Magdelon, opéra en un acte, paroles et musique du Cousin Jacques (Beffroy de Reigny) 16 Prairial an 7 [4 juin 1799].
Théâtre Montansier Variétés
Almanach des Muses 1800
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Moutardier, an VIII :
Magdelon, comédie épisodique, en prose et en un acte, mêlée d'ariettes ; représentée, pour la première fois, à Paris, le 16 Prairial an VII, et pour la 26e. fois, le 3 Vendémiaire suivant, par les Comédiens du Théâtre du Théâtre du Palais Égalité, dit Montansier. Paroles et Musique du Cousin-Jacques.
« Douce amitié ! sagesse aimable !
Vous suffisez pour un bon cœur !
L'infortuné, que la misère accable,
Par vos secours goûte encor le bonheur ! »
Magdelon, Scène XI.
Courrier des spectacles, n° 834 du 17 prairial an 7 [5 juin 1799], p. 2 :
Théâtre Montansier.
Le succès le plus brillant a couronné l’opéra de Madelon, dont la première représentation eut lieu hier à ce théâtre. Nous donnerons l’analyse de cette jolie production du Cousin-Jacques.
Courrier des spectacles, n° 835 du 18 prairial an 7 [6 juin 1799], p. 2 :
[Le compte rendu s’ouvre par une analyse du sujet, une belle anecdote pleine de bons sentiments, d’une ancienne domestique qui vient au secours de son ancienne maîtresse, et d’un jeune homme amoureux de cette dernière, et qui finit par la demander en mariage, et d’obtenir de son père l’autorisation de l’épouser. La pièce est pleine de qualités : « de l’enjouement, de la naïveté, [...] une morale pure et attendrissante », un personnage principal au caractère « tracé parfaitement ». On est loin des pièces hostiles aux aristocrates ! L’interprétation est remarquable, celle des actrices qui jouent Madelon et son ancienne maîtresse, et plus encore Brunet dans le rôle d’un naïf, son indiscutable spécialité. Même éloge pour la musique, éloignée des fracas qu’on rencontre souvent au théâtre, mais qui est « parfaitement adaptée au sujet : tantôt vive et légere, tantôt douce et tendre ». L’auteur a été « unanimement demandé ».]
Théâtre Montansier.
Voici l’analyse de l’opéra donné avant-hier sur ce théâtre sous le titre de Madelon.
Madelon a vu mourir dans l'indigence les parens de Cécile, chez lesquels elle étoit domestique, et elle a accueilli prés d'elle ce reste précieux de la famille de ses maîtres, qu’elle soutient du produit de trente ans d’économie, et de celui du travail journalier de Cécile. Hubert, jeune homme d'une famille opulente, est parvenu à s'introduire près d’elle et à lui plaire sous l’extérieur modeste de commis de marchand. Mais quelques générosités de sa part, et sur-tout le payement du loyer de l’appartement occupé par Cécile et Madelon, excitent les soupçons de cette derniere, qui après quelques informations, parvient à savoir qu’Hubert n’est pas réellement ce qu’il paroit ; envain elle questionne Criquet, garçon niais et soi-disant commissionnaire, mais en effet domestique d'Hubert, le même qu’elle sait avoir porté à l’hôtesse l’argent du loyer ; en vain elle interroge Hubert lui-même, elle n’en peut rien obtenir : enfin elle lui déclare qu'il ait à se faite connoitre, s’il veut mériter la main de Cécile. Hubert vole chez lui, et bientôt renvoie par Criquet les papiers qui prouvent ce qu’il est et contiennent le consentement de son pere à l’union des deux amans.
Il y a dans ce joli opéra de l’enjouement, de la naïveté, il y règne une morale pure et attendrissante. Le caractère de Madelon sur-tout est tracé parfaitement et peint, on ne peut mieux l’amitié d’une ancienne domestique qui par excès de zèle gronde et s’emporte souvent, mais qui fait oublier ces légers momens d’humeur par un coeur sensible et bon. Alternativement brusque sensible, sévere tendre, vive et réfléchie, voilà ce que le public a constamment admiré dans le jeu de la citoyenne Barroyer, à qui ce rôle là seul feroit une réputation si elle n’étoit pas déjà depuis long-tems en possession de plaire dans son emploi. — Elle a été très-bien secondée par la citoyenne Quaizain, qui étoit chargée du rôle de Cécile.
Le citoyen Brunet a mis beaucoup de vérité dans le rôle de Criquet. Le public qui rit toujours en le voyant, lui a appliqué un passage de cette pièce, où Hubert lui dit qu’il fait bien l’imbécille, Criquet lui répond : Je vous le donne en quatre à le faire comme moi.
Quant à la musique : « Cette ouverture n’a rien d’extraordinaire, disoit près de nous quelqu’amateur du bruit, du fracas. Il croyoit sans doute entendre les cors, les trompettes, les trombonnes, etc. etc. Pour nous, nous avons vu que la musique étoit parfaitement adaptée au sujet : tantôt vive et légere, tantôt douce et tendre, et cette mélodie agréable vaut bien un vain tintamarre.
L’auteur a été unanimement demandé. Les paroles et la musique sont du Cousin-Jacques.
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