Monsieur Durelief, ou les Embellissemens de Paris

Monsieur Durelief, ou les Embellissemens de Paris, vaudeville en un acte, de Barré, Radet et Desfontaines, 9 juin 1810.

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Monsieur Durelief, ou les Embellissemens de Paris

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

9 juin 1810

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Barré, Radet et Desfontaines

Almanach des Muses 1811.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Fages, 1810 :

M. Durelief, ou petite revue des embellissemens de Paris ; en prose et en vaudeville ; Par MM. Barré, Radet et Desfontaines ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théatre du Vaudeville, le Samedi 9 Juin 1810.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts 15e année, 1810, tome III, p. 378 :

[La pièce est toute à la gloire de Napoléon et de la nouvelle impératrice. Pas moyen donc que le critique se montre désagréable. Alors il ne peut dénigrer que l’intrigue, « peu de chose » (mais il est en dessous de la vérité : la pseudo intrigue sentimentale est tout de même d’une rare niaiserie !), et louer les couplets que le public a applaudis et redemandés. Il valorise même le rôle (peut-être peu utile) du carillonneur, « très-plaisamment joué ». La pièce est du trio habituel du Vaudeville.]

M. Durelief, ou les Embellissemens de Paris, vaudeville en un acte, joué le 9 juin.

M. Durelief est un ancien architecte retiré à la Campagne, et qui a fait un plan de Paris en relief. Il choisit le jour des fêtes parisiennes pour montrer la copie de Paris à ceux des habitans qui ne peuvent aller voir l'original. Chacun est enchanté de ce travail que l'on trouve parfait ; le jeune peintre Ferdinand, amant de Victorine Durelief, prétend qu'on a oublié quelque chose. L'architecte soutient le contraire. Un pari s'engage. Si Ferdinand gagne, il épousera Victorine ; s'il perd, le mariage sera retardé de deux ans On est curieux de connoître l'issue de la gageure. A un signal que donne Ferdinand, la porte d'un pavillon s'ouvre, et laisse voir le buste en transparent de l'Impératrice Marie-Louise, avec cette inscription, au nom de la ville de Paris : Voilà mon plus bel ornement. Durelief avoue qu'il a perdu, et donne sa fille à Ferdinand.

L'intrigue est peu de chose, mais les couplets offrent la juste expression de l'enthousiasme qu'inspirent les grandes choses que l'on doit au génie de Napoléon Le public a applaudi et redemandé quelques-uns des couplets Le rôle du carillonneur Dindin, très-plaisamment joué par Joly , égaye les scènes où il paroît.

Les auteurs sont MM. Barré, Radet et Desfontaines.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome IX, septembre 1810, p. 285-289 :

[Ce qu’on peut surtout tirer d’un tel compte rendu, c’est l’image de la soumission de la critique et du théâtre à la politique de glorification de l’empire. Tout y passe : les monuments créés, restaurés, à créer ; la nouvelle impératrice, que tout le monde adule, la figure du héros, l’ancien militaire adorateur de l’empereur, etc. Un critique ne peut que s’extasier devant un si beau spectacle, son droit de réflexion se limitant à trouver le fonds « assez léger » et l’intrigue inexistante. Si non tout est merveilleux : les couplets, couverts de louanges, le comique de l’ivrogne, trouvé extraordinaire, même s’il n’est pas un moyen très neuf. Une telle pièce, achevée par des couplets « patriotiques », ne peut qu’assurer le triomphe de ses auteurs, le trio roi du Vaudeville.]

M. Durelief, petite Revue des embellissemens de Paris, en un acte et en vaudevilles, par MM. Barré, Radet et Desfontaines.

M. Durelief est un ancien architecte retiré à la campagne, où il amuse encore ses loisirs de l'art qui remplissait autrefois tout son temps. Les embellisemens merveilleux que la capitale a reçus depuis dix ans ont excité son enthousiasme ; et pour en faire jouir, autant qu'il est possible, ses honnêtes voisins, il a construit en relief un plan de Paris, sur lequel il reproduit avec exactitude tous les monumens, tous les travaux qu'il voit annoncés dans les nouvelles publiques, et dont il a soin de se procurer les dessins. Il se plaint, il est vrai, des difficultés de la tâche qu'il s'est imposée. Le génie créateur qui décore la capitale, exécute ses vastes conceptions avec une telle rapidité, qu'à peine est-il possible de la suivre et d'imiter en petit ce qu'il fait en grand. Cependant Durelief se flatte de n'être point resté en arrière. Il croit n'avoir rien omis dans son plan et son ami M. Martial, ancien miitaire, est de son avis, ainsi que tous ceux de ses voisins à qui il a montré son ouvrage, à l'exception toutefois de Ferdinand, jeune peintre, neveu de Martial, qui, sans l'avoir vu, s'est constamment obstiné à soutenir qu'il y manquerait quelque chose. Mais le jeune homme a bien ses raisons : il aime Victorine, fille de Durelief ; il en est aimé; il l'a demandée en mariage. Durelief veut différer leur union, quoiqu'il l'approuve ; et Ferdinand, en piquant son amour-propre, est parvenu, comme cela arrive souvent avec les gens que l'on pique, à le faire entrer dans une gageure dont voici les conditions : Durelief exposera son plan aux regards de tous les habitans du voisinage, dont quelques-uns ont fait nouvellement le voyage de Paris. S'ils décident que rien ne manque au plan de Durelief, Ferdinand se résignera à attendre deux ans la main de Victorine ; mais si les voisins ou, à leur défaut, Ferdinand lui-même prouve que l'architecte a oublié un seul des nouveaux embellissemens de Paris, il épousera Victorine le jour même.

