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Le Mari, le voleur et l’amant comme on n’en voit plus

Le Mari, le voleur et l’amant comme on n’en voit plus, vaudeville, par M. Henrion, musique de Plantade (pour une romance), 27 fructidor an 9 [14 septembre 1801].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Mari, le voleur et l’amant comme on en voit plus (le)

Genre

vaudeville en style marotique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

27 fructidor an 9 (14 septembre 1801)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. Henrion et L’aubespine

Compositeur(s)

M. Plantade (pour la romance de l’amant)

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Made. Masson, an X (1801) :

Le Mari, le voleur et l’amant comme on n’en voit plus, Anecdote du XIVe siècle. Vaudeville en un acte, et en style marotique. Par les Citoyens Henrion et L’aubespine. Représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre du Vaudeville, le 27 fructidor an 9.

Le deuxième auteur donné par la brochure est peut-être bien une fiction.

Courrier des spectacles, n° 1660 du 28 fructidor an 9 [15 septembre 1801], p. 2 :

[La pièce, en style marotique du 14e siècle (mais oui), est traitée de façon un peu ironique par le critique. On sent dans le style qu’il adopte quelques fausses tournures anciennes, et la fin de l’article feint de s’étonner de la facilité avec laquelle la charmante Zémire est offerte au gentil troubadour. Son plus grand souci est d’allonger encore le titre, qui se voit successivement proposer deux ajouts un rien moqueurs. Sinon, petit succès, attribué aux couplets et à la belle voix de la chanteuse qui les a si bien interprétés. L’intrigue est résumée de manière à en faire ressortir l’incongruité. Visiblement les mœurs amoureuses du 14e siècle ne sont pas compris au début du 19e.]

Théâtre du Vaudeville.

Le Mari, le Voleur et l’Amant, comme il n'y en a plus ; on aurait pu ajouter après l’Amant, et l’Epouse , comme il n'y en a plus ; du moins le public auroit connu d’avance tous les personnages de la pièce : et il faut convenir que la naïveté de celui-ci, ne le rend pas moins surprenant que les autres ; d’ailleurs, c’est sans contredit le plus aimable.

Cette pièce n’a eu qu’un médiocre succès ; elle l’a dû en partie à quelques couplets agréables, aux graces, à la naïveté et à la jolie voix de Mademoiselle Desmares.

Thierry, jeune troubadour sans fortune, aime la tendre Zémire. Les parents de cette dernière l’ont sacrifiée à quatorze ans, en lui faisant épouser Agenor, très-riche capitaine ; mais qui heureusement est un mari comme il n’y en a plus. La première preuve qu’il en donne, c’est de laisser le jour des noces, et à l’issue de la fête, sa jeune épouse roder seule le soir dans le jardin Elle entend la voix de son Amant : doux entretien s’engage, Zémire promet d’aller dans le milieu de la nuit reprendre gages d’amour qu’elle a jadis donnés.

Si la promesse est un peu indiscrète, l’aveu qu’elle en fait ensuite à son mari, qui l'invite à venir passer la nuit avec lui, et à qui elle répond qu’elle ne le peut, parce qu'elle est engagée : cet aveu est peut-être pas trop naïf ; mais que dire de la complaisance du mari, qui consent qu’elle se rende chez son amant an milieu de la nuit, lui donne la clef du jardin ? Il n’y a sûrement plus de mari et femme comme ceux là, aumois [sic] un jour de nôce. Zémire sort donc couverte de ses diamans, elle est rencontrée par un voleur. L’éclat, les bijoux le tente [sic], les appas de Zémire ne font pas sur lui une impression moins vive ; le choix l’embarrasse beaucoup. Il renonce aux uns et aux autres, et s’offre pour le défenseur de la jeune pastourelle, si elle vient à être attaquée ; voilà encore un voleur comme il n’y en a plus. Le troubadour n’offre pas un modèle moins rare : impatient de ne point voir arriver Zémire au rendez-vous, il vient au devant d’elle, apprend l’aveu qu’elle a fait à son époux et l’extrême complaisance de ce dernier. Sollicité par l’innocente Zémire, de la conduire dans sa maison, pour se rendre mutuellement gages d’amour, il la refuse et la ramène à son mari. Le vieux Agénor fait de grandes réflexions, rompt son mariage et unit les deux amans, en leur assurant sa fortune. Sans doute que les loix de ce tems là l'autorisoient à en agir ainsi. On auroit pu mettre dans le titre de la pièce, les loix comme il n’y en a plus.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an X, Ier trimestre, n° 1 10 vendémiaire an X, p. 50-51 :

[Le critique nous prévient : la pièce nouvelle est singulière, bizarre dans sa contexture. Et il entreprend de résumer cette intrigue bizarre et singulière, les histoires d'amour d'un vieil homme qui a épousé une femme bien plus jeune, amoureuse d'un charmant troubadour à qui elle accorde d'innocentes faveurs, mais qui sont bien près de provoquer une catastrophe, par la rencontre d'un voleur qui finit par ne rien voler, ni les bijoux, ni la vertu de la jeune femme. Et la confrontation du voleur et du troubadour aboutit à renvoyer la jeune épousée dans les bras de son vieux mari. A cette intrigue assez peu vraisemblable s'ajoute le recours à un langage peu compréhensible, de « style marotique ». De la pièce, le critique choisit de ne garder que la romance de Plantade si bien chantée et qui mériterait « de se trouver dans un autre cadre », permettant qu'elle soit « chantée plus souvent », le critique doutant sans doute du succès à venir de la pièce.]

