Le Masque tombé, ou le Bal de l'Opéra

Le Masque tombé, ou le Bal de l'Opéra, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, d'Armand [Croizette], Chateauvieux et Bonel, 20 nivôse an 9 [10 janvier 1801].

Théâtre de Molière.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Roux, an 9 [1801] :

Le Masque tombé, ou le Bal de l'Opéra, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles. Par les Cit. Armand, Chateauvieux et Bonel. Représentée sur le Théâtre de Molière, le 20 Nivôse.

Annoncé à cette date par le Journal de Paris, avec inversion titre/sous-titre : le Bal de l'Opéra ou le Masque tombé.

Courrier des spectacles, n° 1413 du 21 nivôse an 9 [11 janvier 1801], p. 2-3 :

[La pièce a failli ne pas réussir : un entracte trop long a manqué la faire échouer, mais elle a réussi par ses qualités, et les auteurs ont été demandés par tous. Le résumé de l'intrigue montre un couple aux prises avec un intrigant qui cherche à accaparer l'argent de la dot de madame Dorlange. Devant les frasques de son mari, elle vient à Paris et le ramène dans le droit chemin : elle récupère son mari, et l'argent de sa dot au prix d'un assez bel imbroglio. L'intrigant est mis en fuite, et les époux retrouvent amour et bonheur. La pièce est digne d'un plus grand théâtre, et gagnerait à être joué avec plus d'ensemble. Un choix de couplets est censé en montrer la qualité.]

Théâtre Molière.

Le Bal de l'Opéra, ou le Masque tombé, vaudeville en un acte donné hier pour la première fois à ce théâtre, y réussit complettement. C’est une jolie petite comédie bien écrite et remplie de couplets qui mériteroieut presque tous d'être cités, pour la force, l’esprit, la grâce et la facilité. Quelques murmures que la longueur de l'entr’acte avoit excités sembloient présager à l’ouvrage un accueil peu flatteur ; mais la représentation désarma les mécontens, et les auteurs furent unanimement demandés après la pièce : ce sont les citoyens Bonnel, Châteauvieux et Croizet. En voici l’analyse :

Dorlange est venu d’Orléans à Paris afin d’y toucher une somme de 30,000 fr. qui lui sont dus encore sur la dot de sa femme. Un intrigant nommé Melval a sçu gagner sa confiance au point que Dorlange oubliant qu’il est époux, le suit aveuglement dans les jeux et chez les femmes. Cette conduite a engagé Picard son valet à prévenir madame Dorlange des égaremens de son époux, et celle-ci partant d’Orléans, vient à Paris loger incognito dans le même hôtel garni.

Melval qui a eu vent de la recette des 30,000 fr. veut les tirer adroitement des mains de Dorlange, et pour cela il l’invite au bal de l’Opéra, lui promettant que sa nouvelle conquête, Aminte s’y trouvera. Dorlange ordonne à Picard d’aller lui chercher trois dominos, dont un pour lui, un pour Aminte et un pour Melval. Picard au lieu de porter chez Aminte celui qui lui est destiné, le donne à madame Dorlange. Son époux trompé dans le bal par le domino qu’il a commandé lui-même ne doute pas qu’elle ne soit Aminte. Elle feint une indisposition, il la ramène chez lui, sans quitter son masque ; elle joue les sentimens, prétexte des malheurs, Dorlange offre son porte-feuille ; elle accepte. Dans le moment Melval arrive. Madame Dorlange qu’il prend pour Aminte leur remet, à son mari, un portefeuille où se trouvent son portrait et ses 30,000 fr. ; à Melval un autre ne contenant qu’une lettre où elle lui déclare qu’il est démasqué ; il se retourne, voit une épouse honnête au lieu d’une intrigante ; sa fuite rend les deux époux à l’amour et au bonheur.

Cette production qui n’auroit pas été déplacée à un plus grand théâtre, demanderoit un peu plus d’ensemble dans la représentation.

Parmi les couplets nous citerons les suivans :

Melval, parlant du Bal de l'Opéra.

Air : Je t'aime tant.

Dans cet asyle de plaisir
La critique toujours domine,
Plus d'un indiscret souvenir
Intrigue femme qu’on devine.
A force de 1a désoler
Souvent elle fait une école.
Femme que l’on fait trop parler
Finit par perdre la parole.

Mme Dorlange.

Air: Fuyant et la ville et la cour.

Je prétends éclaircir mon cœur
Sur l'inconstance qu’il redoute ;
La certitude d’un malheur
Est moins affreuse que le doute,
Que le coupable à mes genoux
Vienne m’accuser sa foiblesse,
J’oublierai qu’il est mon époux,
Je redeviendrai sa maîtresse.

Air : La comédie est un miroir.

L’honneur est une isle sans bords,
A dit un auteur que l’on cite :
Une fois qu’on en est dehors,
La rentrée en est interdite :
On voit tant de gens revenir
De cette terre fortunée ,
Qu'un jour elle pourra finir
Par être une isle abandonnée.

F. J. B. P. G***.          

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