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Le Mariage de Nina Vernon, ou la suite de la Petite Ville et des Provinciaux à Paris

Le Mariage de Nina Vernon, ou la Suite de la Petite Ville et des Provinciaux à Paris, comédie en un acte, en prose, de Michel Dieulafoy, René de Chazet et Jean-Baptiste Dubois. 26 pluviôse an 10 [15 février 1802].

Théâtre Français, rue de Louvois

Almanach des Muses 1803

Desroches s'est retiré à Ligny, village où est revenu Pierre Gaulard. Celui-ci a laissé à Paris, entre les mains de Dorval, un engagement qui compromet sa fortune, et Dorval arrive à Ligny pour se faire payer par son débiteur. Nina arrive en même temps avec Vernon son frère, pour forcer Desroches à tenir la promesse de mariage qu'il a faite. Pierre Gaulard retire son engagement des mains de Dorval et le remet à Vernon, en le chargeant de poursuivre le fripon ; Desroches, de son côté, charge le fripon de retirer des mains de Nina la promesse de mariage. Dorval hasarde une déclaration d'amour, Nina cède et rend la promesse, qui est remise à l'instant à Desroches. Vernon amène un notaire, Dorval cr oit ne signer qu'un acte relatif à l'affaire qui l'avait attiré à Ligny ; c'est un contrat par lequel il s'unit à Nina Vernon.

De l'esprit, mais des invraisemblances.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an X – 1802 :

Le Mariage de Nina-Vernon, suite de la Petite Ville et des Provinciaux à Paris, comédie en un acte et en prose, Représentée, pour la première fois, sur le théâtre Louvois, le 26 pluviôse an X. Par Dieulafoi, Dubois et Chazet.

Courrier des spectacles, n° 1813 du 27 pluviôse an 10 [16 février 1802], p. 3 :

[Un premier paragraphe traite par la dérision une pièce qui n’a pas réussi, puisque le fameux mariage, si étonnant, de cette « demoiselle de trente-cinq ans » a finalement capoté par la faute du parterre. Le public a-t-il eu raison ? Non, parce que Nina voudra de nouveau se marier (et elle risque de reparaître sur un théâtre ?). Oui, parce que ce mariage était contre nature : une fille qui a la manie de se marier épousant un « scélérat digne du supplice ». Si les auteurs avaient un peu réfléchi à cette situation, ils n’auraient pas fait jouer leur pièce. La suite de l’article raconte donc cette tentative avortée de mariage, mêlant affaires financières et tentative de faire signer par la ruse un contrat de mariage au créancier malhonnête. Bien sûr, la ruse échoue, et le contrat restera sans effet malgré les efforts de Nina et de son frère . Après un début accueilli favorablement, les sifflets ont montré la désapprobation du public pour une pièce sans action, réduite à des traits d’esprit, remplie d’invraisemblances. Rapprocher les personnages des deux pièces de Picard n’était pas une si mauvaise idée, mais il aurait fallu avoir le talent de Picard pour ce faire.]

Théâtre Louvois.

Le Mariage de Nina Vernon.

Est elle assez malheureuse cette pauvre Nina Vernon ? il est écrit que cette chère demoiselle de trente-cinq ans ne se mariera pas : un amoureux à vue basse l’a prise dans la Petite Ville pour une jouvencelle ; il en a été épris, il lui a écrit, et une promesse de mariage paroissoit au moins devoir laisser à la belle un rayon d'espérance. Mais l’ingrat s'est contenté de belles paroles, il a fui de l’endroit. Quel désespoir ! on court après lui, on rencontre un autre galant, on cherche à plaire, on signe un contrat de mariage ! mais nouveau contretems, à-peine signé, le contrat est déchiré et annullé, par qui ? par le parterre.

