprit. Le caractère de la jeune Mère est dessiné d’une manière fine et ingénieuse ; celui de Dorimond est d’une gaîté facile et naturelle. Plusieurs couplets très-bien tournés ont été redemandés. D’ailleurs la pièce a été jouée avec un talent particulier par Vertpré, chargé du rôle de Dorimond, par Chapelle et St-Léger Mad. Bellemont a reçu du public des témoignages nombreux du plaisir qu’elle a fait dans le rôle de la jeune Mère.
Mercure de France, littéraire et politique, tome vingt-deuxième (an XIV), n° CCXXVI (18 brumaire an 14, samedi 9 novembre 1805), p. 285-287 :
[Le critique montre envers la pièce et son auteur bien peu de sympathie : les pièces de Dupaty montrent de l’esprit, mais leur action est mal conçue et elle traîne en longueur. Le résumé de l’intrigue de cette Jeune mère est plein de réticences : la jeune mère a vieilli, son enfant précoce et son jeune amant ont été bien prompt à s’enflammer l’un pour l’autre. La confusion que ce dernier fait de la mère et de la fille est « un peu forte » et ne dure pas : la jeune ingénue apprend de celui qu’elle aime à dire : Je vous aime, et le dénouement attendu s’accomplit. « Ce vaudeville est un peu froid et traînant, malgré les coupures » effectuées après la première, sans doute parce que le succès n’avait pas été sans mélange, les deux acteurs principaux sont félicités (surtout madame Belmont, d'ailleurs : Henri doit faire encore bien des progrès !).]
Théâtre du Vaudeville.
La Jeune Mère, ou les Acteurs de Société; par M Dupaty.
On retrouve toujours dans les productions de cet auteur les mêmes agrémens et les mêmes défauts. De l’esprit, de la grâce, de la vivacité, une intrigue triviale, ou une action mal conçue, embrouillée, et qui ne finit jamais. Cette pièce eût pu très-bien porter le titre de Femmes Précoces. Madame Dorimond a été mère, très-jeune, à quinze ans ; mais elle n'est plus jeune mère, car elle en a vingt-neuf. Sa fille aussi songe de fort bonne heure au mariage. Elle a vu par hasard dans un concert un jeune homme qu'elle ne connoît pas, et à l'instant elle en a perdu le repos. Le jeune homme (Florville), de son côté, a reçu le premier trait parti des yeux de cette enfant si prompte à s'enflammer. Mais ils se sont séparés sans s'être parlé, sans s'être connus, et sans savoir s'ils se reverront.
Ils sont loin de se douter que leurs parens les destinent l'un à l'autre. Florville, qui a les plus grandes prétentions à la perspicacité, ne se fie pas à celle de sa famille pour son mariage. On joue la comédie bourgeoise dans la maison où l'on veut le marier. Il s'y présente comme musicien, afin de pouvoir juger par lui-même s'il doit ratifier le choix qu'on a fait pour lui. Madame Dorimond est la première personne qu'il rencontre. Elle doit jouer un rôle d'ingénue, et en a le costume. Le pénétrant Florville devine que c'est là l'épouse qu'on lui veut donner, et quoiqu'il ait déjà le cœur préoccupé, le voilà subitement amoureux de l'ingénue. La méprise est un peu forte ; car on a dû au moins lui apprendre l'âge de sa future, et de quatorze ans à vingt-neuf, la différence est assez communément sensible. Il est vrai que M. Dorimond lui-même est quelquefois au moment de s'y méprendre ; car il dit, en parlant de sa femme,
Elle est et si jeune et si belle,
Que je pourrais moi-même ici
La prendre pour une demoiselle,
Si je n'étois pas son mari.
