Le Journaliste, ou l'Ami des Mœurs, comédie en un acte et en vers, de Lombard de Langres, 16 messidor an 5 [4 juillet 1797].
Théâtre de la République
Almanach des Muses 1798.
Critique de plusieurs journalistes. Rôle justement applaudi d'un auteur désintéressé que l'amour du bien public détermine à publier un journal consacré uniquement à corriger les mœurs.
Intrigue romanesque fort étrangère au titre de la pièce.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an cinquième (1797) :
Le Journaliste, ou l'ami des mœurs, comédie en un acte et en vers ; Représentée pour la première fois, le 16 messidor, an 5, sur le théâtre de la République. Du citoyen Lombard (de Langres.)
Courrier des spectacles, n° 180 du 17 messidor an 5 [5 juillet 1797], p. 2 :
[La pièce nouvelle n’est pas une comédie, comme annoncé, mais un drame, et un drame à tiroir. Et c'est, selon le critique, être audacieux que de monter une pièce « de ce malheureux genre […] dans un si petit cadre » (le Théâtre de la République est un petit théâtre). Le critique résume ensuite l’intrigue (une triste histoire de jeune fille séduite et abandonnée par un libertin à qui le journaliste réussit à prendre conscience de tout le mal qu’il a fait : il se repent et épouse celle qu’il a séduite). Jugement du critique : la pièce est mauvaise, mais elle est respectable dans son intention morale. Il aurait toutefois fallu faire preuve de prudence, en ne nommant pas l’ouvrage licencieux que le journaliste se voit proposer : des spectateurs pourraient apprendre son existence (et... : le critique craint la contagion du mal !). Et c’est l’auteur de l'ouvrage licencieux qu’il faut stigmatiser, et non les malheureux colporteurs qui le diffusent, sans pouvoir le lire le plus souvent. La pièce a été applaudie, et l’auteur a été nommé.]
Théâtre de la République.
La pièce en un acte, donnée hier à ce théâtre, et annoncée pour une comédie, n’en est pas une, mais un drame ; on pourroit ajouter à tiroir. Nous croyons que c’est le premier ouvrage de ce malheureux genre que l’on ait osé présenter dans un si petit cadre.
Adèle a quitté son père pour vivre avec un jeune libertin, nommé Florval, qui, depuis, l’a abandonnée. Ducray, (c'est le nom du père d’Adèle) vieillard infortuné, a été rencontré par Félix, qui l’a amené chez Germance, son oncle, journaliste estimable, qui lui a donné l’hospitalité. Celui-ci rencontre à son tour la malheureuse Adèle, que le désespoir alloit porter à se jetter dans la rivière ; il l’arrête et l’amène chez lui. Vient un homme qui apporte à Germance une épreuve de son journal. Il lui présente ensuite à acheter un livre qu’il vend en cachète ; c’est une brochure connue pour l’ouvrage le plus licentieux. Le journaliste vertueux le repousse avec indignation, et invoque les loix contre les colporteurs de semblables brochures. Florval arrive chez Germance, qui est son ami, et le raille sur le plan de son journal ; celui-ci veut l’engager à y mettre un article. Le jeune 1ibertin rit d’abord ; mais dans l'exposition du sujet qu’on veut lui faire traiter, il se reconnaît bientôt, et est accablé de remords. Adèle paroit ; son infidèle amant se jette à ses pieds. Ducray vient, entend sa fille, elle se jette à ses genoux ; il lui pardonne, et Florval répare sa faute eu l’épousant.
Rien n’est plus mauvais que cet ouvrage comme pièce ; mais on doit savoir gré à l'auteur de l’intention. Nous croyons cependant pouvoir lui reprocher d’avoir nommé, et par-là fait connoître un ouvrage méprisable, que beaucoup de spectateur pouvoit [sic] ignorer ; a-t-il raison de dire : pour colporter ce livre il faut n'avoir pas d’ame. Les malheureux colporteurs qui savent à peine lire méritent-ils la colère de l’homme vertueux. Ce n’est qu’aux auteurs de ces ouvrages que de tels reproches peuvent s’adresser. Quoiqu’il en soit, la pièce a été applaudie, et l’auteur a été demandé, on est venu nommer M. Lombard de Langres.
[L’article s’achève par la critique de la reprise de l’Honnête criminel, jouée à la suite du Journaliste, ou l'ami des mœurs.]
L. P.
D'après la base César, 4 représentations du 16 octobre 1797 (au Théâtre français de la rue de Richelieu au 25 janvier 1798 (trois représentations aux Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques).
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