Le Manuscrit déchiré, bagatelle en un acte, en prose, mêlée de couplets, précédée d'un prologue en vers, de Pain, représentée au Palais de S. A. S. le prince Archi-Chancelier de l'empire, le 23 juin 1809.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Léopold Collin, 1809 :
Le Manuscrit déchiré, bagatelle en un acte, en prose, mêlée de couplets, Représentée au Palais de S. A. S. le prince Archi-Chancelier de l'empire, le 23 juin 1809 précédée d'un prologue en vers, Par M. Joseph Pain.
Théodore Muret, l'Histoire par le théâtre: 1789-1851 (Paris, 1865), Première série, la Révolution, le Consulet, l'Empire, p. 266-268 :
[Parmi les pièces créées pour des événements privés, la « bagatelle » écrite par Pain pour la fête de Cambacérès a droit à un traitement de faveur. Il s'agit de montrer jusqu'à quel degré de flatterie les auteurs étaient capables de s'élever.
Comment s'étonner que le souverain fût encensé de la sorte, quand la flatterie allait jusqu'au degré que l'on va voir, pour ceux qui seulement reflétaient les rayons de sa puissance ? L'impression nous a conservé une pièce composée pour la fête de l'archi-chancelier Cambacérès, par le vaudevilliste Joseph Pain, dont le nom s'associait assez plaisamment à celui de Bouilly, son collaborateur le plus habituel. Voici le titre de cette œuvre curieuse de courtisannerie :
LE MANUSCRIT DÉCHIRÉ,
Bagatelle en un acte, en prose, mêlée de couplets,
Représentée au palais de S. A. S. le Prince archi-chancelier
de l’Empire, le 23 juin 1809,
précédée d'un prologue en vers,
par M. JOSEPH PAIN.
Le prologue met en scène sous leurs propres noms plusieurs familiers de la maison, tels que d’Aigrefeuille et Villevieille, ces deux gourmets experts, commensaux attitrés du patron, et chacun chante ses louanges avec un enthousiasme qui sent les cuisines et l'office. Quant à la pièce, il s'agit d'un auteur en train de composer un à-propos pour cette bienheureuse Saint-Jean, et dont le manuscrit, déchiré et jeté par un maladroit, est rapporté morceau à morceau par les actrices qui doivent jouer les rôles. Les deux acteurs étaient Crétu et Brunet; les actrices étaient Mlle Rose Dupuis, du Théâtre-Français, Mme Crétu, de l'Opéra-Comique, Mlle Rivière, du Vaudeville, Mlle Cuisot, Mlle Pauline et Mlle Flore des Variétés. Cette Flore que nous avons vue finir si misérable, plus de quarante ans après, pouvant à peine, d'une langue épaissie, balbutier ses derniers rôles, elle représentait ici une jeune et fraîche bouquetière en fonds de compliments fleuris pour le héros de la fête. Du commencement à la fin, l'éloge à outrance ne tarit pas. On est étonné qu'un homme se fasse ou se laisse ainsi accabler en personne et à bout portant, de madrigaux et de louanges. L'actrice de l'Opéra-Comique porte le costume de Mme de Sévigné : de là le titre de bien bon, transporté de l'abbé de Coulanges à l'archi-chancelier. Si l'on n'a pas fait parler l’Éloquence, c'est que le rôle était trop difficile,
A moins que pour nous Monseigneur
N'eût daigné l'écrire lui-même.
Ce n'est pas avec moins de succès que Son Altesse daigne passer du grave au doux :
Le Prince, pour la rendre aimable,
Cache la raison sous des fleurs.
Il a la bienfaisance, il a le génie, il a tous les dons, toutes les vertus.
Ami du plus grand des vainqueurs,
Lumière du siècle où nous sommes,
Votre nom vivra dans nos cœurs
Et dans la mémoire des hommes.
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