Les Mariages par demandes et par réponses ; comédie épisodique en un acte mêlée de vaudevilles, de Georges Duval, 15 septembre 1810.
Théâtre des Variétés-Panorama.
Almanach des Muses 1811.
L’Almanach des Muses donne comme titre le Mariage par demandes et réponses, et il situe sa création en octobre.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1810 :
Les Mariages par demandes et réponses, comédie épisodique en un acte, mêlée de vaudevilles ; De M. Geirges Duval. Représentée, pour la première fois à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 15 septembre 1810.
L'Ambigu, ou variétés littéraires et politiques, volume XXXI (Londres, 1810), n° CCLXXVI, du 30 novembre 1810, p. 412-414 :
[Critique de Geoffroy. Contre les calembours, et pour la supériorité des convenances sociales sur l’amour pour un mariage réussi.]
Ce mariage est déjà vieux, et c'est moins de la piece qu'il s'agit ici que du théâtre. On parle d'une épuration dans le langage du pays ; on annonce la proscription des calembourgs : ce serait une mesure bien sage. Les calembourgs avaient un parti puissant dans la capitale, et même dans les provinces ; ils se glissaient dans les meilleures compagnies de Paris ; ils séduisaient les jeunes gens et les femmes ; ils avaient même usurpé le privilége exclusif de faire rire. J'ai souvent entendu des gens graves, et même des gens de lettres, avouer que les calembourgs les plus grossiers étaient seuls capables de les dérider. Je ne sais s'il est essentiel de faire rire quelques individus blasés sur le comique, pour conserver les calembourgs en France, au risque de perdre le bon goût et la langue : il me semble même qu'on a trop long-temps fermé les yeux sur cette conspiration des calembourgs, qui faisait des progrès effrayants. Il ne faut cependant pas se tromper sur la personne des conjurés, et il sera bon de donner leur signalement, pour ne pas confondre les innocents avec les coupables. L'essence du calembourg est de dénaturer les mots de la langue d'une maniere monstrueuse et barbare : bien différent du jeu de mots, qui est quelquefois un ornement et une figure de rhétorique, quand l'opposition entre les mots est juste, fine et plaisante. Il y a souvent de l'esprit, et beaucoup d'esprit dans des antitheses de mots ; il n'y a aucun esprit dans les calembourgs, qui ne sont autre chose qu'une espece de torture à laquelle on applique les mots pour en tirer un sens ridicule et bizarre par le renversement de la construction et de l'orthographe ; ce n'est qu'une bêtise facile pour ceux qui ne rougissent pas de s'en occuper.
Quant au Mariage par Demandes et par Réponses, il s'agit d'un bureau d'affiches et d'annonces pour les mariages : celui qui tient le bureau veut épouser sa niece : la niece ne veut point de son oncle : elle aime un petit commis. Le commis, sous divers déguisements, se présente à l'oncle qui le reconnaît et le chasse ; enfin, il vient en vieillard qui veut se marier, et il donne dix louis au chef du bureau, pour qu'il lui trouve sur-le-champ une jeune fille. Pour gagner les dix louis, l'oncle engage la niece à faire la jeune fille. Le mariage se fait ; mais l'oncle est bien étonné de trouver que le vieillard n'est autre que le jeune commis, amant de sa niece. Il y a quelque gaieté dans cette petite farce ; et l'acteur, nommé Cazot, en fait tout le mérite par l'originalité de ses travestissements. Je ne sais s'il existe encore de ces bureaux de mariage. Il y a une comédie de Poisson, intitulée Le Mariage par Lettres de Change. Il s'est trouvé de tout temps des gens bizarres qui ont cru que, dans le choix d'une femme, le hasard servait mieux que la réflexion et les recherches : il est du moins certain que les convenances sociales, et même le hasard, font souvent de meilleurs mariages que l'amour.
Mercure de France, littéraire et politique, tome quarante-quatrième, n° CCCCLXXIX du 22 septembre 1810, p. 241-242 :
Théâtre des Variétés. — Le Mariage par demandes et par réponses, vaudeville épisodique de M. Georges Duval.
Encore une pièce nouvelle dont le sujet et l'intrigue n'offrent presque rien de nouveau. Nos petits théâtres avaient déjà donné un Mariage par les Petites affiches, et c'est un moyen très-usé à celui-ci que les travertissemens. Voici comment le nouvel auteur les met en usage. Isidore, jeune commis voyageur d'une maison de Senlis, est amoureux de Laurette, fort jolie personne, dont l'oncle tient, à Paris, un bureau général de mariages. Cet oncle malheureusement veut lui-même l'épouser, et Isidore n'osant pas s'introduire ouvertement chez lui, se sert du prétexte de son entreprise pour s'y présenter sous divers déguisemens. Il paraît ainsi successivement en peintre, en comédien, en auteur, mais il est toujours reconnu par le maudit oncle. Enfin un travestissement plus adroit lui réussit. Il prend le nom, l'habit et la figure d'un vieillard qui a déjà donné vingt-cinq louis à l'entrepreneur pour qu'il lui procure une femme, et se montre fort en colère de n'avoir pas encore celle qu'il lui faut : l'oncle craignant de perdre une aussi bonne pratique, et n'ayant pas pour le moment de jeune femme à marier sous la main, engage sa nièce à en jouer le rôle. Il s'imagine que Laurette refusera la main du vieillard, mais -Laurette a été prévenue ; elle accepte sans la moindre difficulté ; tous les intéressés signent au contrat, et un mariage très-sérieux et très-réel est le fruit de cette indiscrette fourberie. On voit qu'il n'y a pas plus de vraisemblance que d'originalité dans cette intrigue. Quelques détails heureux, quelques jolis couplets, et sur-tout la manière modeste dont la pièce avait été annoncée, lui ont cependant procuré un modeste succès.
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