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Le Mariage supposé

Le Mariage supposé, comédie en trois actes, en vers, par le citoyen Lourdet de Santerre, 21 frimaire an 9 [12 décembre 1800].

Théâtre Français de la République.

La base Lagrange de la Comédie Française attribue une seule représentation salle Richelieu, le 12 décembre 1800.

Le Courrier des spectacles n° 1385 du 23 frimaire an 9 [14 décembre 1800] annonce la deuxième représentation pour le 25 frimaire. Mais le lendemain, n° 1386 du 24 frimaire [15 décembre], cette deuxième représentation est annoncée pour le 28 frimaire. Le 27 frimaire [18 décembre], elle est reportée « au premier jour ». Annonce reprise les jours suivants. Dans le n° 1394 du 2 nivôse [23 décembre], nouvelle date : ce sera le 4 nivôse que cette deuxième représentation sera donnée, à la suite de la cinquième représentation de la tragédie Thésée. Même annonce le lendemain. Mais le 4 nivôse [25 décembre], si Thésée connaît bien sa cinquième représentation, c'est suivie de Fausses infidélités, en attendant à une date incertaine cette deuxième représentation du Mariage supposé qui ne cesse de s'éloigner. Et la pièce est désormais annoncée en deux actes. La dernière annonce de cette fantomatique deuxième représentation paraît dans le n° 1409 du 17 nivôse an 9 [7 janvier 1801]. Il y a bien eu une seule représentation de la pièce au Théâtre Français de la République; mais il y a fallu près d'un mois et une quinzaine d'annonces vaines pour que le théâtre renonce à annoncer la seconde représentation d'une pièce qui n'a pas réussi.

Courrier des spectacles, n° 1384 du 22 frimaire an 9 [13 décembre 1800], p. 2-3 :

[De cette comédie nouvelle, le critique fait un compte rendu prudent : elle a été « applaudie, mais non pas généralement », l'auteur a été « demandé et nommé » (donc pas de chute), mais elle a bien des défauts : elle n'a « rien de ce qui constitue une comédie, ni intérêt, ni intrigue ». « Point d’exposition, point de nœud, par conséquent point de dénouement ; des entrées et des sorties continuelles, sans motifs, sans besoin ». Par contre elle a aussi « trois sortes de mérite » qui expliquent son succès (« beaucoup d’esprit, un style fleuri, des vers agréables »). Pourtant son auteur n'a pas de « talent dramatique » : sa pièce montre de l'esprit, mais pour qu'une comédie soit bonne, il ne faut pas que cet esprit soit apparent dans la pièce. Après toutes ces explications tout de même bien compliquées, le critique peut enfin entreprendre de résumer l'intrigue, une jeune veuve échaudée par un premier mariage et qui ne veut pas se remarier, un prétendant qui souhaite l'épouser malgré tout, et qui y parvient en suscitant chez elle la jalousie : il vient la visiter accompagné de sa sœur qu'il fait passer pour sa future épouse. La ruse fonctionne : la jeune veuve lui accorde sa main, et la sœur elle-même trouve à se marier avec un prétendant que la jeune veuve s'amusait à faire semblant d'apprécier. La fin de l'article paraît un peu brusquée : aucune conclusion sur la valeur de la pièce, sur l'interprétation.]

Théâtre Français de la République.

La pièce donnée hier pour la première fois à ce théâtre, ayant pour titre le Mariage supposé, a été applaudie, mais non pas généralement.

L’auteur a été demandé et nommé ; c’est le citoyen Lourdet de Santerre.

Malgré les applaudissemens qui ont accueilli cet ouvrage, nous ne pouvons dissimuler qu’il n’a rien de ce qui constitue une comédie, ni intérêt, ni intrigue ; car on prévoit tout avant même de connoitre tous les personnages. Point d’exposition, point de nœud, par conséquent point de dénouement ; des entrées et des sorties continuelles, sans motifs, sans besoin ; beaucoup d’esprit, un style fleuri, des vers agréables, trois sortes de mérite qui ont sans doute contribué au succès de l’ouvrage, maïs qui ne peuvent remplacer le talent dramatique auquel elles sont absolument étrangères. Car s’il est vrai qu’il faut de l’esprit pour faire une bonne pièce vie théâtre, il n’est pas moins certain que pour qu’une comédie soit bonne il ne faut pas que l’on y apperçoive de l’esprit. Celle-ci en montre beaucoup trop.

Madame Clairville, jeune veuve, n’a pas eu à se féliciter de son premier mariage, et répugne à s’engager de nouveau sous les lois de l’hymen.

St.-Far seul auroit pu lui faire perdre sa résolution ; elle ne le voyoit pas sans intérêt ; mais un refus l’a éloigné : elle s’en croit délivrée pour toujours, et vit chez son oncle, au milieu d’un grand nombre d’adorateurs dont elle sent qu’elle n’a rien à craindre. Elle s’amuse même de l’un d’eux, nommé Célicourt, jeune homme léger et aussi peu capable d’intéresser que de se fixer lui-même.

Cependant, St-Far revient, accompagné de madame St-Ange, sa sœur , qu’il fait passer pour un nouvel objet de son amour qu’il est sur le point d’épouser.

L’amour de madame de Clairville se réveille, elle veut jouer l’indifférence, mais souvent elle se trahit. Enfin voyant Céiicourt aux pieds de sa rivale elle veut détromper St-Far. Celui-ci, convaincu qu’il est aimé, en arrache l’aveu, découvre son stratagême, obtient la main de madame de Clairville , et sa sœur épouse Célicour.

Tel est le sujet de cette pièce , qui se passe toute en conversations.

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