Voilà de vos arrêts, messieurs les gens d’esprit. . . . Il falloit au moins laisser subsister ce mariage ; la pauvre Nina Vernon, bien contente, s’en retournoit avec son cher époux à sa Petite Ville, et elle ne reparoissoit plus que là. Pas du tout, vous l’empêchez de se marier, et du caractère que je lui connois, la petite personne voudra épouser. Vous n’y consentirez pas encore ; nouveau sujet de querelle comme hier soir. Il faut avouer que vous avez eu raison de troubler ce mariage ; comment ! parce qu’une fille a la manie de se jeter à la tète du premier venu, faut-il punir ce simple ridicule par une vengeance terrible, en unissant pour la vie et par un contrat de mariage, la malheureuse à un scélérat digne du supplice. Si cette idée avoit frappé les auteurs de la pièce nouvelle avant la représentation, ils eussent été, nous aimons à le croire, les premier» à la retirer. C’est pourtant le fonds principal de l’ouvrage.

D[e]sroches s’est retiré à Ligny, village où est revenu Pierre Gaulard ; ce dernier a laissé entre les mains de Dorval à Paris un engagement qui compromet beaucoup sa fortune, et Dorval arrive à Ligny dans l’intention de le faire payer. Vernon et Nina sa sœur y descendent aussi à l’auberge de la Colombe dans le dessein de forcer Desroches qui a signé à Nina une promesse de mariage de tenir sa parole. Pierre Gaulard retire adroitement son engagement des mains du fripon Dorval qui le remet à Vernon en le chargeant de poursuivre l’affaire. Desroches de son côté engage Dorval à soustraire la promesse faite à Mlle Nina, L’intrigant hazarde quelques mots d’amour ; Nina cède, rend la promesse à Dorval qui la remet subito à Desroches : et lorsque Vernon survient avec le notaire, Dorval qui croit signer pour l’affaire qui l’a amené à Ligny, signe effectivement un contrat de mariage. . . Il s’apperçoit qu’il est dupe, il cherche à échapper ; Vernon l’arrête et veut absolument que sa sœur soit épousée, mais c’est envain ; Dorval fuit ; sa chaste épouse court après lui, et . . . bon voyage. Ils sont partis au bruit des sifflets. Ils pouvoient cependant s’attendre à un accueil plus favorable, car le commencement avoit été três-applaudi, mais le milieu ! mais la fin ! Il ne suffit pas do mettre de l’esprit dans une comédie, il faut encore savoir coudre une intrigue, filer des scènes. Le public veut une action, les traits d’esprit ne sont pour lui que de légers à-comptes qui ne la satisfont pas, et qui souvent le rendent encore bien plus exigeant. L'idée du rapprochement des personnages de la Grande et de la Petite Ville étoit sans doute plaisante, mais sur combien d’invraisemblances cette fable n’est-elle pas bâtie ? quel succès espérer d’ailleurs de la mise en scène d’un caractère qu’un autre a peint d’une manière si originale ? Dans un pareil sujet, Picard seul pouvoit être le continuateur de Picard.

F. J. B. P. G***.

 

Paris pendant l'année 1802, volume xxxv (Londres, 1802), p. 28-31 :

THÉÂTRE DE LA RUE DE LOUVOIS.

Le Mariage de Nina Vernon.

Autrefois, la salle du Vaudeville était le seul endroit où les pieces sifflées eussent droit d'asyle, & même de cité ; on pardonnait cette espece de rebellion au désespoir d'un théâtre qui voyait tomber l'une aprés l'autre presque toutes ses nouveautés ; mais l'indépendance des jugemens du public est une si belle prérogative, que les autres spectacles y prétendent : cependant, il est difficile qu'une pareille licence s'établisse sur la scene Française, parce que les ouvrages qu'on y représente manquent dans la littérature. L'Opéra-Comique national n'est pas heureux dans ses tentatives : le Tuteur Portugais, sifflé à la premiere représentation, n'a pu soutenir la seconde ; l'arrêt fatal a été confirmé, malgré les changemens & les corrections : les auteurs ont remédié à quelques incommodités légeres, & n'ont pas guéri la maladie mortelle qui est le dénouement ; c'est aujourd'hui une piece morte. Louvois ne se rend pas si aisément : la Grande Ville, trois fois sifflée, n'a perdu qu'un acte à la bataille ; elle est aujourd'hui triomphante. Nina-Vernon, accueillie le premier jour par le parterre, comme une vieille fille, est aujourd'hui une jeune beauté ; l'heureuse étoile de Petite Ville & des Provinciaux à Paris a protégé ce tendron de trente-cinq ans, qu'on jette à la tête de tout le monde, & qui court les champs pour rencontrer un mari.