Elle imagine de tromper le trompeur, ou plutôt de lui laisser un moment son illusion, non pour s'amuser, mais pour tâcher de découvrir si l'on peut se promettre qu'il fasse le bonheur de sa fille. L'épreuve qu'elle lui fait subir se réduit à une simple question : elle lui demande ce qu'il pense des femmes. Il lâche un torrent de madrigaux. Elle ne doute plus qu'il ne soit un époux accompli. Alors, cessant déjouer l'ingénuité, elle prend un air grave et maternel. Florville, désabusé, voit entrer la jeune personne qu'il avoit distinguée au concert. Comme il est toujours prêt à rimer le premier objet qui s'offre à sa vue, son feu se rallume à la minute. Tout étant éclairci, on croit être au dénouement ; mais un épisode vient le reculer. On répète la pièce que doit jouer la société. La jeune, amoureuse, Agnès très-éveillée, prie Florville de lui apprendre à dire : Je vous aime. Un vieil oncle qui doit représenter un père noble, a vainement essayé de le lui montrer. Elle ne goûte que les leçons de Florville, et ne peut s'instruire qu'à son école. Celui-ci qui, comme de raison, est l'amoureux de la pièce, signe son contrat de mariage, croyant signer un contrat de comédie.
Ce vaudeville est un peu froid et traînant, malgré les coupures qu'on lui a faites après la première représentation ; mais le jeu agréable et varié de la jeune mère (madame Belmont) permet à peine qu'on s'en aperçoive. M. Henri a mieux joué que de coutume. Il a supprimé de son uniforme l'excès des galons et des broderies qui, dans d'autres pièces, lui donnent l'air d'un tambour-major, et les minauderies qui affadissoient la plupart de ses rôles. Il s'acquittera très-bien de tous dès qu'il lui plaira d'être naturel, ou de le redevenir; car on assure que ses petites grimaces, qu'on ne pardonneroit même pas à une femme, étoient de nouvelle date.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 10e année, 1805, tome VI, p.206-207 :
[Le critique choisit de partir de la mode du théâtre de société, que la pièce nouvelle utilise pour le joli tableau qu’il propose : certes « l’ensemble [est] un peu défectueux », mais « les détails ont fait grand plaisir ». Il résume rapidement l’intrigue et signale la qualité de l’interprétation de madame Belmont, pour qui la pièce semble avoir été faite.]
La jeune Mère, ou les Acteurs de société.
La manie de jouer la comédie avoit gagné dernièrement toutes les classes. Depuis les financiers jusqu'aux savetiers, tout le monde avoit son théâtre plus ou moins beau. Les maisons de campagne étoient le rendez-vous de la bonne compagnie, et l'on trouvoit, à Paris, des théâtres depuis le rez-de-chaussée jusqu'au cinquième étage. C'est sur ceux-ci que des tragédiens d'une nouvelle fabrique estropioient Racine et Voltaire, et quittoient leur tablier pour endosser la pourpre ou la cuirasse. Ce travers n'avoit encore été frondé que d'une manière burlesque dans les Cadets Roussels du théâtre Montansîer : M. Dupaty l'a employé dans sa comédie de la jeune Mère. Sa pièce est un joli tableau dont les détails ont fait grand plaisir, quoique l'ensemble soit un peu défectueux. En voici l'action principale.
Un jeune présomptueux a la prétention de connoître parfaitement les femmes. Il les connoît si mal que, trompé par un habit de comédie, il prend une femme de 28 ans pour une Agnès, en devient amoureux, veut l’épouser, est prêt à se battre avec son mari qu'il croit un rival, et prend toute une scène de comédie que l'on répète pour une réalité. II ne se détrompe qu'en voyant la fille de cette jeune dame, âgée de i4 ans, qu'il a trouvé au bal six mois avant, et dont il étoit, dit-il, éperduement amoureux. Il l'épouse, et la jeune Mère lui fait une petite leçon sur ses inconséquences.
