Le Mot de l’énigme

Le Mot de l’énigme, vaudeville en un acte, de Chazet, Marc-Antoine Désaugiers et Lafortelle, 23 pluviôse an 11 [12 février 1803].

Théâtre Montansier.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, Au Magasin de Librairie, boulevard Montmartre, an 11 [1803] :

Le mot de l'énigme, vaudeville en un acte, Par MM. Chazet, Désaugiers, et Lafortelle. Représenté pour la première fois, le 23 Pluviôse et sans interruption, jusqu'au 3 ventôse an 11, sur le Théâtre Montansier.

Courrier des spectacles, n° 2171 du 25 pluviôse an 11 [14 février 1803], p. 2 :

[L'énigme à la mode a tellement passionné le public que les trois auteurs ont voulu s'associer pour en faire une pièce. Sur ce mince sujet, ils ont bâti une intrigue conventionnelle, le mariage de deux jeunes personnes qui n'obtiendront de leur tuteur le droit de se marier que s'ils découvrent le mot de cette énigme. Ils y parviennent, bien sûr, et il ne reste plus à dire que Mlle Caroline chante très bien, et que les couplets de la pièce sont jolis et spirituels.]

Théâtre Montansier.

Le Mot de l’Enigme.

Tant de journaux ont copié cette fameuse Enigme, tant de gens se sont mis à la torture pour en trouver l’explication, qu’il a bien fallu saisir l’a-propos et lui donner place parmi les pièces de circonstances. Trois auteurs, les cit. Chazet, Désaugiers et Lafortelle, ont travaillé conjointement à cette petite pièce ; et quoique le moyen de plaire au public dans un si mince sujet fût très-difficile aussi à trouver, cependant ils ont deviné cette Enigme, et les spectateurs satisfaits leur ont donné pour prix des applaudissemens.

Ferons-nous l’analyse de cet ouvrage ? Dirons-nous que deux jeunes gens destinés l’un à l’autre par leurs parens, et encore sous la surveillance d’un tuteur, obtiennent de celui-ci la promesse d’un hymen prochain, à condition qu’ils devineront le mot de l’Enigme ; qu’ils ont pour rivaux l’un un vieux poëte nommé Charadin, et l’autre une vieille folle qui courent aussi après le mot de l’Enigme, et qui ne le trouvent pas ? Ces détails seroient fastidieux ; mais nous devons rendre justice aux acteurs, sur-tout à Mlle Caroline dont le chant pur et mélodieux a ravi tous les auditeurs. Cette bluette offre de jolis couplets ; le vaudeville qui la termine est un des plus spirituels que l’on chante à ce théâtre.

L'énigme dont il est question a été proposée par un certain Lucet, ci-devant abbé et obscure publiciste. Il avait proposé un concours dont les prix étaient les œuvres de philosophes du siècle précédant pour les quatre prmeiers donnant la bonne réponse à une énigme comportant neuf strophes. Lancé le 19 nivôse an 11 [14 janvier 1803], il s'achevait le 24 pluviôse [13 février]. Selon Lucet, son concours a rencontré un vif succès, il a reçu des milliers de réponses. Une fois le délai passé, il révèle la solution (« contraste »), qui lui vaut une volée de bois vert. Tout cela est raconté dans Un hiver à Paris sous le Consulat – 1802-1803 – d'après les lettres de J.-F. Reichardt, de A. Laquiante (Paris, 1896), p. 348-350. L'anecdote finit par l'évocation de la pièce du Théâtre Montansier :

Ce que cette manie des énigmes a produit de moins mauvais est un petit acte, improvisé et joué en vingt-quatre heures au théâtre Montansier, sous le titre le Mot de l'énigme, le mot est l'esprit. Brunet y joue avec son originalité si naturelle, et une demoiselle Caroline (1) chante agréablement des couplets lestement tournés ; en voici deux :

    Il offre un contraste parfait,
    Il fait la paix, il fait la guerre,
    Et seul, du fond d'un cabinet,
    Il renverse une armée entière.
    Bientôt, interprète discret
    Des amans tendres et fidèles,
    Il va sous le pli d'un billet
    Reposer sur le sein des belles.

Chez une Agnès et timide et discrète,
Le sentiment met l'esprit en défaut ;
Quand de son cœur l'énigme l'inquiète,
L'Amour arrive et lui donne le mot.

(1) Mlle Caroline, voix fraîche et flexible, passa aux Variétés en 1806 ; mourut la même année.

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