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Le Maréchal-Ferrant [de la Ville] d’Anvers

Le Maréchal-Ferrant de la Ville d’Anvers, pièce anecdotique mêlée de vaudevilles, par M. Maurice Séguier, 23 floréal an 7 [12 mai 1799].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Maréchal ferrant [de la Ville] d’Anvers

Genre

pièce anecdotique mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

23 floréal an VII (16 mai 1799)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. Maurice Séguier

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le libraire, au Théâtre du Vaudeville, an VIIe :

Le Maréchal ferrant de la ville d’Anvers, pièce anecdotique en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, Par le C. Maurice S.... Représentée, pour la première fois, au Théâtre du Vaudeville, le 23 Floréal, an 7.

Omnia vincit amor.

Le texte de la pièce est précédé d’une explication historique :

FAIT HISTORIQUE.

Quintin Messis, dit le maréchal d’Anvers, peintre, mort à Anvers en 1529, exerça, pendant vingt ans, la profession de maréchal. Ce fut l‘amour qui lui fit quitter ce métier pour s’appliquer à la peinture. Passionnément épris de la fille d'un peintre, il l’a [sic] demanda en mariage ; mais le père déclara qu’il ne donnerait sa .fille qu’à une personne exerçant son art. Dès ce moment, Messis s’appliqua à dessiner. Le premier tableau qu’il fit, fut le portrait de sa maîtresse, qu’il obtint par sa constance et ses talens.

On connaît ce vers qui, dit-on, se lit sur son épitaphe :

Connubialis amor de muleibre [sic] fecit Apellem.

(Extrait du nouveau Dictionnaire historique.)

Courrier des spectacles, n° 811 du 24 floréal an 7 [13 mai 1799], p. 2-3 :

[La pièce nouvelle consacre l’arrivée d’un auteur prometteur au Théâtre du Vaudeville : le citoyen Maurice débute par un succès, construit sur « un joli cadre et des couplets agréablement tournés, quelques idées déjà connues, fort adroitement rajeunies ». On ne peut en effet aps dire que le sujet soit très neuf. Une anecdote présentée comme historique en cosntitue le fonds : un jeune homme renonce à sa carrière de forgeron pour travailler dans l’atelier de peintre du père de la jeune fille qu’il a sauvée des eaux et qu’il aime désormais. Pour devenir son époux, lui qui n’est qu’un broyeur de couleurs, participe au concours de tableau dont la main de la jeune Augusta est le prix. Il l’emporte bien entendu, et épouse sa bien aimée. Le critique apprécie beaucoup un »épisode » introduit dans la pièce, celle d’un rival qui a tenté de devenir l’époux d’Augusta en présentant un tableau représentant des chardons, tellement réussis qu’un âne a tenté de manger le tableau (l’anecdote n’est pas très neuve !). Le rôle de ce second peintre est supérieurement joué par l’acteur Carpentier, les autres interprètes se voyant seulement gratifiés de l’adverbe « agréablement », qui doit montrer une moins grande approbation de leur talent. Et le dernier paragraphe sert à dire que le critique aurait aimé en dire plus, et en particulier citer des couplets remarqués, mais il n’a plus de place...]

Théâtre du Vaudeville.

Un nouvel auteur, le citoyen Maurice, vient de débuter dans la carrière épineuse du vaudeville, et ses premiers pas ont été marqués par un brillant succès. Un joli cadre et des couplets agréablement tournés, quelques idées déjà connues, fort adroitement rajeunies, ont mérité de nombreux applaudissemens au vaudeville anecdotique donné hier à ce théâtre, sous le titre du Maréchal Ferrant de la ville d’Anvers.

Robert, fils d’un maréchal ferrant, a eu le bonheur de sauver des eaux Augusta, fille d’un peintre célebre, et depuis ce moment la passion la plus vive lui a fait négliger l’atelier paternel. Il s’est rendu secrètement chez le peintre, et là il s’est fait recevoir en qualité de garçon, et son occupation est de broyer les couleurs. Cependant Augusta reçoit de son pere l’ordre de se préparer à recevoir un mari de sa main ; mais comme il attache beaucoup d’importance au talent,il décide que le peintre le plus habile obtiendra la main d’Augusta. Celle-ci désespérée veut envain le fléchir, envain le pere de Robert joint-il à ses prières l'offre d’une fortune brillante, le peintre est inflexible. Les prétendans arrivent. Chacun offre son tableau, le choix est indécis, soudain Robert se présente, il a aussi fait un tableau. Il l’expose, le découvre, et le peintre reconnoit le portrait frappant de sa fille II le proclame vainqueur, et la main d’Augusta est la récompense du génie. L’auteur a su égayer ce sujet par un épisode , dont le personnage est rendu par le citoyen Carpentier, et l'on sait avec quelle vérité cet acteur rend les rôles qui lui sont confiés. Son nom est Vanderbeck, et comme éleve du peintre il prétend aussi à la main d’Augusta. Son genre est celui des fleurs, et cette fois pour concourir, il a peint des chardons. Mais un âne qu’il a voulu consulter, trompé par la ressemblance, lui a mangé la moitié de son tableau , et l’a mis presque hors d’état d’entrer en concurrence avec ses rivaux.

