La Méprise en voyage, opéra-vaudeville en un acte. 21 pluviôse an 5 [9 février 1797].
Théâtre du Vaudeville.
Almanach des Muses 1798.
Courrier des spectacles, n° 35 du 22 pluviôse an 5 [10 février 1797], p. 2-3 :
[Avant de résumer l’intrigue, le critique dit qu’elle n’a pas eu le succès attendu, malgré ses qualités, une « intrigue simple, légere » et des « couplets généralement très-jolis », ce qui devrait suffire à la faire réussir. Ce sont des longueurs à la fin de la pièce qui ont causé cet échec relatif, et il n’y a qu’à les supprimer pour obtenir le succès, ‘autant qu’elle est bien jouée « avec beaucoup d’ensemble », et « par les premiers sujets de ce charmant théâtre ». Suit le résumé de l’intrigue, une tromperie machinée par la suivante de la jeune fille qui entretient le jeune fiancé potentiel dans l’illusion qu’il est à l’auberge, et non chez son futur beau-père. La plaisanterie est poussée à son terme, le beau-père s’y associant, jusqu’à ce que la vérité éclate : le jeune homme est chez le père de son amante. Mais le critique ne nous dit pas s’il y aura mariage (c’est hautement probable), ni qui a écrit la pièce.]
Théâtre du Vaudeville.
La Méprise en Voyage, opéra-vaudeville en un acte, donné hier à ce théâtre, n’a pas eu tout le succès qu’il sembloit promettre. L’intrigue est cependant simple, légere ; les couplets sont généralement très-jolis. Qui a donc pu balancer la réussite de cet ouvrage ? ce ne sont que des longueurs dans les dernières scènes sur-tout. Nous engageons l’auteur à faire quelques coupures, persuadés qu’avec ces petites corrections ce vaudeville sera très-agréable. Les rôles ont tous été remplis, avec beaucoup d'ensemble, par des premiers sujets de ce charmant théâtre ; ce sont M.rs Henry, Carpentier, Chapelle, et M.lles Blosseviile et Delaporte.
M. Rondin, père d’Adele, a promis à son ami Ledoux de donner sa fille en mariage à son fils qu’il ne connoît pas encore, mais qu’il attend d’un jour à l’autre pour dresser le contrat. M. Rondin est retiré dans une petite campagne , où il passe ses instans de loisir aux plaisirs de la chasse qu’il aime passionnément. Pendant le temps qu’il est allé chasser arrive le jeune Ledoux avec son valet Picard : à la tournure de la maison de M. Rondin, ils la prennent pour une auberge. Lisette, suivante d’Adele, qui a entendu toutes leurs explications, et qui est au fait de ce qu’ils sont, les confirme dans leur erreur pour s’amuser d’eux.
Le jeune Ledoux est enchanté d’avoir une hôtesse aussi jolie. Déjà il ne pense plus à la femme inconnue à laquelle son pere veut le marier ; de son côté, Adele trouve cet amant fort à son gré. Lisette leur fait voir le logement qui leur est destiné. Le pere revient de la chasse chargé de butin. On lui dit qu’il est venu deux étrangers qui se sont écartés de leur route, et auxquels on a donné l’hospitalité ; il est fort satisfait que l’on se soit ainsi conduit envers eux. Il sort pour aller lui-même, en véritable bon chasseur, apprêter le gibier qu’il a tué, et revient bien tôt sous le costume d’un chef de cuisine d’auberge. Ledoux et son valet Picard le pressent si fort pour avoir à souper, qu’il ne sait ce que veulent dire tous leurs dis cours. Le jeune Ledoux demande qu’on le serve splendidement ; mais aussitôt que tout le monde est parti pour apprêter le souper, Picard fait sentir à son maître le tort qu’il a eu de demander un si grand repas, attendu qu'ils n’ont pas de quoi le payer. Le pere Rondin les écoute, et entendant que ce jeune homme est fils de son ami, il profite de l’embarras de son futur gendre pour se verger de la ruse de Lisette, et du peu de confiance de sa fille. Il feint, on apporte le souper ; aussitôt qu’il est fini, le pere donne la carte, qui se monte plus haut que ce que possede Ledoux ; il est fort embarrassé. Picard, son valet, pour sortir de ce mauvais pas, a fait une fausse lettre-de-change sur M. Rondin ; il prie l’aubergiste de lui faire crédit. M. Rondin, pour éprouver le jeune Ledoux, offre de la lui payer ; mais celui-ci lui dé couvre la ruse, et lui déclare qu'il est l’amant de sa fille.
D. S.
Journal de Paris n° 143 du 23 pluviôse an 5 [12 février 1797], p. 574 :
Théâtre du Vaudeville.
L’auteur de la Méprise en voyage, jouée avant-hier pour la première fois sur ce théâtre, avoit eu soin de prévenir les spectateurs, qu’il ne leur offroit qu’une bluette, une intrigue légère & un peu de gaîté, voilà tout ce qu’il leur promettoit. Quoique ceux-ci n’exigeassent rien de plus, il les a laissé néanmoins avec quelques desirs à cet égard. En effet, cette production est souvent très-près du comique & de la bonne palisanterie, mis rarement elle touche ce but, & l’on sait qu’au Vaudeville on pardonne plus facilement d’être au-delà, que de rester en-deçà.
Cette pièce ne devoit pas tomber, mais elle n’est pas du nombre de celles qui peuvent obtenir un succès complet.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, seconde année (an 5, 1797), tome cinquième, p. 553 :
L'auteur de la Méprise en voyage, jouée le 19 pluviôse pour la première fois sur le théâtre. du Vaudeville, avoit eu soin de prévenir les spectateurs qu’il ne leur offroit qu'une bluette, une intrigue légère et un peu de gaieté, voilà tout ce qu’il leur promettoit. Quoique ceux-ci n'exigeassent rien de plus, il les a laissé néanmoins avec quelques désirs à cet égard. En effet, cette production est souvent très-près du comique et de la bonne plaisanterie, mais rarement elle touche ce but, et l’on sait qu’au Vaudeville on pardonne plus facilement d'être au-delà que de rester en de-cà.
Cette pièce ne devoit pas tomber, mais elle n’est pas du nombre de celles qui peuvent obtenir un succès complet.
Journal littéraire de Lausanne, volume 8, n° 11 p. 316 :
La Méprise en voyage; première représentation le 9 Février.
Le sujet de cette bagatelle est assez plaisant. Un jeune homme se met en route avec son valet, pour aller se marier à la campagne ; il arrive, sans le savoir, chez son beau-pere, dont il prend la maison pour une auberge. La magnificence du souper qu'on lui donne, l'allarme d'autant plus pour les frais, que sa bourse est vide ; le beau-pere s'amuse quelque tems de son embarras, & finit par embrasser son gendre. L'auteur n'a point profité des ressources que cette fable lui présentoit. Les scènes de la piece sont toujours prêtes à devenir comiques & ne le deviennent jamais; le dialogue est assez naturel, mais les couplets sont nuls.
D'après la base César, pièce d'auteur inconnu, représentée 8 fois au Théâtre du Vaudeville, du 9 février au 28 mars 1797.
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