Les suites qu'on veut donner aux ouvrages qui ont obtenu quelque vogue, ne sont presque jamais que des piéges tendus au public. La suite de don Quichotte, la suite de Gil Blas, la suite de Mariane, la suite du Menteur, sont de mauvaises suites ; la seule exception que je connaisse en ce genre, c'est la suite du Misantrope ou le Philinte. Il faut que des auteurs dramatiques désesperent absolument de leurs moyens, pour s'emparer des personnages, des caracteres, des situations d'une piece connue de tout le monde. Quel mérite peut-il y avoir à présenter aux spectateurs un réchauffé des mêts qu'on leur sert tous les jours ? Il faut que la Petite Ville ait uue surabondance de comique, puisqu'elle en fournit encore assez pour alimenter ce maigre croquis, qui n'a que l'avantage des réminiscences. Nina-Vernon, qui ne devrait plus exciter que des nausées, fait encore rire : la gloire en est à Picard, & non pas aux continuateurs de la Petite Ville & de la Grande Ville.

J'avoue que j'espérais mieux du génie brillant & fécond de Chazet. Son destin est donc de se traîner sur l'esprit d'autrui, & de ramasser, de côté & d'autre, des plaisanteries usées pour s'en parer ! L'avocat Vernon & sa sœur, dans la piece nouvelle, ne font que répéter ce qu'ils disent dans la Petite Ville ; ce sont les mêmes figures, mais le coloris & les traits sont fort affaiblis ; on ne supporte ces mauvaises copies qu'en faveur des excellens originaux qu'elles rappellent. Quand nous avons le plus, pourquoi nous donner le moins ? Et quelle est cette manie de prétendre nous offrir du neuf, quand on ne fait que nous gater le vieux ?

Peut-être veut-on savoir ce que Dieu-Lafoi & Chazet ont tiré de leur cerveau pour ajuster leur plagiat au théâtre : ils supposent que Pierre Gaulard, avant de s'en retourner à son village, a souscrit une obligation de fonds à Dorval, & que cet intrigant a fait le voyage de Ligny pour forcer le riche paysan à tenir sa promesse: d'un autre côté, le jeune Desroches s'enfuit dans le même village de Ligny, où ses terres sont situées, & la tendre Nina, sous la conduite du chicaneur Vernon, poursuit son infidele, munie d'une lettre amoureuse qu'elle prétend faire valoir à son profit. Il s'agit donc de débarrasser Pierre Gaulard d'un fripon, & Desroches d'une vieille maîtresse.

Pierre Gaulard sait déjà tromper, quoiqu'il n'ait passé qu'un jour à Paris ; il fait accroire à Vernon que Dorval est épris de sa sœur ; qu'il va venir sous prétexte de le consulter sur un billet, mais en effet pour voir la charmante Nina, & que le billet qu'il lui présentera n'est qu'une plaisanterie qu'ils ont imaginée ensemble pour favoriser cette entrevue. Dorval arrive en effet, présente l'obligation de Pierre Gaulard à l'avocat, qui n'en fait que rire, & n'est occupé que de la prétendue passion de son client pour Mlle. Vernon : il ne doute point qu'il ne lui ait enfin trouvé un mari, & dès qu'il revoit Pierre Gaulard il lui rend son billet. L'intrigant Dorval, qui doit connaître parfaitement les affaires, & l'avocat Vernon consommé dans la pratique, se conduisent ici avec toute l'extravagance qu'il a plu aux poëtes de leur prêter.

