La Maison à deux Maîtres

La Maison à deux Maîtres, ou la Maison louée, opéra en trois actes ; paroles de M. Desfontaines, musique de M. Martini, 30 août 1806.

Théâtre de l'Opéra-comique.

Almanach des Muses 1807.

Ouvrage qui n'a pas répondu à la réputation de ses deux auteurs.

Courrier des spectacles, n° 3493 du 31 août 1806, p. 2 :

[Un compte rendu d’opéra-comique qui s’ouvre par un prudent conseil emprunté à Horace, ce n’est pas bon signe : le critique pense que les deux auteurs ont présumé de leurs forces, et que la chute subie par leur œuvre devrait leur servir d’avertissement. Un jeu de mot un peu laborieux exclut qu’on puisse faire l’éloge de cette pièce au « poëme [...] presque inintelligible », à la musique « sans caractère, sans goût, sans idées ». Elle n’est pas allée à son terme, malgré la patience que le critique prête au public. Le sujet, qu’il résume rapidement n’a rien de neuf, et pour l’étirer sur trois actes, il faut y ajouter des épisodes (des éléments inutiles) dont le critique donne un exemple, la scène du balcon, cause de la fureur du public. Et si la pièce a échoué, ce n’est pas la fate des interprètes, excellents, mais bien mal utilisés.]

Théâtre de l’Opéra-Comique.

La Maison louée, ou la Maison à deux Maîtres, première représentation.

Horace a donné aux poëtes de son tems un excellent conseil : Solve senescentem maturus equum, etc. Les ouvrages d’imagination exigent la. vigueur de la jeunesse ou la force de l’âge. Il est un tems où l’esprit n’est plus propre qu’à la sagesse.

Laissez aux jeunes gens la place que nous avons occupée avec succés Il faut que chaque génération ait ses heritiers. Quand on a rempli sa carrière avec distinction, il faut savoir conserver ses lauriers, et ne pas compromettre un nom que l’on a honoré. S’il est vrai que la Maison à deux maîtres soit l'ouvrage de deux maîtres célèbres, l’un, par des vaudevilles pleins d’esprit, l’autre par des compositions musicales du premier mérite, la chûte qu’ils viennent d’éprouver doit être pour eux un avertissement utile et salutaire.

Il seroit difficile de louer cette Maison à deux maîtres ; le poëme est presque inintelligible ; la musique est sans caractère, sans goût, sans idées ; le public disposé à la bienveillance, a d’abord écouté avec beaucoup de patience ; mais enfin sa résignation s’est lassée, et la pièce n’a pu arriver jusqu'à la fin. Tout ce qu’on a pu comprendre de cette composition malheureuse, c’est qu’un jeune homme nommé Victor, voulant se procurer l’avantage de voir fréquemment sa maîtresse nommée Julie, trompe le père de cette jeune personne, lui loue une maison de campagne dont la propriété ne lui appartient pas. Le père de Julie prend possession de son nouveau domaine, parcourt le parc et les jardins, et bâtit déjà mille châteaux en Espagne. Tandis qu’il est occupé à courir les bois, le véritable propriétaire arrive. Ce propriétaire est le père de Victor. Grande confusion à la maison ; scène de quiproquo entre les deux pères. Victor avoue sa ruse, et c’est là tout ce que l’on a entendu.

Ce sujet qui n’a rien de neuf, ne pouvoit guères fournir qu’un acte ; pour l’étendre en trois, l’auteur y a joint des épisodes. Tels sont les rôles de deux espèces de troubadours qui viennent offrir leurs talens, et qu’on fait chanter sur un balcon : mais leur chant a paru si ingrat, que le public s’est décidé à manquer lui même de reconnoissance. Cette scène du balcon a excité une telle tempête de sifflets, qu’il n’a plus été possible de continuer. Les acteurs ont gardé leur poste intrépidement ; et si l’ouvrage n’a pas eu de succès, on ne sauroit les en accuser ; ils ont joué et chanté avec beaucoup de goût. Juliet et Lesage, dont la gaîté auroit pu sauver la pièce, avoient des rôles presque nu ls ; c’est une imprévoyance de la part de l’auteur, qui n’a pas su profiter de deux aussi bons appuis.

Mercure de France, volume 25, n° CCLXVIII (samedi 6 septembre 1806.), p. 470 :

Le première représentation de la Maison à deux Maîtres donnée samedi dernier à l'Opéra-Comique, n'a pas été achevée. On attribue les paroles et la musique de cet opéra à deux auteurs qui ont souvent prouvé qu'ils pouvoient faire mieux : ce sont M. Desfontaines et M. Martini.

Le titre est souvent : la Maison louée, ou la Maison à deux Maîtres, et titre et sous-titre sont parfois inversés

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