La Matinée d'une jolie Femme, comédie en un acte et en prose, de L. J. B. E. Vigée, 29 décembre 1792.
Théâtre de la Nation
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Titre :
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Matinée d’une jolie femme (la)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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29 décembre 1792
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Théâtre :
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Théâtre de la Nation
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Auteur(s) des paroles :
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L. J. B. E. Vigée
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Almanach des Muses 1794.
Comédie qui peint les anciennes mœurs. Même genre que le Cercle ou la Soirée à la Mode.
Personnages ridicules qui se succedent les uns aux autres. De la vérité dans un grand nombre de traits, et souvent beaucoup d'esprit. Quelques longueurs.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Parault l'aîné, 1793 :
La Matinée d'une jolie femme, comédie en un acte, en prose. Par L. J. B. E. Vigée. Représentée pour la premiere fois sur le Théâtre de la Nation, le Samedi 29 Décembre 1792.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
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ACTEURS.
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Mde DE SENANGES.
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Mlle. Contat.
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Mde. DE VOLMAR.
Mde. DE MILFORT.
Mde. DE NORBLIN.
Mlle. DE NORBLIN.
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Amies de Mde. de Senanges.
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Mde. Petit.
Mlle. Mezerai.
Mde. Suin.
Mlle. Ribou.
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M. DE MELCOUR, homme du monde.
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Fleury.
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M. DERMANCÉ, amant de Mde. de Senanges.
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S. Phal.
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M. DE SELMOUR, jeune homme de 17 à 18 ans.
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Mlle. Em. Contat.
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M. DE BELFORT, homme à la mode.
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Dupont.
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M. DURANTINI, musicien.
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La Rochelle.
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Mlle. SIMONET, marchande de modes.
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Mlle. Montgaultier.
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Mlle. ELISE, femme de chambre de Mde de Senanges.
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Mlle. DeVienne.
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DUBOIS, valet de chambre de Mde. de Senanges.
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Champville.
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FRANÇOIS, frotteur.
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Dazincourt.
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Une fille de boutique de Mlle Simonet.
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La Scene se passe à Paris chez Mde. Senanges.
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La pièce s'achève par une romance chantée par Madame de Senanges.
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n°11, du 11 janvier 1793 (l'an 2 de la République), p. 2 :
THÉÂTRE DE LA NATION.
La Matinée d'une jolie Femme, comédie en un acte, en prose, donnée nouvellement â ce théâtre, mériterait plutôt le titre de la Matinée d'une femme sensible ; car, à une scène près de marchande de modes, scène agréable d'ailleurs,.Mme de Senanges, jeune veuve, est toute occupée de son amour pour d'Ermance. Elle pense à ce jeune homme dès son réveil, combat en vain son penchant, voudrait le lui taire, et finit par lui en faire l'aveu et par lui donner sa main ; de sorte que cette Matinée se termine à peu près comme une soirée. Voilà toute l'action de la pièce. Mais les personnages accessoires y ont jeté de l'agrément. Une savante, passant son temps à citer des auteurs et à gronder sa fille ; une femme légère et fort ignorante, qui s'attache à la tourner en ridicule ; un petit cousin dont elle fait l'éducation, et qui déploie ses grâces à servir le thé ; un élégant qui persifle tout le monde, et compromet les deux amants ; surtout (et ce sont les deux rôles les plus agréables) un compositeur italien, plein d'enthousiasme ; un petit-maître parlant chevaux et jockeis ; tous ces détails, sinon très piquants et très comiques, au moins très naturels et frappants de ressemblance, ont assuré le succès de l'ouvrage.
Il est du citoyen Vigée, déjà connu par plusieurs pièces applaudies et restées au théâtre.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 3 (mars 1793), p. 311-313 :
[Après avoir raconté l’intrigue d’une pièce largement réduite à une succession de personnages et se terminant par un mariage qui n’a rien de surprenant, le critique montre que la pièce n’est pas une nouveauté, puisqu’il en dévoile la source, que l’auteur n’a pas eu trop de peine à rendre actuelle, sans rencontrer toutefois le succès de son modèle. Cela n’enlève rien aux qualités de sa pièce : style, dialogue, physionomie des personnages. Et elle est jouée avec ensemble par des acteurs où brille particulièrement Mlle. Contat.]
THÉATRE DE LA NATION.
La matinée d'une jolie femme, comédie en un acte & en prose de Vigée.