Le moyen dont on se sert pour engager Nina Vernon à se dessaisir de la lettre amoureuse de Desroches, est un peu plus naturel : c'est Dorval qui se charge de cette expédition ; dans un tète-à-tète avec cette belle, il joue la passion, la jalousie ; il lui reproche ses amours avec Desroches ; il parle de la lettre ; Nina Vernon émue, attendrie, tire la lettre fatale qu'elle portait sur son sein, & la remet à Dorval : ce perfide le fait passer sur-le-champ entre les main de Desroches, qui dans la coulisse attend le succès du stratagême : ce jeu de théâtre est assaisonné d'un calembourg qui a fait fortune ; ce qui n'est pas, comme on sait, une preuve de mérite. « Pouvez-vous, dit tendrement Mlle. Vernon à Dorval, me reprocher ce billet ? » Dorval, en donnant à Desroches ce même billet, répond : Je vous le passe. Aucun homme de goût ne passera jamais aux auteurs cette mauvaise pointe, qui pour être applaudie n'en est pas meilleure.

Le dénouement est pour le moins aussi mauvais que celui du Tuteur Portugais ; mais il n'y a qu'heur & malheur en ce monde ; où l'un se sauve l'autre se noie. Dorval, en habile roué, se jette aux genoux de la fille qu'il vient de tromper ; il est surpris dans cette posture par l'avocat qui le guettait ; un notaire est là tout prêt, qui lui présente un papier à signer ; on lui fait entendre que c'est l'acte préparatoire de la procédure contre Gaulard ; il le signe sans daigner le lire, & c'est son contrat de mariage avec Mlle. Vernon qu'il a signé. Grands cris, grand tapage ; Dorval proteste contre le guet-à-pens ; & ce qui l'embarrasse bien plus que son prétendu mariage, c'est d'apprendre que cette obligation précieuse, sur laquelle il comptait, a été rendue à Gaulard. Le dénouement du Tuteur Portugais est usé, bannal, & trop long-tems prévu ; celui du Mariage de Nina Vernon n'est qu'une folie & une farce. Cette piece eût à peine réussi sur les théâtres du boulevard ; elle aura peut-être, à Louvois, autant de représentations que les Provinciaux à Paris. Quelques sifflets se sont fait entendre à la fin de ces deux pieces, seulement pour empêcher la prescription.

Il y a beaucoup de plaisanteries dans le Mariage de Nina Vernon : on les a cherchées ; elles sont dans les mots plus que dans la situation ; sur dix, il y en a une de bonne. Les auteurs, comme gens de métier, ne pouvaient se dispenser de terminer leur œuvre comique par des couplets : les deux premiers ne signifient presque rien ; le dernier, chanté par Picard, ne vaut pas mieux, mais il a été reçu avec une extrême faveur :

Le ciel me donnant une sœur,
    Contrainte à rester fille,
Je désespérais, en. honneur,
De voir augmenter ma famille :
Dorval lui trouva des appas,
    
Ayez même courage ;
Par bonté pour moi, n'allez pas
    Casser le mariage.

Nina-Vernon, en épousant un banqueroutier & un fripon ruiné, qui la plantera là le lendemain, a fait un très-mauvais mariage : Dorval ne lui a point trouvé d'appas, il s'est moqué d'elle ; & le public, en imitant Dorval, eût été plus juste que courageux. Mais ne cherchons point la raison dans ces lignes de méchante prose rimée : le succès qu'elles ont eu ne doit ni étonner ni séduire : félicitons les auteurs de s'être heureusement servi des armes qui leur sont propres. Il est permis à des chansonniers, après avoir gâté leur piece par des ealembourgs, de la sauver par des couplets.

La Décade philosophique, littéraire et politique, An X de la République Française, 2me trimestre, n° 17 (20 Ventôse), p. 503-505 :

Théâtre Français, rue de Louvois. Le mariage de Nina-Vernon, comédie en un acte, en prose.

Nina-Vernon est cette provinciale inflammable de 35 ans, si plaisamment peinte dans la Petite Ville de Picard ; c'est elle qui voit des soupirans partout, et ne trouve de mari nulle part, bien qu'elle ne néglige aucun avantage pour se faire aimer.

On se rappelle que le jeune Desroches, trompé par la faiblesse de sa vue, a fait dans la Petite Ville la sottise d'écrire une lettre d'amour à mademoiselle Nina-Vernon.

Cette lettre qui contient apparemment une promesse de mariage, sert de prétexte à notre provinciale surannée et à son frère l'avocat, pour venir à Ligny, poursuivre Desreches à l'effet d'épouser.

