Le Manteau, arlequinade en un acte ; 18 septembre 1806.
Théâtre du Vaudeville.
Almanach des Muses 1807.
Courrier des spectacles, n° 3510 du 19 septembre 1806, p. 2 :
[La pièce a échoué, malgré le patronage prestigieux des contes de La Fontaine, que le critique ne juge pas une source convenable pour qui veut écrire une pièce. Et surtout d’une mauvaise pièce sans « intérêt, plan, situations, caractères et langage ». Rien n’est remarquable, et même la versification est fautive. Mais c’est l’immoralité de la pièce qui est condamnée : on ne peut accepter une pièce sur un tel sujet (mai on n’en sait toujours pas plus. Peut-être le résumé de l’intrigue va-t-il nous éclairer ? Il s’agit bien sûr d’une affaire matrimoniale, Arlequin étant aimé de deux jeunes filles. L’oncle d’Arlequin part avec un grand manteau pour convaincre la tête des jeunes filles. Arlequin en profite pour rencontrer sa belle, mais ils sont surpris par la tante, couverte du manteau de l’oncle. Avec un peu d’imagination, on peut voir là une situation scabreuse (quand et comment le manteau a-t-il changé d’épaules ?). En tout cas; pas de doute : « l’indécence de ce dénouement » est cause de la chute complète de la pièce, d’autant que rien de positif ne rachète les défauts qu’elle présente. D’ailleurs, la pièce a été joéue plutôt mal par deux jeunes actrices, signe que les « premiers sujets » avaient pressenti que la pièce échouerait.]
Théâtre du Vaudeville.
Le Manteau, arlequinade.
I1 falloit couvrir d’un manteau très-épais cette impertinente arlequinade Qu’importe que le sujet soit tiré de La Fontaine ? est-ce, d’abord , dans ses contes qu’un écrivain décent doit chercher un sujet ? et si l’on suppose qu’avec des ménagemens, on puisse mettre en scène quelques-unes des anecdotes grivoises qu’il a revêtues des charmes de son style, ne faut-il pas de l’esprit et du talent pour n’être pas trop indigne d’un aussi beau modèle ? c’est une réflexion à laquelle l’auteur de la pièce nouvelle ne s’est pas assez attaché. Tout y est dénué d’intérêt, plan, situations, caractères et langage. On n’a pas trouvé un mot à remarquer, un couplet à applaudir ; les règles même les plus simples de la versification y sont honteusement violées Si la pièce st d’un écolier , il falloit , avant de la recevoir, l’inviter à consulter la gram maire ; si elle est d’un vieillard , il falloit le prier de s’en souvenir.
On pardonne volontiers au Théâtre un mot gaî, une idée un peu libre, pourvu qu’elle soit présentée avec esprit et délicatesse ; mais on ne sauroit y souffrir un sujet dont toutes les parties se rapportent à un acte que réprouvent la décence et les mœurs.
Les tréteaux de la Foire étoient le seul lieu où l’on devoit porter le Manteau dont le Vaudeville a consenti à s’envelopper. Arlequin est amoureux ; deux petites filles se disputent son cœur et sa main ; elles ont l’une et l’autre une tante qui prêche la vertu, leur parle du couvent, et leur recommande de fuir sur-tout la société des hommes et leurs perfides conseils. De son côté, Arlequin a un oncle dont il emploie les bons offices pour obtenir la main d’Isabelle, l’une des petites personnes.
L’Oncle se rend chez la Tante, enveloppé d’un grand manteau, et promet toute protection à son neveu. C’étoit le soir; Arlequin profite de son absence pour obtenir un rendez-vous d’Isabelle. Colombine, jalouse d’Isabelle, surprend les amans et court avertir la Tante. La daine s’habille à la hâte, et arrive au rendez vous, les épaules enveloppées d’un grand voile noir. Elle commence par gourmander vivement Isabelle et Arlequin; celui - ci ne s’effraie pas du bruit, regarde attentive ment sa dame Honesta, lui reconnoît sur les épaules le manteau de son oncle, et le lui enlève à la face de tout le monde. L’Oncle arrive sans manteau, la Tante reste couverte de confusion, et consent au plus vite au mariage de sa nièce.
L’indécence de ce dénouement, la nudité avec laquelle il est présenté, a été le signal d’une chûte complette. Rien n’a pu conjurer i’orage, et les sifflets ont fait justice d’une piece dont les défauts n’étoient rachetés par aucun genre de mérite.
Les principaux rôles étoient remplis par deux jeunes actrices fort novices encore dans leur art. Les premiers sujets avoient probablement pressenti le sort malencontreux de la pièce, et n’avoient pas voulu se charger d’être sifflés pour les auteurs.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1806, tome V, p. 472 :
Théâtre du Vaudeville.
Le Manteau, arlequinade.
Cette pièce, tirée d'un conte de La Fontaine peu décent, est tombée à plat.
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