Le Meunier de Sans-Souci, vaudeville en un acte, de Lombard de Langres, 23 messidor an 6 [11 juillet 1798].
Théâtre Montansier.
La pièce de Lombard de Langres entre en concurrence directe avec la pièce de Dieulafoy, le Moulin de Sans-Soucy créée au Théâtre du Vaudeville le 18 messidor an 6 [6 juillet 1798]. Mais le compte rendu de la pièce dans le Courrier des spectacles n'en dit pas un mot.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an septième :
Le Meunier de Sans-Souci, vaudeville en un acte. Par Lombard de Langres. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de Montansier, 25 messidor an VI.
En-dessous, à la plume, la date dans le calendrier grégorien : 13 juillet 1798.
Avant la pièce, une dédicace à Andrieux :
LOMBARD de Langres
A ANDRIEUX.
Si mon Meûnier de Sans souci,
Du public obtient le suffrage,
Cet à vous, mon aimable ami,
Que je dois ce rare avantage.
D'un bon père, d'un bon ménage,
S'il offre le tableau chéri,
C'est encor vous que j'ai choisi
Pour en tracer la douce image ;
Car c'est chez vous qu'est l'assemblage,
Et des talens et des vertus.
Pour passer doucement la vie,
Hélas ! que vous faut-il de plus ?
Vous chérissez voire patrie :
De vos vers, chacun est épris.
Simple, modeste et sans envie,
Vous avez dans votre pourpris,
Jolis enfans, charmante femme,
Un bien bon cœur, une belle ame,
Et l'estime de vos amis.
François-Guillaume-Jean-Stanislas Andrieux, né le 6 mai 1759 à Strasbourg et mort le 10 mai 1833 à Paris, est un poète et dramaturge français. Après avoir dû s'éloigner de Paris pendant la terreur, il y est revenu et a repris ses activités politiques : en avril 1798, il a été élu au Conseil des Cinq-Cents.
Le pourpris, c'est une enceinte autour d'un espace, et l'espace ainsi entouré.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
GEORGES, dit PERE LA JOIE, Meûnier de Sans-Souci.
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Amiel
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LAURETTE, fille du meûnier.
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Drouvelle.
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GUILLOT,
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Garçons de moulin.
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Dufresnoy.
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COLAS
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Hugot.
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LE BARON DE FLEMING.
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Gaillebois.
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FRÉDÉRIC II, Roi de Prusse.
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Crétu.
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Un vieillard.
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Dubois.
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BAQUE, Garde-chasse, mine patibulaire, vêtu à l'avenant.
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Bonioli.
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HENRY,
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Enfans de 8 à 9 ans, fils du meûnier.
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JOSEPH,
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JULIETTE,,
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Filles qui viennent moudre au moulin.
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ROSE,
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Une voix derrière la scène.
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Plusieurs jeunes filles
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Suite du roi.
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La scène est en Prusse à quelques lieues de Berlin.
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Le décor est indiqué de façon précise :
Le théâtre représente une campagne agréable ; à gauche du spectateur, dans l'enfoncement, est un moulin; du meme côté plus près de la scène, est une maison rustique ; plus près encore et du meme côté, sont une petite cabane et des bancs de gazons entremelés d'arbres et particulièrement de saules ; à droite du spectateur et dans l'enfoncement, une foret, dans le fond de la scène sont deux bornes de pierre peu élevées.
Quand la toile se lève, on entend dans la foret une musique de chasse qui se perd insensiblement dans l'éloignement; on voit en meme tems dans le lointain des hommes qui portent des sacs dans un moulin.
Courrier des spectacles n° 506 du 24 messidor an 6 [12 juillet 1798], p. 2-3 :
[Le vaudeville de Lombard est promu opéra par le critique, il n'a pas vraiment réussi, mais le fait que l'auteur a été nommé lui évite la chute. Pour l'essentiel, l'article résume l'intrigue, une anecdote de la vie de Frédéric II, à la fois une affaire foncière (le roi voudrait s'accaparer le moulin) et exercice de la justice (le baron chargé de négocier l'acquisition se trouve être à la fois malhonnête et mauvais fils). Frédéric II met bon ordre à ce désordre : le meunier gardera son moulin, et le baron malhonnête ira en prison. Le jugement porté sur la pièce est plutôt sévère : elle a déçu, et c'est le caractère de deux des principaux personnages que l'auteur a manqué. Il a fallu se contenter d'apprécier quelques couplets et la prestation d'une très jeune chanteuse, fille d'un acteur du théâtre.]
Théâtre Montansier.
L’opéra donné hier à ce théâtre, sous le titre du Meunier de Sans-Soucy, n’a eu qu’un médiocre succès ; l’auteur a été très-foiblement demandé, cependant il a été nommé, c’est le cit. Lombard de Langres.
Le roi de Prusse voulant aggrandir le jardin de son château, envoie le baron de Flemen demander au meunier de Sans-Soucy de lui vendre son moulin ; celui-ci refuse d’accéder à la proposition qui lui est faite ; menaces du baron ; vives répliques du meunier. Le baron de Flemen est indigné qu’un meunier ait osé lui répondre avec tant d’audace, et pour s’en venger, il charge un garde-chasse d’accuser le meunier d’avoir tué un faisan dans les domaines du roi. Ce même garde vient d’aider un vieillard à recouvrer sa liberté, dont la [sic] privé son fils, qui l’a fait passer pour mort, afin de s’emparer de ses biens, et ce vieillard est le père du baron de Flemen ; il est reçu avec beaucoup d’aménité par le meunier, qui lui donne un asyle chez lui. Cependant Frédéric arrive de la chasse, il demande qu’on lui livre le moulin ; nouvelles répliqués du meunier ; menaces du roi. Le meunier lui déclare qu’il aura recours aux loix de son pays pour assurer sa propriété. Le roi frappé de sa réponse énergique, consent à lui laisser son moulin. Le baron de Flemen l’accuse alors d’avoir braconné ; mais le vieillard sort de son asyle, et demande au roi justice contre son fils ; Frédéric ordonne que le monstre soit conduit en prison, et puni suivant la rigueur des loix.
Cette pièce n’a pas produit tout l’effet qu’on avoit droit d’en attendre ; les principaux rôles du meunier et de Frédéric sont manqués, le meunier au lieu d’être franc est brusque, au lieu d’être homme de caractère, il est insolent et a toujours l’injure à la bouche. Le caractère de Frédéric n'est pas assez ferme ; de plus, il parle quelquefois de la manière la plus triviale. On a applaudi à quelques couplets ; la cit. Crétu aînée, fille du cit. Crétu, artiste de ce théâtre, a chanté avec goût dans le petit rôle d’un des enfans du meunier.
La base César attribue au Meunier de Sans-Souci, créé sur le Théâtre de Montansier le 11 juillet 1798, 25 représentations jusqu'au 20 mars 1799.
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