Le hazard fait que le papa Gaulard, dégoûté de la Grande Ville, comme Desroches de la Petite, revient également à Ligny après avoir fait la sottise de souscrire à l'intrigant Dorval, une obligation de cent mille francs, pour une prétendue entreprise sur les bords de l'Ohio, et Dorval est à sa poursuite pour le contraindre à payer.

Comment Desroches et Gaulard se tireront-ils de ces mauvais pas ? ils se ligueront ensemble pour tâcher de retirer leurs cngagemens ; Gaulard devenu lui-même intrigant par le séjour de 24 heures a Paris, va duper à son tour l'avocat et sa sœur : il leur persuadera que l'arrivée de Dorval à Ligny, a pour objet une passion réelle pour mademoiselle Nina : celle-ci ne manquera pas d'y croire ; quant à son frère l'avocat, un peu plus incrédule sur les conquêtes de sa sœur, on lui fera entendre que Dorval a forgé tout exprès une affaire pour s'introduire auprès de lui sous prétexte d'une consultation, et Gaulard lui expliquera comment il est convenu de faire à cet effet à Dorval , une fausse soumission de cent mille francs.

De son côté, Desroches mettra Dorval dans ses intérêts, et celui-ci se prêtera à faire un moment l'amoureux de Nina, et à profiter de sa facilité pour exiger le sacrifice de la promesse que lui a faite Desroches.

L'avocat , dupe de Gaulard, consulté sur le billet de cent mille francs par Dorval, et surprenant ses œillades et ses demi-aveux, ne doute plus que l'amour ne soit réel et l'affaire des cent mille francs une ruse ; il s'empare du titre pour le rendre à Gaulard.

Nina, toujours dupe de sa coquetterie et des pièges de l'amour s'enflamme pour Dorval. Celui-ci feint d'être jaloux de Desroches, obtient ainsi la fameuse promesse qu'on lui sacrifie et la rend à son complice.

Mais bientôt trompé à son tour par l'avocat, il signe étourdiment, comme un acte préparatoire dans son affaire contre Gaulard, un contrat de mariage avec Nina-Vernon.

Telle est la fable de ce petit ouvrage, dont un dialogue pétillant de saillies ne peut couvrir l'invraisemblance et l'immoralité.

Comment supposer que Dorval, l'intrigant, soit devenu si bête, et le simple Gaulard si subtil ?

Comment supposer qu'un avare tel que Vernon donne si grossièrement dans un piège, et, qui pis est, se permette sur une simple déclaration de Gaulard de lui remettre un titre de créance confié par son adversaires ?

Les auteurs n'ont pas senti non plus que tel caractère et telle situation peut comporter une ou deux scènes épisodiques, et non pas se répéter pendant toute une pièce : telle est la paraphrase du ridicule de Mlle Nina-Vernon. Il devait en résulter que le commencement de l'ouvrage assaisonné de traits plaisans, et rappelant des pièces encore en possession de plaire, réussirait beaucoup, et que la caricature de Nina-Vernon, trop prolongée, paraîtrait insipide et du plus mauvais genre. En y ajoutant ensuite les invraisemblance accumulées, la pièce devait donc éprouver de la défaveur. Aussi, â la première représentation, les sifflets et les murmures faillirent l'empêcher d'arriver à sa fin : mais il est convenu aujourd'hui que ces improbations du premier jour seront dorénavant toujours attribuées à la cabale, et qu'à moins d'être sifflé au moins trois fois, l'auteur et ses amis ne se tiendront pas pour battus.

Ce que peut-être on ne se serait pas permis autrefois, de peur de montrer trop d'amour-propre et de confiance, ou trop de mépris pour les arrêts du public, c'est de se laisser nommer sur l'affiche, le lendemain d'une chute, comme si l'on était sûr que l'autorité de son nom dût ramener le public et le forcer d'infirmer sa sentence.

Les auteurs de Nina-Vernon paraissent avoir eu raison, car on donne encore leur pièce ; on y rit même encore par intervalle, à la vérité, en haussant un peu les épaules.

Les auteurs sont les CC. Dieulafoi, Chazel et Dubois.

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