Une jeune veuve jouit des douceurs de son indépendance. Elle a un de ces caracteres qui ne sont prononcés ni pour le mal, ni pour le bien. L'emploi de chacun de ses jours est de faire venir une marchande de modes, de recevoir les visites de quelques jeunes gens oisifs & frivoles, & de se laisser aller à la douce illusion de croire que l'unique destinée d'une jolie femme est d'être citée pour son goût dans sa parure, & ses agrémens dans le monde. Cependant elle a distingué, parmi les jeunes gens de sa société, un homme aimable & sensible ; elle en est aimée, & il est aisé d'entrevoir les risques qui menacent son systême de veuvage. L'inquiétude qui effleure son ame la rend matinale. Elle attend à déjeûner plusieurs personnes. On annonce un homme sur lequel elle ne comptoit pas. Cet homme est un observateur malin des intrigues des femmes ; il a jugé la jolie femme & celui qu'elle aime en secret. La conversation est piquante, il sort & promet pourtant de revenir. Un maître de musique le remplace, & la jolie femme consent à chanter une chanson nouvelle ; voilà sa leçon prise. Cette chanson lui plaît, elle est du jeune homme qu'elle préfere. Celui-ci arrive enfin, il exprime un sentiment qu'on approuve, & auquel on répond autant qu'il est possible. Ils sont interrompus par l'arrivée des amies de la jolie femme. On apporte le thé. La conversation s'anime, l’observateur malin est revenu, il s’amuse de toute la société, & particulièrement aux dépens d'une femme auteur, qui ne se doute pas de ses ridicules. Un joli homme vient quereller ces dames, qui déjeûnent, lorsqu'il y a une course à Vincennes. Il a son phaéton à la porte. Il propose de les mener, car il est excellent cocher, il ne sait que cela. Les deux plus jeunes acceptent, la femme auteur se retire avec sa fille. L'observateur, qui juge que le tête-à-tête est nécessaire à la jolie femme, la laisse généreusement avec celui qu'elle aime, & après une explication, le deux amans sont si bien d'intelligence que leur mariage est décidé.
Le cercle, comédie du Poinsinet, & dont Palissot a réclamé l'idée, & même en partie l'exécution, a produit la matinée d'une jolie femme. L'abbé de Voisenon disoit, au sujet du cercle, que l'auteur avoit écouté aux portes. Comme depuis, les portes s'ouvroient à plus de monde, Vigée a eu toutes les facilités possibles ; mais aussi il a trouvé tous ses spectateurs plus au fait. Ainsi le mérite, comme le succès, a été plus foible.
Le style de cette comédie est joli, le dialogue vif, animé. Les interlocuteurs ont tous une physionomie différente, mais vraie ; on a vu ces figures-là quelque part. Le jeu de tous les acteurs offre cet ensemble précieux, sans lequel il n'y a plus de comédie, plus d'illusion ; Mlle. Contat joue comme elle agiroit chez elle : qu'on s'imagine voir Mlle. Contat donner à déjeûner à plusieurs femmes aimables, & on aura une idée juste de ce qu'est la matinée d'une jolie femme.
La pièce de Poinsinet, le Cercle, ou la Soirée à la mode, a été représentée pour la première fois par les Comédiens ordinaires du Roi, le 7 septembre 1764.
La Matinée d'une jolie femme a le grand honneur d'un article dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, volume 10, p. 1342 :
[Plus qu'un article sur une pièce, c'est un regard global sur la comédie à l'époque révolutionnaire : la pièce, vue comme une sorte d'écrin pour mademoiselle Contat, est représentative d'une comédie jugée fade, d'une supposée « école musquée et quintessenciée » continuant Florian, Dorat et même Marivaux, et que Larousse oppose aux pièces inspirées de « l'histoire grecque et romaine » de Chénier.]
Matinée d'une jolie femme (La), comédie en un acte et en vers, de Vigée; représentée à Paris, sur le Théâtre-Français, le 29 décembre 1792. Cette pièce ressemble, quant au fond, à plusieurs autres comédies très-connues, et particulièrement au Cercle, de Poinsinet ; quoi qu'il en soit, elle obtint un grand succès. Elle offrait d'ailleurs un étrange contraste avec les productions du répertoire révolutionnaire. Pendant que se discutait à la Convention nationale le jugement de Louis XVI et que se jouaient dans la rue et sur les théâtres les drames les plus sombres, quelques attardés de l'école musquée et quintessenciée qui avait affadi la comédie vers le milieu du siècle, et de ce nombre Vigée et Demoustier, continuaient impassiblement à prendre leurs modeles, non dans l'histoire grecque et romaine, comme Chénier, mais dans les bergeries de Florian, les sentimentalités de Dorat, les galanteries de Marivaux. La Matinée d'une jolie femme, cadre coquet offert à Mlle Contat pour y déployer ses grâces, est assurément la moins fade des productions dont nous parlons ; c'est peut-être celle qui mérite le mieux d'être citée. Elle est demeurée au répertoire assez longtemps, et c'est à elle que le nom de Vigée devra sans doute de n'être pas tout à fait oublié.
D'après la base César, la pièce a connu 11 représentations au Théâtre de la Nation, du 29 décembre 1792 au 15 mai 1793 ; elle a été reprise au Théâtre de l'Ambigu-Comique, où elle a été jouée 30 fois (28 fois du 18 septembre 1796 au 16 juin 1797, et 2 fois les 10 et 13 janvier 1799).
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