La Menteuse par point d'honneur

La Menteuse par point d'honneur, comédie en deux actes & en vers, de Joseph Patrat, 28 octobre 1791.

Théâtre de la rue Feydeau.

Titre :

Menteuse par point d’honneur (la)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

28 octobre 1791

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

M. Patrat

Mercure universel, tome 8, n° 243, p. 449 :

[L'auteur, dont le nom n'est pas donné, avait peur de l'accusation de plagiat, et avait prévu qu'il avait uen double source d'inspiration. Le critique se contente de lui donner acte de sa franchise. Inutile d'analyser la pièce dont on connaît ou l'original, ou la copie. Le jugement porté sur elle est plutôt sévère : sans échouer vraiment, elle a eu un succès limité. Titre mal choisi, imbroglio « un peu fatiguant », « quelques situations comiques ». C'est peu. Les actrices sont citées et plutôt félicitées

Theatre de la rue Feydeau.

L’auteur de la comédie en deux actes et en vers, jouée hier sous le titre de la Menteuse par point d'honneur, a eu soin de prévenir le public qu’ayant puisé son sujet dans le théâtre Espagnole [sic], il avoit aussi mis à contribution Lagrange, qui ne lui avoit pas moins servi que Caldéron, afin d'épargner cette peine à ceux qui ne manqueraient pas de l’en instruire.

Il seroit inutile d’analyser ici cette pièce, puisque, si l’on ne connoît pas l'original, on connoit au moins la copie. Il suffit de dire que ce sont des méprises, non par ressemblance, mais faute de s’entendre ; et que l’imbroglio qui en résulte est peut-être un peu fatiguant, soit par la maladresse des mensonges, soit par une suite de scènes vagues et décousues. Le public a ri de quelques situations comiques ; mais la sobriété de ses applaudissemens a été le thermomètre du succès de l’ouvrage.

Mademoiselle Mignac a joué avec intérêt ; Mademoiselle Jossey avec gentillesse, selon la physionomie de leurs rôles.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 1 (janvier 1792), p. 341-343 :

[Article qui reprend celui du Journal de Paris, n° 303 du 30 octobre 1791, p. 1234.

Première question, celle de l’originalité. l’auteur a annoncé qu’il s’inspirait d’une pièce qui s’inspirait d’une pièce... (Les Contre-temps, de Nicolas de Lagrange, de 1736). La question du plagiat est visiblement dans l’air du temps. Question d'autant plus compliquée que Patrat est l'auteur d'une adaptation de la pièce en question en un acte, publiée en 1772 à Genève. Deuxième question, la pièce est-elle convenable ? Le personnage de Constance est manifestement tenu pour peu moral par le critique, qui verrait sans problème son fiancé la rejeter : «  Constance se trouve sans cesse dans une situation pénible, & même avilissante pour une femme honnête ». Sinon, pièce agréable, bien écrite et dont l’auteur aurait pu être demandé. On note d’ailleurs qu’il était connu d’avance !]

Le vendredi 28 octobre, on a donné la premiere représentation de la Menteuse par point d'honneur, comédie en deux actes & en vers, par M. Patrat.

Cette piece est une imitation des Contre-tems, comédie de Lagrange, laquelle est aussi imitée d'une piece de Calderon, célebre auteur espagnol : c'est ce que le nouvel auteur a fait annoncer lui-même le matin dans les journaux, afin, disoit-il, d'épargner cette peine à ceux qui ne manqueroient pas de l'en instruire. Tous nos lecteurs peuvent bien ne pas se rappeller le sujet d'une comédie de Lagrange , il faut donc au moins indiquer celui de la Menteuse par point d honneur.

Constance aime Damis, & est près de l'épouser. Cependant une de ses amies (& c'est précisément la sœur de son futur) vient la prier de permettre qu'elle voie dans son appartement un jeune-homme qui est épris d'elle, & pour lequel elle a promptement conçu un goût très vif. Constance a donné sa parole avant de savoir le service dont il s'agit : elle se croit liée par sa promesse. Le jeune-homme ne tarde pas à paroître : mais Damis survient aussi ; on fait cacher l'autre dans un cabinet. Damis s'en apperçoit, & commence à faire de grands reproches à sa prétendue, lorsque le pere arrive & parle de les marier, en insistant sur l'inclination de sa fille, ce qui produit une scene très-comique, & qui est justement applaudie. Une autre source de quiproquo, c'est que l'amant de l'amie de Constance croit cette amie fille du maître de la maison, & la demande en mariage. Constance est sur le point de tout découvrir à Damis ; mais il échappe à ce dernier de dire que c'est un devoir indispensable que de tenir strictement les paroles que l'on donne : d'après ce principe, au-lieu de se justifier en lui disant la vérité, elle essaie de lui faire accroire que l'homme qu'elle a caché est un observateur qu'elle a mis sur ses pas pour s'assurer de sa conduite, & elle lui promet qu'il ne reparoîtra plus : il reparoît dans le moment même. L'amie revient chez Constance, & se cache à son tour. Enfin, le pere, qui ne conçoit rien à ce qu'il voit, les interroge d'une maniere précise, & tout s'éclaircit.

La scene du pere, dans le premier acte, a eu un grand succès, & est en effet très-plaisante. Il y a dans le reste de l'ouvrage des intentions comiques dont on a su gré à l'auteur, & qui prouvent qu'il a le goût de la bonne comédie. Mais le grand inconvénient de ce sujet, c'est que Constance se trouve sans cesse dans une situation pénible, & même avilissante pour une femme honnête, puisque près de se marier, elle est convaincue d'avoir fait cacher un jeune homme dans un cabinet, & que son prétendu a le droit de la mépriser. Quoi qu'il en soit, la piece en général a fait plaisir. Le style en est agréable & facile. On n'a pas demandé l'auteur : mais il en est à qui le parterre a déféré cet honneur, & qui ne l'ont pas autant mérité.

D’après la base César, la pièce a connu 5 représentations entre le 28 octobre et le 29 décembre 1791 (dont 4 au mois de décembre).

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