Les Mœurs du Tems, comédie en un acte et en prose de Saurin, 22 décembre 1760 (reprise en 1803).
Théâtre-Français (Théâtre Louvois en 1803).
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Titre :
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Mœurs du tems (les)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ,
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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22 décembre 1760 (reprise en 1803)
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Théâtre :
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Théâtre Français (Théâtre Louvois en 1803)
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Auteur(s) des paroles :
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Saurin
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Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome sixième, ventôse an XII [février 1804], p. 283-284 :
[Picard recourt fréquemment à la reprise de pièces oubliées pour remplir le programme de son théâtre, et ici il a tenté de ressusciter une pièce de 1760, sur les Mœurs du Tems, qui sont bien sûr celles du temps de Saurin, un temps où les mœurs étaient bien différentes. Elle est pourtant riche de « leçons utiles » pour les jeunes gens d’aujourd’hui, ces « incroyables » présentés comme « des jeunes gens sans éducation ». L’intrigue résumée, le critique ne peut que constater l’échec de cette tentative de reprise, échec qu’il faut imputer aux acteurs, incapables de rendre les finesses d’un théâtre de salon. Le « genre franc et fortement comique » du théâtre de Picard les a rendus inaptes à comprendre un théâtre comme celui de Marivaux.]
THÉATRE LOUVOIS.
Les Mœurs du Tems, comédie en un acte, par Saurin.
Encore une de ces pièces originales que l'on croit avoir vues partout, parce que d'effrontés plagiaires en ont tiré mille copies. Les Mœurs du tems ne sont point celles du tems présent. La pièce de Saurin date .de 1760, et l'on sait quels changemens ont eu lieu, depuis cette époque, dans ce que Ton nomme la bonne compagnie. Mais si cette petite pièce ne nous offre pas le tableau exact de ce qui se passe autour de nous, nos coquettes et nos jeunes étourdis y trouveront du moins des leçons utiles. Les anciens marquis étaient assurément très-ridicules aux yeux de l'observateur philosophe ; mais il faut convenir aussi que leurs successeurs les incroyables sont trop souvent des jeunes gens sans éducation, et que travers pour travers, ridicule pour ridicule, il est assez naturel de préférer la brillante fatuité des uns, à la grossière impudence des autres.
M. Géronte, riche financier, a une fille nommée Julie, qu'il a presque fiancée à Dorante ; mais une comtesse, sœur de Géronte, traverse ce projet de mariage, et veut que sa nièce épouse préférablement un marquis, amant infidèle de Cidalise. Cette Cidalise se croit sincèrement aimée du marquis, et, tout en convenant qu'il y aurait de l'imprudence à en faire son mari, elle brûle de l'épouser. Pour mieux s'assurer de ses sentimens, elle le suit dans un bal, enveloppée d'un domino pareil à celui de la comtesse. Cette fausse apparence donne lieu à divers quiproquos assez piquans. Ici, le marquis, croyant avoir affaire à la comtesse, dit beaucoup de mal de Cidalise ; là, persuadé qu'il s'adresse à Cidalise, il médit à plaisir de la comtesse ; or, ce sont autant de bévues qu'il fait coup sur coup, tout le monde finit par l'apprécier, et Julie épouse Dorante.
Tel est le sujet de cette jolie pièce. La reprise qu'on en a fait hier au théâtre de Louvois, n'a pas produit de sensation ; mais cette nullité d'effet ne doit être imputée qu'aux acteurs. Accoutumés au genre franc et fortement comique des ouvrages de Picard, ils n'entendent rien, ou presque rien aux finesses de la comédie de boudoir ; et Marivaux, avec tout son esprit, semble n'être pour eux qu'un auteur d'énigmes. Or, Saurin, dans les Mœurs du Tems, a pris la plume de Marivaux.
Dans la base Lagrange de la Comédie Française, la pièce de Bernard-Joseph Saurin, créée le 22 décembre 1760, a été jouée à la Comédie Française 83 fois de 1760 à 1962 (la reprise de 1961-1962 est une mise en scène de Maurice Escande, et elle a été jouée 12 fois à partir du 7 décembre 1961).
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