Le Mariage de la veille, comédie en un acte, en prose, mêlée de chants, ded'Avrigny ; musique de Jadin. 12 nivôse an 4 [2 janvier 1796].
Opéra-comique National, ci-devant Théâtre italien
-
Titre :
|
Mariage de la veille (le)
|
Genre
|
comédie mêlée de chants
|
Nombre d'actes :
|
1
|
Vers / prose ?
|
en prose, avec des couplets en vers
|
Musique :
|
oui
|
Date de création :
|
12 nivôse an 4 [2 janvier 1796]
|
Théâtre :
|
Opéra comique national
|
Auteur(s) des paroles :
|
Davrigny (d’Avrigny)
|
Compositeur(s) :
|
Jadin
|
Almanach des Muses 1797.
Petite pièce destinée à faire briller les voix délicieuses de la C. d'Avrigny et du C. Martin.
Idée assez plaisante. M. Argant, après une longue absence, revient tout-à-coup chez lui avec un ami dont le fils doit épouser sa fille. Mais il trouve près de cette dernière un jeune homme qui en agit familièrement avec elle, l'embrasse, &c. Tout se découvre : c'est un jeune officier qui l'a épousée en secret, du consentement de la mère.
Réimpression de l'ancien Moniteur, tome vingt-huitième (1863), Gazette nationale ou le Moniteur universel, 23 Germinal an 4e. (Mardi 12 Avril 1796, vieux style), p. 188 :
OPÉRA-COMIQUE NATIONAL RUE FAVART.
Le hasard nous a laissé échapper un ouvrage qu'on donne depuis quelque temps à ce théâtre ;. il est intitulé : Le mariage de la veille. Une femme très entendue, dont le mari qui ne l'est guères, est absent depuis long-temps, a marié sa fille, sans le consulter, à un jeune militaire ; ce mariage est très convenable et les deux jeunes gens se trouvent fort heureux. Mais le père a disposé de loin de la main de sa fille, il la destine au fils d'un vieux procureur de ses amis, qui vient en faire la demande. Les jeunes époux et leur mère le reçoivent très bien, et se gardent de le refuser. La présence de ce militaire et le ton aisé qu'il a dans la maison avaient d'abord déplu au procureur. Mais l'accueil amical qu'on lui fait le rassure, seulement il croit que ce jeune homme est là pour le compte de la mère, et il en fait confidence au mari qui arrive en se disant seulement un homme de confiance. Ce quiproquo dure jusqu'à l'entrevue du mari et de la femme qui eclaircit tout. Le bonhomme se trouve heureux de n'avoir chez lui qu'un gendre au lieu d'un ami de la maison.
Ce fond, comme on voit, est celui d'une comédie de Voltaire, intitulée la femme qui a raison, fond trop léger pour une comédie, et qui convient beaucoup mieux à un opéra-comique ; ainsi le citoyen Davrigny, qui en a fait usage, est l'Auteur qui a raison, et il a d'autant plus de raison, que sa pièce est très gaie, très agréable, et a donné lieu à une musique délicieuse du citoyen L. Jadin. Les deux époux sont joués et chantés par la citoyenne Davrigny et le citoyen Martin. Le compositeur qui avait à employer de si rares talents, en a tiré tout le parti possible ; la plupart de ses airs et même de ses morceaux concertés sont dignes de pareils chanteurs, et cependant tout l'ouvrage est d'une exécution très facile. Le ctloynu Jadin a cru devoir préférer pour cet ouvrage les formes italiennes, et le style aujourd'hui très négligé des maîtres de ce pays. On n'y trouve pas d'effets inusités, mais un ton général de finesse et de grâce qui repose un peu des merveilles à la mode.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1796, volume 1 (janvier-février 1796), p. 255-257 :
[C’est d’une pièce dont le succès est bien établi qu’on fait le compte rendu, une pièce qui a le mérite de faire rire, à un moment où on rit peu au théâtre. Et la parenté avec une antre pièce n’est pas considérée comme un défaut, Molière étant utilisé comme garant. Résumé rapide de l’intrigue, qui ne brille en effet pas par sa nouveauté. La musique a été appréciée, un duo seul ayant été trouvé « un peu long », mais c’est un duo entre époux, et non entre amants. L’interpétation aussi mérite tous les éloges, pour le jeu comme pour le chant. Et elle est jouée « avec un ensemble parfait ».]
THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL, RUE FAVART.
Le Mariage de la veille, comédie en un acte, paroles du cit. Davrigay, musique du cit. Jodin.
Parmi les pièces nouvelles que le public revoit toujours avec plaisir, nous devons parler du Mariage de la veille, comédie en un acte, paroles du cit. Davrigny, musique du cit. Jodin. Le fond de cette agréable bagatelle est le même que celui de la femme qui a raison. Certains critiques se croiront peut-être en drolt de faire un reproche au cit. Davrigny d'une telle ressemblance. Pour nous qui pensons qu'un auteur peut, à l'exemple de Molière, prendre son bien par-tout où il le trouve, nous lui savons gré d'avoir reproduit avec d'heureux changemens un sujet que le grand nom de Voltaire n'avoit pu sauver d'une espèce d'oubli.
Nous le remercions également de nous avoir rappelés à cette gaieté, qui si long-temps fit le principal attribut de l'opéra comique ; car c'est à présent, plus que jamais, qu'il est vrai de dira avec un de nos poëtes :
On ne rit plus, on sourit aujourd'hui,
Et nos plaisirs sont voisins de l'ennui.
Le public a ri cependant & ri de très-bon cœur au Mariage de la veille ; plusieurs scènes vraiment comiques & formées de traits plaisans, nous persuadent que le cit. Dauvrigny peut s'élever de ses propres forces, au ton de la bonne comédie, & il en a déjà donné des preuves dans la Supercherie par amour.
Voici le sujet de la pièce, tel que nous le devons au cit. Davrigny.
Didier, riche négociant, aux isles depuis douze ans, a éctit à sa femme Araminte, qu'il désiroit, à son retour, voir sa fille Céphìse unie au fils de Vincent, son procureur : Araminthe, sans attendre cet ordre, a marié sa fille, suivant son choix, à Valcour, jeune volontaire sans fortune , mais couvert d'une honorable blessure qu'il a gagnée à la défense de son pays. Ce mariage est conclu de la veille, lorsque Vincent, qui l'ignore, vient faire valoir le choix que Didier a fait de son fils: Didier lui-même arrive incognito : Vincent lui parle d'un jeune homme qui paroît fort bien dans la maison d'Araminte: Didier est d'abord jaloux ; mais après plusieurs scènes d'explication, il découvre le mariage fait la veille, sans son aveu, & y souscrit, malgré les reproches de Vincent, qui est éconduit.
On a fait l'éloge de la musique, quand on a dit qu'elle convenoit en général à la situation, aux caractères, aux sentimens des divers personnages; en un mot, qu'elle est chantante. Presque tous les morceaux ont été applaudis & méritoient de l'être.
II faut convenir pourtant que le duo de la seconde scène, quoique chanté délicieusement par la citoyenne Dauvrigny & le cit. Martin, a paru un peu long pour deux époux qui malheureusement sont écoutés au théâtre avec moins d'intérêt que deux amans.
Cette pièce est conduite avec art, & écrite avec goût. Le cit. d'Avrigny, aux talens de qui elle fait honneur, est l'époux de l'artiste de ce nom, & auteur d'antres ouvrages estimables.
Il est impossible d'ajouter au goût exquis des artistes que nous venons de nommer, ainsi qu'au jeu original & gai des citoyens Solier & Chenard, & des citoyennes Gonthier & Desbrosses.
On a particulièrement applaudi un air de bravoure de la citoyenne d'Avrigny, l'air comique du cit. Chenard, & le rondeau chanté avec un goût délicieux par le cit. Martin.
Cette pièce est jouée avec un ensemble parfait.
(Annonces & avis divers.)
D’après la base César, la pièce de Lœillard d’Avrigny et de Jadin a été créée au Théâtre Italien (salle Favart) le 2 janvier 1796. Elle a été jouée 23 dans ce théâtre, jusqu’au 23décembre 1796.
Ajouter un commentaire