Ce jour est en effet arrivé, lorsque le rideau se lève. Durelief et Ferdinand se croient également sûrs de gagner le pari. L'architecte fait l'énumération des derniers travaux qu'il a reproduits en miniature. Il semble qu'il n'ait rien omis. Ferdinand ne s'explique pas aussi nettement, mais on voit qu'il s'est ménagé un moyen de réussir, dont il fait un mystère même à Victorine. L'heure de l'exposition arrive. Tous les voisins se rendent chez Durelief et reviennent bientôt pleins d'admiration ; proclamer qu'il a gagné la gageure. C'est ici qu'est placée la revue des nouveaux monumens qui embellissent Paris et de ceux qu'a restaurés la munificence impériale. Le temple de la Gloire, l'arc de triomphe de l'Etoile, celui du Carousel, la colonne de la place Vendôme sont célébrés tour-à-tour. On cite également la porte Saint-Denis restaurée, le Louvre prêt à être fini. Durelief parle ensuite des monumens commencés qui seront de nouveaux bienfaits pour la capitale, tels que la Bourse, les greniers d'abondance, etc. Il prétend bien les placer dans son plan : un seul problême l'embarrasse, la jonction du Louvre et des Tuileries ; il n'a encore que des pierres d'attente en cet endroit là ; mais on n'est pas plus avancé que lui dans la capitale, et cela n'empêche pas que le jeune peintre ne doive se déclarer vainou. On le somme en effet de se rendre, mais Ferdinand fait un signal ; aussitôt un pavillon que Durelief lui avait donné pour attelier est ouvert par son domestique et l'on découvre le portrait de l'impératrice, soutenu par la ville de Paris et posé sur un piedestal où on lit en lettres de feu ces mots, que la ville prononce : Voici mon plus bel ornement. La chance tourne aussitôt, et c'est Ferdinand qui triomphe. Durelief lui-même est forcé d'en convenir et ne peut se pardonner son oubli. J'aurais dû te gagner au Carousel, dit-il au jeune homme, et dans ce quadrige où l'on attend encore le héros qui le conduira ; j'aurais dû placer Mars et Minerve.

On voit que le fonds de ce vaudeville est assez léger, qu'à peine offre-t-il une intrigue ; mais le choix du sujet, la nature des détails, l'esprit, le sentiment et la grace qui règnent dans les couplets en ont assuré la réussite, Les auteurs ont aussi obtenu beaucoup d'effet du rôle très-plaisant d'un sonneur de cloches, nommé Dindin, très-honnête ivrogne, qui, en visitant le plan de M. Durelief, a fait une glissade du Luxembourg à la barrière de Grenelle, et a manqué se crever un œil en tombant sur le dôme des Invalides. Joli l'a rendu avec beaucoup de comique et de naturel. Plusieurs couplets ont été redemandés. Nous citerons de préférence celui du bon vétéran Martial :

Les nouveaux embellissemens
Qu'à chaque instant on voit éclore,
Ne sont que des délassemens.
Dont votre seul Paris s'honore.
Mais, morbleu, nos exploits guerriers,
Dont Mars nous trace la carrière,
D'honneur, de gloire et de lauriers,
Couvrent la France toute entière.

Les auteurs ont été demandés et leurs noms applaudis avec enthousiasme.

Mémorial dramatique pour l'an 1811, p. 151-153 :

[Dans ce compte rendu, pas beaucoup de sens critique, et une belle soumission aux obligations du temps.]

M. Durelief, ou les Embellissemens de Paris, vaudeville -de circonstance, par MM. Barré, Radet et Desfontaines. (9 juin.)

M. Durelief, ancien artiste retiré [la liste des personnages le dit architecte], occupe encore les loisirs de sa retraite champêtre, des soins qui firent le charme et la gloire de ses beaux jours ; il s'amuse à tracer un plan en relief de la ville de Paris, et se flatte de n'avoir omis aucun des embellissemens qui font de cette capitale un séjour enchanteur ; il offre son ouvrage aux regards de ses voisins avec complaisance ; il s'enivre de leurs éloges ; il s'applaudit lui-même, et croit avoir atteint la perfection. Mais dans cette foule d'admirateurs, il y a un critique ; et ce critique est le gendre futur de M. Durelief, C'est un jeune peintre nommé Ferdinand, amant de la fille de M. Durelief. Celui-ci prétend obtenir la fille, en critiquant le père ; et voici comment : M. Durelief ne veut marier sa fille que dans deux ans ; cependant il consent à faire sur-le-champ le bonheur des amans, si son gendre peut lui prouver qu'il manque quelque chose à son plan. Ferdinand, sûr de gagner, accepte le pari. Enfin le moment décisif arrive ; le plan est exposé aux yeux de tout le village ; il n'y a qu'une voix sur sa perfection. M. Durelief chante déjà sa victoire, lorsque Ferdinand fait paraître au fond du théâtre le portrait de Marie-Louise,et prouve à son beau-père qu'il a oublié dans son plan de Paris le plus grand embellissement dont cette capitale s'honore. Ce dénouement donne lieu à des couplets très-agréables. L'idée de ce vaudeville est ingénieuse et piquante. L'action qui lui manque est remplacée par la revue des divers monumens qui ornent la capitale.

Cet ouvrage a joui long-tems de la faveur du public, et il méritait le succès qu'il a obtenu.

Un rapide survol des numéros du Journal de Paris, de juin à décembre 1810 permet de repérer 11 représentations en juin, 4 en juillet, 2 en août, 1 en septembre 1810. Soit 18 représentations. Pas de représentation au premier semestre d e1811.

Ajouter un commentaire

Anti-spam