Les autres rôles sont agréablement rendus par les citoyens Duchaume, Henry, Rosières, et par les citoyennes Henry et Blosseville.

Nous regrettons que le défaut de place nous prive du plaisir de citer quelques couplets qui ont été redemandés, et qui promettent à leur auteur de nouveaux succès sur ce théâtre.

Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 238, 28 floréal an 7, p. 968 :

[La pièce au succès remarquable repose sur une anecdote, à laquelle l’auteur du vaudeville a ajouté « une scene très-plaisante », celle du chardon peint mangé par un âne gourmand (le critique rattache cette scène à des exemples antiques). Si les couplets sont jugés positivement, le reste de la pièce est plus sévèrement apprécié : caractère trop peu développés, scènes trop sommaires, et surtout ton mal choisi, couleur locale et temporelle absente. Les personnages sont trop modernes

T H E A T R E DU VAUDEVILLE.

Une anecdote puisée dans les chroniques du 16° siecle, a fourni le sujet d'un vaudeville nouveau dont le succès a été remarquable.

Van-der-Vood, peintre de l'école flamande, ne voulant marier sa fille Augusta qu’à un artiste d’un talent reconnu, a mis, pour ainsi dire, au concours la main de cette jeune et belle personne. L’auteur du plus beau tableau deviendra son époux. Un jeune homme, nommé Robert, fils de Quintin Messis, maréchal ferrant de la ville d'Anvers, a eu le bonheur de sauver la vie à Augusta. Epris pour elle d une passion violente, il a su la lui faire partager ; il a quitté Anvers, s'est introduit à Louvain chez le pere de son amante, et y est employé à broyer des couleurs. Il a entendu l'arrêt prononcé par Van-der-Vood : pour être heureux, il faut qu'il soit peintre. L'amour enflamme son imagination, il lui tient lieu de maître, de guide, de modele, il conduit son pinceau; les traits dAugusta, gravés dans l'ame de l'artisan subitement devenu artiste, sont fidèlement reproduits sur la toile ; enfin, il acheve son portrait. Ce tableau était d'inspiration, il était un prodige de l amour : il est un chef-d'œuvre de l'art. Présenté avec timidité au concours par son auteur, étonné lui-même d'un tel ouvrage, il reçoit des éloges mérités et la récompense promise.

Tel est le sujet auquel l'auteur a joint une scene très-plaisante dont le trait est rapporté par Perrault, comme s'etant passée dans la cour du célebre peintre Lebrun.

Van-der-Berg, un des prétendans à la main d’Augusta, a peint des chardons, et jaloux de soumettre son ouvrage au jugement d un connaisseur, il le présenta à un ane..... Le grison dévore le tableau : Van-der-Berg, nouveau Zeuxis, vient réclamer le prix ; mais comme le peintre grec, il n’avait trompé que l’instinct aveugle d un animal : son rival plus heureux, avait remporté un plus noble triomphe ; et moderne Parrhasius, il avait mérité la couronne.

Des couplets très-ingénieux, très-délicats sont répandus dans cet ouvrageapprcié.] : ils lui sont nécessaires, car on peut lui reprocher de n'offrir aucun caractere assez développé, peu de scenes assez complettes. L’artiste Van-der-Vood montre plus de préjugés que d'enthousiasme pour son art ; il refuse moins Robert parce qu'il n'est pas artiste, que parce qu'il est artisan ; ce motif appartenait plutôt à un gentilhomme campagnard qu’à un peintre estimé. Le contraste entre le pere de Robert, maréchal ferrant, et le peintre de Louvain n'est pas assez fortement établi. Les rôles des amans sont faibles. Robert ne dit et ne fait rien qui prépare au prodige dont l'amour le rend capable.

Peut-être aussi un reproche plus général doit-il être fait à l’ouvrage ; son auteur, le citoyen Maurice, dans le choix des idées, la tournure des couplets, dans le dialogue même, nous semble n’avoir pas choisi le ton, et répandu la couleur locale du tems auquel il reporte la scene.

