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Kanko

Kanko, pantomime en trois actes, de Ribié, musique de Rochefort, ballets de Beaupré, 12 vendémiaire an 7 [3 octobre 1798].

Théâtre Louvois.

Journal de Paris, n° 9 du 9 vendémiaire an 7 [30 septembre 1798], p. 35 :

Dans une lettre « aux Auteurs du Journal », Ribié, qui a pris la direction du Théâtre Louvois, présente son programme, « petits vaudevilles, petites comédies originales, & grandes pantomimes ». Il s'est attaché, dit-il, des comédiens « connus avantageusement sous le rapport de leurs talents mimes » et annonce la prochaine création de Kanko :

Kanko, grande pantomime en 3 actes, dont la 1re représentation aura lieu le 12 du courant. Musique, décorations, costumes, tout y est soigné.

Le Journal de Paris ne donne pas le programme des spectacles tous les jours, et en particulier, il ne dit rien des spectacles du 12 vendémiaire. Il faut attendre le journal du 16 pour avoir l'annonce d'une représentation de Kanko.

Par contre, le Courrier des spectacles n° 589 du 12 vendémiaire an 7 [3 octobre 1798] annonce bien la première de la pièce :

Aujourd. La première représ. De Kanko, grande pantomime en 3 actes, ornée de musique, décorations, combats, costumes et ballets nouveaux, dans laquelle débuteront les cit. Lafitte, Gourgibus ; et la citoyenne Simonet ».

Le spectacle était complété par le Prince ramoneur.

Courrier des spectacles n° 590 du 13 vendémiaire an 7 [4 octobre 1798], p. 2 :

[La pièce était très attendue, parce qu'elle marquait la rentrée d'acteurs populaires. L'essentiel du compte rendu est consacré à une « analyse » très précise de ce qui se passe (il ne manque guère qu'une explication de la façon dont les animaux sont représentés). L'intrigue utilise la vieille anecdote du lion blessé qu'on secourt, et qui montre ensuite sa reconnaissance. S'y ajoute une intrigue amoureuse. Il y a tout ce qu'il faut de combats et de changements de décor. La pièce est jugée de façon très positive : elle a été jouée avec ensemble, elle offre des « scènes remarquables » (mais, petit reproche, un peu répétitives), les interprètes sont remarquables, les décors sont très beaux, comme les ballets : « tout y a été justement applaudi ». Il ne reste plus qu'à nommer les auteurs...]

Théâtre de Louvois.

Une pantomime nouvelle, la rentrée des citoyens Lafitte et Gougy, et de la citoyenne Simonet, que l’on desiroit revoir depuis longtemps, tout avoit attiré une affluence considérable de monde à ce théâtre. La pantomime intitulée Kanko, y a obtenu un brillant succès. Eu Voici l’analyse :

Oby, l’un des principaux d’une tribu d’indiens, célèbre avec son épouse, ses enfans et ses compatriotes la fête des vieillards. A la fin des divertissemens le signal de la chasse se fait entendre, et Oby vole à la destruction des animaux féroces. Son épouse restée seule avec ses enfans, voit bientôt venir un lion blessé, et donnant tous les signes de la douleur. Elle lui arrache le trait qu’il a dans le pied. Il fuit. Bientôt Kanko, chef d’une tribu, et ses chasseurs l’atteignent et le prennent. Kanko a vu la femme d Oby, il l’adore, il lui avoue sa passion  ; mais il est rebuté par cette épouse fidèle. Seul et livré à sa douleur, il va être dévoré par un tigre, lorsqu'Oby survient et tue l’animal. Kanko reconnoissant l’embrasse ; mais le mari trop confiant retourne à la chasse, et laisse sa femme et ses enfans entre les mains de ce nouvel ami. Ce dernier profite de l’éloignement d'Oby, et aidé de quelques-uns de ses partisans, il enlève la femme et les enfans. Oby le voit et court à la vengeance ; il vient attaquer Kanko jusques dans son palais ; mais malgré ses efforts il est vaincu par son rival. Son épouse restée au pouvoir de son ravisseur, est évanouie et rappelée à la vie par les soins et les caresses de ses deux enfans. Kanko n’a pu la séduire, il n’a pu l’intimider, il la destine aux plus affreux supplices, à celui d’être dévorée par les animaux qu’il a pris à la chasse. Déjà tout est prêt pour la fatale exécution, Kanko sent en lui un retour de tendresse, il offre encore la grâce à l’épouse d’Oby, elle préfère la mort.

Les vieillards honorés par Oby et sa femme, viennent implorer la clémence de Kanko ; il demeure inflexible. L’ordre est donné ; on traîne la femme et les deux enfans vers la fosse où sont les animaux furieux, ils y descendent, mais bientôt ils reparoissent fuyant devant un lion qui les poursuit. Lorsqu’il est dans l’arène, il s’arrête à la vue de ses victimes, reconnoît la main bienfaisante qui lui a arraché la flèche du pied, et loin de leur faire le moindre mal, il fond au contraire sur Kanko. Ce dernier se défend, mais le lion le poursuit, le terrasse et le dévore. Au même instant le palais et l’arêne s’ouvrent par une explosion inattendue, et laissent voir Oby et ses compagnons qui accourent venger sa femme et ses enfans, et qui les arrachent à la mort.

L’exécution de cette pantomime a eu lieu avec beaucoup d’ensemble ; il y a des scènes intéressantes, et sur-tout au second acte, entre les deux enfans, qui rappellent leur mère à la vie. On a lieu cependant de reprocher à l’auteur de présenter trop souvent les mêmes situations.

Les cit. Lafitte, dans le rôle de Kanko, Gougy, dans celui d’Oby, ont justifié l’attente du public, et ont été parfaitement secondés par la citoyenne Simonet dans le rôle pénible et fatigant de l’épouse d’Oby.

Les décorations en sont très-soignées, et celle du premier acte, qui offre une chaîne de montagnes sur lesquels se prolongent les danses, a fait sur-tout le plus grand plaisir. Les ballets, les évolutions, les combats, tout y a été justement applaudi. Les auteurs ont été demandés, on a nommé les cit. Ribié, pour la pièce, Rochefort pour la musique, et Beaupré pour les ballets.

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