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Le Mari d'autrefois

Le Mari d'autrefois, comédie en trois actes, imitée de l'allemand de Kotzebue, de Boursault-Malherbe, 17 décembre 1806.

Théâtre des Variétés-Étrangères.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Antoine-Augustin Renouard, 1707 [sic] :

Le Mari d'autrefois, comédie en trois actes, imitée de l'allemand ; Représentée pour la première fois, sur le théâtre des Variétés-Étrangères, le 17 décembre 1806.

Courrier des spectacles, n° 3599 du 19 décembre 1806, p. 3-4 :

[L'article commence par des considérations moralisatrices sur le déclin des sociétés qui fait que « les maris d'autrefois » comme les femmes du passé paraissent meilleurs, ce qui nous console est que nous serons plus tard des gens d'autrefois. La pièce repose sur un couple « d'autrefois », un mari de quarante-cinq ans qui épouse sa jeune pupille, qui mène mauvaise vie, intrigue amoureuse et jeu où elle se ruine, sans que le mari réagisse – mais c'est bien ainsi que les maris d'aujourd'hui agissent. Ce qui provoque le sursaut moral de la jeune femme, c'est une cassette que lui a léguée sa mère et qui ne contient « qu’une lettre de sa mère et des aiguilles à tricoter », qui lui rappelle son origine très modeste, et la générosité de son mari. Elle n'en continue pas moins sa vie dissolue, et perd tout son argent au jeu. L'intervention d'un Arménien sauve son honneur : il se bat en duel pour défendre son honneur, et cet Arménien, qui reparaît blessé, est en fait son mari. Le dévouement de son mari est salutaire pour la jeune femme, comme pour sa belle-mère, jusqu'ici très hostile, et qui « rend ses faveurs à sa bru ». Le jugement porté ensuite sur la pièce oppose le succès qu'elle a obtenu à l'étranger et son succès médiocre à Paris : mal construite, au style inégalement soigné, froide, elle pourrait réussir « avec quelques soins ».]

Théâtre Molière, Variétés Etrangères.

Le Mari d'autrefois.

Les maris d’autrefois valoient mieux que ceux d’aujourd’hui ; leurs femmes étoient aussi plus belles, plus sages, moins coquettes, moins malines ; c’est un point reconnu par tous ceux qui sont persuades que nous allons toujours en dégénérant. Cette doctrine est un peu humiliante pour nous ; mais ce qui .nous console, c’est que dans un demi-siecle, les maris d’aujourd’hui seront 1es maris d’autrefois, et qu’on nous citera comme des modèles en tout genre de mérite et de vertus.

Le Mari représenté avant-hier est un mari très-benin, d’une philosophie et d'un stoïcisme admirables. Il a quarante-cinq ans, il possède une baronnie, il épouse une petite fille sans naissance et sans fortune, qui se nomme Amélie, et qu’il a élevée par humanité. La petite se livre à toutes les étourderies possibles, s’attache à un jeune colonel nommé Lindorf, et court avec lui les bals, les spectacles, les maisons de jeu. Le benin Baron souffre tout cela avec une résignation exemplaire, se tient dans ses terres, et laisse à la providence le soin de ramener et de convertir sa femme. Combien de maris d’aujourd’hui ressemblent à ce mari d’autrefois ! Comptez au spectacle les femmes qui occupent les loges, et dites-moi quelles sont celles qui sont avec leur mari. Cependant la belle arrive tout-à-coup au château de son mari ; elle se rappelle que sa mère, en mourant, lui a légué une cassette qu’elle a remise au Baron. Elle la demande ; on hésite ; elle insiste, et on la lui remet. Le Colonel qui l’attendoit pour la conduire au bal, l’entraîne, et la chère cassette voyage avec elle.

Curieuse de savoir ce qu’elle renferme, elle l’ouvre, et n’y trouve qu’une lettre de sa mère et des aiguilles à tricoter. La lettre lui apprend qu’elle est née dans l’indigence, et que c’est à la générosité du Baron qu’elle est redevable des bienfaits de son éducation. Ici quelques remords de la part d’Amélie ; mais le séduisant Colonel détruit bientôt ces premières impressions ; la mère du Baron achève l’ouvrage du Colonel. Cette mère qu’on appelle Madame la Présidente, est une femme dure et hautaine, qui s’est constamment opposée au mariage de son fils, et dont l’orgueil a peut-être contribué aux égaremens d’Amélie. Elle se charge d’aller trouver sa bru, et de la menacer d’un divorce prochain. Menace inutile ; Amélie n’en poursuit pas moins ses projets de dissipation. Lindorf la conduit au bal. Elle se place ensuite à une table de jeu et perd tout ce qu’elle possède, elle s’engage même pour une somme assez forte. Le banquier la traite comme une femme de mauvaise vie. Un Arménien prend sa défense, paye le banquier et le provoque en duel. Amélie rentre chez elle, inquiète de l’issue de cette affaire. Mais bientôt son mari reparoît, le bras en écharpe, et se fait reconnoître pour l’Arménien. Amélie confondue, se jette dans les bras du Baron, abjure ses erreurs, et congédie le Colonel. La vieille Présidente elle-même se convertit, et rend ses faveurs à sa bru.

Ce sujet est heureux ; il est susceptible d’effets dramatiques, et la pièce a de la réputation chez l’étranger ; mais elle n’a pas soutenu sa renommée à Paris. Les scènes ont paru courtes et dénuées de liaison ; le style n’est pas toujours soigné, et l’effet en est un peu froid. Son succès n’a donc été que médiocre ; mais avec quelques soins, elle peut reparoître avantageusement.

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