Les peintres flamands ont souvent méconnu les regles qui prescrivent l’exactitude des costumes. Sous le rapport du style au théatre, des regles à peu près semblables sont tracées, et, comme les peintres flamands, il ne faut pas les enfreindre.

Nous pensons que dans l'ouvrage nouveau, les personnages ont une physionomie trop moderne, un langage trop délicat, trop éloigné de la simplicité des mœurs des anciens brabançons. Le contraste est d’autant plus remarquable, que l'ouvrage est monté avec un soin particulier, que les costumes et les accessoires sont d’une grande vérité. La citoyenne Henry mérite, dans le rôle d'Augusta , non moins que dans celui de Blanche, l’application de ces vers :

On vous prend, mademoiselle,
Pour un portrait de Vandick.

Il y a plus, ces vers ne sont pas démentis à la vue de son portrait, qui n’est pas dû, si l’on veut, à un prodige d’amour, mais au talent de l’habile peintre, le citoyen Colson.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome II, p. 119-120 :

[Une anecdote, des couplets « très-délicats », mais « un défaut d’ensemble qui annonce un auteur peu exercé, mais on ne sait pas lequel... Félicitations aux acteurs.]

Le Maréchal-Ferrant de la ville d'Anvers

La première représentation de cette pièce a été donnée au Vaudeville, le 23 floréal, avec succès. En voici l'analyse.

Le sujet est tiré d'une anecdote du 15.e siècle.

Hubert, fils de Quintin Messis, maréchal-ferrant de la ville d'Anvers, a sauvé les jours d’Augusta, fille du peintre Vandervood, chez lequel il a été reçu pour broyer des couleurs. Cet homme, enthousiaste de son art, ne veut donner sa fille qu'à un peintre habile, et il doit recevoir le jour même tous les concurrens, et juger celui qui aura remporté le prix. Vandeberk, peintre de 'fleurs, a représenté un chardon, mais avec une telle vérité, qu'un âne a mangé une partie du tableau. Il est prêt à avoir le prix, lorsque Robert arrive avec le portrait d'Augusta, si ressemblant, que Vandervood, considérant la promptitude avec laquelle il a acquis son talent, ne peut lui refuser sa fille.

Plusieurs couplets sont très-délicats, mais la pièce a un défaut d'ensemble qui annonce un auteur peu exercé : aussi cet ouvrage est-il le premier du C. Maurice ; cet essai annonce cependant beaucoup de dispositions.

Les rôles ont été très-bien joués par les CC. Henry, Rosières et Carpentier ; mais le C. Duchaume, dont on connoît le talent, n'a pas montré, dans le rôle du peintre, cette chaleur qui lui convenoit ; sou jeu a été très-négligé.

La C.ne Henry a rempli le rôle d'Augusta avec beaucoup de grâces et d'ingénuité, et elle a surtout parfaitement chanté. La C.ne Blosseville a aussi joué très-gaiement le rôle de la soubrette.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome IX, prairial an 7 [mai 1799], p. 192-194 :

[Le compte rendu s’ouvre par le récit d’une intrigue qui met en scène un jeune homme qui devient apprenti peintre pour rester près de sa bien aimée, fille d’un peintre, et qui réussit à l’épouser par ses très rapides progrès. Le jugement porté est largement positif : le succès a été complet, grâce aux qualités de la pièce : « de l'intérêt, de l'esprit, du sentiment, de la gaieté », ensemble de qualités assez rare. L’intrigue est censée reposer sur une anecdote datée de 1500 environ (et qui rappelle tout de même des histoires bien plus anciennes). Les interprètes ont joué avec un ensemble dont ils ne sont pas coutumiers, « les costumes sont agréables & soignés », et « plusieurs couplets ont été redemandés ».

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Maréchal-ferrant d'Anvers.

Robert, fils de Quintin Messis, maréchal-ferrant de la ville d'Anvers, a eu le bonheur, en se jetant à la nage, de sauver les jours d'Augusta, fille du peintre Wanderwood. A la reconnoissance d'Augusta a succédé bientôt un sentiment plus tendre ; elle aime Robert, & Robert, brûlant pour elle de l'amour le plus pur, s'est introduit dans la maison du père pour y broyer des couleurs Qu'il est heureux, il voit chaque jour sa maîtresse ! Mais un obstacle vient s'opposer à l'union de ces deux amans. Wanderwood, enthousiaste pour tout ce qui tient à son art, ne veut donner la main de sa fille qu'à un peintre, & à celui qui, dans un temps marqué, aura fait le meilleur tableau. – Le jour fixé pour le concours est arrivé. En vain le père de Robert, qui a découvert la passion de son fils, cherche à obtenir le consentement de Wanderwood ; huit mille écus de dot qu'il s'engage à donner, ne peuvent fléchir le père d'Augusta. Chacun des concurrens se présente donc avec son ouvrage. L'un d'eux (Vanderberg) a peint un chardon & l’a si parfaitement imité, qu'un âne friant, séduit par la vérité du tableau, en a dévoré une partie. Cette preuve est convaincante, & Wanderwood enchanté se dispose à couronner Vanderberg, lorsque Robert paroît à son tour avec le portrait d'Augusta. La ressemblance est si frappante que Wanderwood étonné regarde un talent aussi promptement acquis, comme un prodige, & accorde la main de sa fille à Robert.