Le rôle difficile de la jeune Mère est rendu par madame Belmont de la manière la plus agréable : elle peut se flatter que, si la pièce a été faite pour elle, elle a beaucoup fait pour la pièce, dont elle a assuré le succès. T. D.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome III, frimaire an XIV [novembre 1805], p. 284-286 :
[Le compte rendu de la Jeune mère suit celui du Jeune mari dans la revue, et elle est proche dans la qualité du quiproquo. L’analyse de l’intrigue plonge le lecteur dans une assez invraisemblable histoire où on fait prendre pour une fille de 14 ans sa jeune mère. Le dénouement est évidemment sans surprise : après bien des péripéties, le jeune homme épouse la jeune fille, formule qu’on pourrait appliquer à bien des pièces du temps. La conclusion est simple : faiblesse de l’intrigue, « un bien frêle échafaudage », défaut racheté par la qualité du dialogue, comparé à celui de Marivaux et Dumoustier. C’est la meilleure pièce de l’auteur. Et l’actrice qui joue la jeune mère n’est pas étrangère au succès de sa pièce.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
La jeune Mère.
Autre pièce toute en quiproquo, et en quiproquo de même force.
Une jeune mère, Mme. de Gercour, veut, d'accord avec son mari, établir de bonne heure sa fille, qui est à peine âgée de 14 ans ; elle destine la main de cet enfant au neveu d'un vieil ami de la maison ; mais Forlis (nous croyons que c'est le nom du neveu) ne veut point épouser une personne qu'il ne connaît pas, et le mariage est rompu pour un moment.
Mme. de Gercour ne le connaît pas non plus ce Forlis à qui elle veut confier ce qu'elle a de plus cher ; mais si c'est à la fois une imprudence, un défaut de convenance, et une invraisemblance, il en résulte de trop jolies scènes pour en faire l'objet d'une critique.
Considérer l'effet sans remonter aux causes
doit être la philosophie du public aux représentations nouvelles.
M. et Mme. de Gercour ont rassemblé chez eux des comédiens amateurs, qui doivent jouer un opéra comique ; il leur manque un répétiteur, et Forlis, curieux de connaître la- fille qu'il a refusée, s'introduit dans le château, en qualité de musicien. La première personne qu'il y rencontre est Mme. de Gercour, la jeune mère, qui s'étant chargée par complaisance d un rôle d'Agnès, en a imité le costume et l'esprit. Elle est si jolie et si adroite, que Forlis ne manque pas de la prendre pour la petite fille de 14 ans ; il s'enflamme auprès d'elle, et finit par lui faire une déclaration. M. de Gercour parait, habillé en amoureux de comédie ; Forlis le soupçonne d'être son rival, et lui propose un cartel ; bref, notre jeune homme, complettement dupe des apparences, fait gaucherie sur gaucherie, et Mme. de Gercour, pour le guérir, prend tout-à-coup un autre ton. De timide et naïve qu'elle paraissait être, elle devient fière et raisonneuse ; Forlis s'étonne de ce changement, mais n'en devient que plus épris ; enfin, cette jeune mère, soi-disant fille, est obligée de se déclarer instruite et très-instruite de tout ce qu'une jeune personne doit ignorer, pour se débarrasser des poursuites importunes de ce Cassandre à épaulettes.
La petite fille de 14 ans paraît alors, elle cherche quelqu'un qui veuille et puisse lui apprendre à dire : je vous aime. Forlis, dont le cœur est trop inflammable pour rester froid en présence d'une si jolie enfant, donne bien volontiers la leçon qu'on lui demande ; M. et Mme. de Gercour sont enchantés, et après deux ou trois autres mystifications essuyées assez patiemment par notre crédule amoureux, on lui accorde la main de la petite fille, sans doute dans la persuasion où l'on est qu'il doit devenir un bon mari.
Cette pièce repose, comme on le voit, sur un bien frêle échafaudage ; mais les vices du plan, et ceux du sujet disparaissent aux yeux de la multitude sous les fleurs prodiguées dans le dialogue ; c'est Marivaux et Dumoustier, mis en vaudeville; rien de plus frais ni de plus spirituel n’avait encore été produit par l'auteur (M. Emmanuel Dupaty).
Mme. Belmont, de son côté, ne contribue pas médiocrement au succès ; elle joue le rôle de la jeune Mère avec une grace ravissante ; en général la pièce est bien montée.
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