Le Mariage en Enfer

Le Mariage en Enfer, pantomime à machines et à grand spectacle. 29 messidor an 8 [18 juillet 1800].

Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale

Almanach des Muses 1801

Courrier des spectacles, n° 1232 du 30 messidor an 8 [19 juillet 1800], p. 2 :

[Compte rendu très sévère d’un spectacle que le critique hésite à simplement qualifier de pièce. L’affiche promettait un spectacle merveilleux, avec « des combats, des ballets, des changemens de décorations, des costumes nouveaux », mais ce spectacle était loin de tenir ces promesses : on a entendu « des inepties, des trivialités, des indécences même ». Et la drôlerie n’était as au rendez-vous. Arlequin, si drôle chez Nicolet, était ici « embarrassé, pesant, sans grâces », et l’interprète ne savait même pas imiter l’accent bergamasque. Conclusion : une pièce incompréhensible, et dont la fin n’a pas été donnée.]

Théâtre de la Cité.

Il est donc vrai que ce théâtre se distinguera de tous les autres par les chûtes les plus complettes et les plus méritées ; il est donc vrai que les affiches amphatiques séduiront toujours ceux qui ont de l’argent ou du tems à perdre. On s’empresse, on veut voir ce que promet l’affiche :

La Montagne en travail enfante une Souris.

Qu’on annonce des combats, des ballets, des changemens de décorations, des costumes nouveaux, il y a des amateurs de ce genre ; mais que l’on offense les oreilles par des inepties, des trivialités, des indécences même, voilà ce qui ne peut se tolérer voilà ce qu’un directeur un peu éclairé devroit proscrire d’une pièce, avant de l’offrir au public. Pour peu qu’on ait de littérature, pour peu qu’on ait de connoissance de la scène, on devroit dès la première lecture, être certain de la chûte d’un ouvrage tel que celui que nous craignons de nommer pièce dramatique, sous le titre du Mariage en Enfer. Une pareille production devroit être vouée à l’oubli, et ne jamais sortir du néant, où les sifflets la firent hier rentrer ; la dernière des pantomimes italiennes de Nicolet ne voudra pas entrer en parallèle avec celle-ci. Dans celle des Boulevards au moins on rit quelquefois ; ici on a baillé : aux Boulevards Arlequin fait des lazzis, court, voltige ; hier à la Cité, le nouvel Arlequin, annoncé depuis plusieurs jours, Arlequin, embarrassé, pesant, sans grâces, pouvoit à peine se comparer à l’apprentif le plus neuf et le plus gauche. Pour l’accent bergamasque, le pauvre homme ne s’en doutoit même pas.

Voilà bien des réflexions, et l’analyse ? Il faudroit pour la faire avoir compris quelque chose à cette informe rapsodie ; il faudroit sur-tout que les murmures universels n’eussent pas fait tomber le rideau avant la fin.

F. J. B. P. G ***.

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