Tel est le fonds de la pièce donnée dernièrement sur ce théâtre avec un succès complet ; de l'intérêt, de l'esprit, du sentiment, de la gaieté, forment une réunion assez rare ; voilà cependant ce qu'on trouve dans le maréchal-ferrant d’Anvers, dont une anecdote arrivée vers l'an 1500, a fourni le sujet au C. Maurice ; son nom a été demandé & couvert d'applaudissemens.

On doit des éloges à tous les acteurs ; l'ensemble qu'on néglige quelquefois à ce théâtre, ne l'a pas été ; les costumes sont agréables & soignés, & l'on a remarqué que le portrait d'Augusta, dont le rôle est rempli par la citoyenne Henry, avec beaucoup de grâces, avoit été peint par le C. Colson, de la ci-devant académie.

Plusieurs couplets ont été redemandés ; nous regrettons de ne pouvoir citer que les deux suivans : C'est Robert qui parle.

AIR : Femmes, voulez-vous éprouver ?

La peinture aide un malheureux
A soutenir son existence,
Il prend un maître industrieux ;
Et ce grand maître est l'espérance ;
Toujours il offre à sa douleur,
L'illusion qui l'encourage ;
Ne pouvant saisir le bonheur,
Il en saisit du moins l'image.

Un des rivaux de Robert, en présentant son tableau, s'exprime ainsi :

AIR : Aimé de la belle Ninon.

J'ai peint la coupe du plaisir,
Auprès d'elle la foule est grande ;
Jeunes, vieux, ont même désir ;
Nous sommes tous
race gourmande :
Heureux qui peut se modérer
Au gré d'une raison sévère ;
Quand l'imprudent court s'enivrer,
L'homme éclairé s'y désaltère.

Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, tome sixième (Paris, 1810), p. 88-89 :

MARÉCHAL-FERRANT DE LA VILLE D'ANVERS (le), vaudeville en un acte, par M. Maurice, au Vaudeville, 1799.

Robert, fils de Quintin Messis, maréchal ferrant de la ville d'Anvers, a eu le bonheur, en se jetant à la nage, de sauver les jours d'Augusta, fille du peintre Wanderwood. A la reconnaissance d'Augusta, a succédé bientôt un sentiment plus tendre ; elle aime Robert, et Robert, brûlant pour elle de l'amour le plus pur, s'est introduit dans la maison du père pour y broyer des couleurs. Qu'il est heureux ! il voit chaque jour sa maîtresse ! Mais un obstacle vient s'opposer à l'union de ces deux amans. Wanderwood, enthousiaste pour tout ce qui tient à son art, ne veut donner la main de sa fille qu'à un peintre, qu'à celui, en un mot, qui, dans un tems marqué, aura fait le meilleur tableau. Le jour fixé pour le concours est arrivé ; en vain le père de Robert, qui a découvert la passion de son fils, cherche à obtenir le consentement de Wanderwood ; huit mille écus de dot qu'il s'engage à donner, ne peuvent fléchir le père d'Augusta. Chacun des concurrens se présente donc avec son ouvrage. L'un d'eux, Vanderberg, a peint un chardon, et l'a sî parfaitement imité, qu'un âne friand, séduit par la vérité du tableau, en a dévoré une partie. Cette preuve est convaincante, et Wanderwood, enchanté, se dispose à couronner Vanderberg, lorsque Robert paraît à son tour, avec le portrait d'Augusta. La ressemblance est si frappante, que Wanderwood, étonné, regarde un talent aussi promptement acquis comme un prodige, et accorde la main de sa fille à Robert.

Tel est le fonds de cette pièce, dans laquelle on trouve de l'intérêt, de l'esprit, du sentiment et de la gaieté; ce qui forme une réunion assez rare.

D’après la base César, la pièce, du baron Maurice Séguier, a été jouée 28 fois au Théâtre du Vaudeville, du 15 mai au 31 octobre 1799.

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