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Le Mari jaloux, & rival de lui-même

Le Mari jaloux, & rival de lui-même, comédie en un acte, en prose, d’Alexandre Villeterque, 21 février 1793.

Théâtre du Marais.

Titre :

Mari jaloux, & rival de lui-même (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

21 février 1793

Théâtre :

Théâtre du Mrais

Auteur(s) des paroles :

Alexandre Villeterque

Mercure de France, duodi de la 2e. décade de Brumaire, l'an deuxieme de la République [2 novembre 1793], p. 94-95 :

[« duodi de la 2e. décade de Brumaire, l'an deuxieme de la République », c'est le 12 brumaire an 2]

[Le critique place sous le titre de Zéna, ou la Jalousie et le Bonheur (qui est un roman) le rappel d'une « petite comédie » qu'il juge avec une certaine sévérité, alors même qu'elle a eu du succès. Il ne peut guère s'agir que du Mari jaloux & rival de lui-même. Après l'habituelle balance entre défaut (l'intrigue) et qualité (le dialogue), il conseille à l'auteur de faire preuve de modération : trop d'esprit, trop d'imagination, il faut respecter la raison et la vraisemblance.]

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Zéna, ou la Jalousie et le Bonheur, rêve sentimental; par M. L. Villeterque seconde édition, broch. in-8°., de l'imprimerie de Didot le jeune. A Paris, chez Belin, libraire, rue Saint-Jacques, no. 21; et Magimel, quai des Augustins, no. 73.

Cette brochure réunit quelques autres morceaux, soit drames, soit romans, entr'autres une petite comédie, qui a été représentée avec succès sur un des nouveaux théâtres de la capitale ; l'intrigue en est un peu froide; mais le dialogue est ingénieux. En général, l'auteur montre de l'esprit et de l'imagination ; mais il est à desirer qu'il assujettisse l'une à la raison et à la vraisemblance, et qu'il corrige l'autre d'une espece d'intempérance qui nuit à toutes ses productions. Dans ce qu'il invente, il cherche trop la surprise et l'effet, même aux dépens du bon sens ; et dans son style, il ne songe qu'à aiguiser chaque phrase et à en faire un trait, même aux dépens de la clarté et de la justesse. Ces défauts, sans doute, sont ceux de la jeunesse et ne prouvent rien contre les dispositions naturelles. Mais l'auteur doit songer que pour être lû, il faut absolument offrir aux bons esprits une nourriture plus solide, et se rendre un compte exact et réfléchi de ses propres idées. Il paraît être capable d'y réussir, s'il veut étudier mûrement les bons modeles et suivre les bons principes; car ses defauts semblent tenir en grande partie à la contagion des mauvais exemples.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 6 (juin 1793), p. 319-321 :

[Si la pièce se voit créditée de « beaucoup d’esprit, des scenes piquantes », le critique lui trouve un grand défaut, «  d'avoir fait un valet l'agent de M. Florville, & d'avoir ainsi compromis sa femme » (on compromet facilement une femme à cette époque). Il attribue une part importante du « succès de cette jolie comédie » à la qualité des acteurs.]

THÉATRE DU MARAIS.

Le mari jaloux, & rival de lui-même, comédie, représentée pour la premiere fois le 21 février 1793.

M. de Florville est marié depuis quelque tems à une femme charmante, & quoiqu'il soit son époux, il n'a pas cessé d'être son amant.

Florville réunit toutes les vertus qu'on peut rechercher dans un homme estimable, les graces de l'esprit, les agrémens de la musique & de la peinture, & tous ces talens sont consacrés à peindre son amour : cependant de l'excès de cet amour naît une espece de jalousie, une crainte, une incertitude, fondée on ne sait trop sur quoi, & pour y mettre fin il résout d'éprouver sa femme. Il lui écrit plusieurs lettres pleines de tendres sentimens, sous un nom supposé & d'une écriture inconnue : dans la derniere, il lui demande pour prix de ses assiduités, de lui accorder un entretien secret, & pour preuve qu'elle écoute ses vœux, de paroître à sa fenêtre avec un ruban bleu sur la tête pour toute parure. Mme. de Florville lit cette lettre avec indignation, & soupçonnant un M. d'Herbois, ami de son mari, elle se résout à lui accorder l'entretien qu'il demande & à lui parler de maniere à le dégoûter de sa folle entreprise. L'heure du signal arrivée, & M. de Florville présent à la toilette, elle se fait attacher le fatal ruban. On peut juger de l'embarras du pauvre mari à cette vue inattendue : il est persuadé que ces soupçons ne sont que trop réalisés, & sort en se promettant une prompte vengeance ; cependant Frontin, valet de M. de Florville, & qui joue le rôle de l'amant, paroît sous les fenêtres, enveloppé d'un ample manteau & coëffé d'un grand chapeau rabattu. On lui donne le signal, & l'on va s'apprêter à le bien recevoir. Frontin, en montant, rencontre M. de Florville dans le sallon. Là, il lui reproche sa jalousie & l'embarras dans lequel il le met ; mais tandis qu'ils sont à causer, Mme. de Florville entre précipitamment.

M. de Florville n'a que le tems de se cacher derriere un tableau, d'où il entend les reproches sanglans que son épouse fait au prétendu amant. Cependant il est tems que la comédie finisse ; M. d'Herbois arrive à propos pour la terminer ; il ordonne à Frontin d'ôter son manteau, tout se découvre, & Mme. de Florville, après s'être fait un peu prier, pardonne à son mari.

Telle est l'analyse de cette piece, dont l'auteur est Witergue. Beaucoup d'esprit, des scenes piquantes ; nous ne pouvons cependant passer sous silence un défaut essentiel, c'est d'avoir fait un valet l'agent de M. Florville, & d'avoir ainsi compromis sa femme. Tous les rôles ont été remplis avec beaucoup de finesse, & ce feu des acteurs n'a pas peu contribué au succès de cette jolie comédie.

César : l'auteur s'appelle Alexandre Villeterque. La première a eu lieu le 21 février 1793. La pièce a connu 11 représentations jusqu'au 24 juin 1793.

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