Théâtre du Vaudeville.

Le Mari, le Voleur, et l'Amant comme on n'en voit plus. Comédie-Anecdote en style marotique.

Si l'auteur de ce singulier ouvrage avait ajouté à son titre : et comme il n'y en eut jamais, il aurait au moins eu le mérite de l'avoir parfaitement rempli. Rien de plus bizarre en effet que toute la contexture de cette pièce. Elle mérite l'analyse par sa singularité même.

Argénor est un vieux militaire qui vient d'épouser l'innocente et naïve Zémire. Sans doute il ignorait qu'elle avait donné son cœur au jeune Thierri, troubadour réduit par ce mariage à se lamenter sous les fenêtres de sa belle, pendant les réjouissances de la noce. Zémire, qui l'entend, quitte son vieux époux pour venir parler à son amant, par-dessus le mur du jardin. Thierri lui redemande ses gages d'amour, elle promet naïvement d'aller le soir même les lui rendre, et plus naïvement encore en demande la permission au vieux Argénor. Mais ici commence le merveilleux : Argénor étonné d'abord, consent néanmoins au rendez-vous ; il confie même à Zémire la clef du jardin, pour lui abréger la route. Celle-ci, toute parée, traverse la ruelle isolée qui sépare sa maison de celle de Thierri. Un voleur se présente : ce voleur, très-extraordinaire, balance d'abord, on ne sait trop pourquoi, entre la tentation des diamans et celle des attraits de Zémire. Presqu'aussi galant qu'un troubadour, il lui débite des fleurettes et finit par renoncer à son double larcin, sur le simple aveu qu'elle lui fait de son amour et de sa situation ! — Encore plus fort !!! Il lui propose de la défendre si on l'attaque, et cède la place à l'amant. Fort heureusement pour l'innocente, Thierri ne l'a pas attendue chez lui : c'est dans cette ruelle que se passe l'explication, et que le généreux troubadour, effrayé de la facilité de son triomphe, se détermine à n'en pas abuser et à reconduire lui-même Zémire à son époux. La pauvre agnès se voit ainsi refusée par tous ceux qui pouvaient à bon droit y prétendre. Il se passe même un combat fort plaisant de générosité chevaleresque entre l'amant et l'époux. Zémire, pour completter le merveilleux, choisit elle-même le vieillard , qui se rapprochant le premier des règles de la vraisemblance et de la raison, la cède enfin au jeune troubadour. Ajoutez à ce cadre la nouveauté d'un langage très-difficile à entendre, et d'un voleur de grand chemin, chantant en style marotique, et vous aurez l'idée de l'ouvrage le plus bizarre qui jamais ait été conçu au théâtre. Heureusement pour l'auteur la pièce était finie avant que le public la crût commencée. Heureusement aussi la difficulté d'entendre de mauvais français travesti et chargé d'expressions surannées, avait adouci l'extrême indécence des naïvetés de Zémire. On a un peu demandé le voleur, qui n'a point reparu, et la pièce a glissé sans faire beaucoup de bruit. On a cependant applaudi avec raison une fort jolie romance chantée par le troubadour, et dont la musique surtout méritait de se trouver dans un autre cadre, pour être chantée plus souvent. On la dit du C. Plantade.                   L. C.

Porte-feuille français pour l’an XI (1803), quatrième année, an XI (1803), p. 180 :

[Un soupçon de plagiat ? Et une façon originale de donner le nom de lauteur.]

Le Mari, le voleur et l'amant comme il n'y en a plus, vaudeville en un acte, représenté le 27 fructidor.

Succès médiocre, plus que médiocre ; et pourtant l'auteur n'y a pas mis beaucoup du sien.... A la première représentation, au lieu de demander l’auteur , le parterre demanda le voleur. Mais Henrion garda l'anonyme : il fit bien.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 7e année, 1801, tome III, p. 268-269 :

Théâtre du Vaudeville.

Le Mari, le Voleur et l’Amant comme on n’en voit plus.

Ce qu'il y avoit de meilleur dans ce vaudeville, joué le 27 fructidor de l'an 9, c'est le couplet d'annonce que voici :

        Air : J'ai vu souvent dans mes voyages.

On a peint ici, pour vous plaire.
Voleur ayant quelques vertus,
Epoux aimable, amant sévère,
Trois hommes comme on n'en voit plus !
L'auteur offrant des personnages
Du siècle de Clément Marot,
Sera, s'il n'a pas vos suffrages,
Un auteur comme on en voit trop.

Il est inutile d'analyser cette pièce dont le sujet est tout-à-fait insignifiant, et qui n'a rien d'amusant ni de gai. Le style prétendu marotique, qui ne consiste que dans quelques mots du vieux langage, mal-adroitement mêlés au dialogue, contribue encore à la rendre plus froide. Par ce moyen, les trois quarts du public ne comprennent pas un mot de ce qu'on dit, et ce n'est pas là ce qu'il y a de plus malheureux pour l'auteur. Il faut pourtant rendre justice à quelques couplets agréablement tournés, et qui valent mieux que tout le reste de l'ouvrage.

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