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La Maison de Socrate le sage

La Maison de Socrate le sage, comédie en cinq actes, en prose, attribuée à Louis-Sébastien Mercier par Barbier, publié en 1809.

[Probablement non représentée.]

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Duminil-Lesueur, 1809 :

La Maison de Socrate le sage, comédie en cinq actes, en prose.

Il fut sous l'œil de Dieu, tranquille et débonnaire,
Comme un enfant qui rit sous les yeux de sa mère.

Liste des personnages :

PERSONNAGES

SOCRATE.

XANTIPPE, femme de Socrate.

EUCLIDE, ami de Socrate.

ALCIBIADE.

MYRTHOÉ, élève de Socrate.

LUTÉCIE, Gauloise, esclave de Myrthoé.

Un Tabellion.

Un Officier de l'Aréopage.

Un Esclave d'Alcibiade.

La Scène est à Athènes, dans la maison de Socrate.

Louis-Sébastien Mercier aime faire figurer une préface avant ses pièces. Ici, elle s'étend de la page iii à la page vj.

J'ai intitulé cette pièce la Maison de Socrate le Sage, parce qu'il y a eu plusieurs Socrates. Socrate Achéen, capitaine de Cyrus le jeune ; Socrate, roi de Bithynie ; So crate, un des capitaines d'Alexandre ; enfin, Socrate le scolastique, qui naquit à Constantinople, vers l'an 380.

Je devois à mes Lecteurs ce petit trait d'érudition pour payer mon tribut académique : et de plus, j'ai en porte-feuille un Socrate le roi, en trois actes, assez divertissant. Il étoit bon de distinguer tous ces Socrates; car le Socrate, un des capitaines d'Alexandre, quelque poëte dramatique aura peut-être un jour la fantaisie de le mettre en scène, rien, selon moi, qu'à cause du contraste.

Le roi de Bithynie, les deux capitaines, et le scolâtre qui naquit à Constantinople, ne sont plus dans la mémoire des hommes ; Socrate le sage y vit encore.

Ouvrez les Œuvres de Rollin, vous trouverez dans l'Histoire ancienne tous les faits dont j'ai formé une action principale : mais je ne veux pas copier ici le docte Rollin. Il seroit inutile ensuite de dissimuler que je me suis permis bon nombre d'anachronismes : je dirai pour excuse, que l'optique des siècles rassemble ces personnages anciens sous un seul et même point de vue ; que la fable en devient plus pleine, plus agréable, et comporte un plus vif intérêt.

« Dans les sujets tirés de l'Histoire, dit Fontenelle, il ne faut rien changer à ce qui est extrêmement connu ; on doit respecter le gros de l'événement; mais la manière dont il s'est passé, les motifs qui l'ont produit, les circonstances qui l'ont accompagné, tout cela est abandonné au poëte. Rien n'a si bonne grâce qu'une pièce où il a conservé tout ce qui étoit historique, en y ajoutant des choses qui lui convinssent. Il semble qu'il n'ait fait que remplir les vides de l'Histoire, et nous l'apprendre mieux que nous ne la savions. »

Comment ne pas se complaire à mettre sur la scène un personnage tel que Socrate ? Je préfère douze de ses paroles à toutes ces vieilleries homériques si chères aux cerveaux collégiens. Quelle admiration insensée ! Quel malheureux génie a jeté sur la terre ce poëme monstrueux, fait pour alimenter les horreurs de la guerre et toutes les héroïques extravagances qui en perpétuent l'appareil ! Que me dit l'Iliade ? Le sang humain y ruisselle toujours. Toute la Grèce est debout pour une femme adultère.

Loin de moi chants brutaux où l'on nous parle encor
De la lance d'Achile et du glaive d'Hector.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
Et que me fait à moi cette Troye où tu cours ?

J'avouerai, si l'on veut, qu'elles sont admirables les tragédies puisées dans cette Iliade tapageuse. En effet, n'ont-elles pas le singulier mérite d'assembler tout un peuple et de lui parler sans lui rien dire ?

On a souvent comparé les Français aux Athéniens ; le grand prophète a dit dans l'an 2440 : qu'Athènes deviendroit un jour l'un des faubourgs de la capitale de France. Voici une pièce de théâtre toute préparée, qui, comme l'on dit, sera bien à l'ordre du jour.

Dès long-temps composée, elle a eu de bizarres destinées; elle a subi diverses métamorphoses ; elle a été reçue sur quelques théâtres et point représentée. Des lecteurs habiles l'ont fait valoir dans les sociétés. L'art que je cultive et que j'idolâtre a un côté dégoûtant, c'est l'article de la représentation : oh ! Ne passons point, amis, derrière la toile, là, tout est désenchanté ; quant à moi : je ne veux plus goûter de mon bel art que le charme de la composition:  il me suffit ; mon cabinet est mon ciel.

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