Mal veut mal lui tourne. 16 brumaire an 8 [7 novembre 1799].
Théâtre des Jeunes Artistes
Almanach des Muses 1801
Titre curieux, qui rappelle un proverbe dramatique de Carmontelle, le proverbe LXXXVI, Ulzette et Zaskin, illustré par le proverbe Qui mal veut, mal lui tourne (Proverbes dramatiques de Carmontelle, par M. C. de Méry, nouvelle édition, tome quatrième, Paris, 1822).
Courrier des spectacles, n° 979 du 17 brumaire an 8 [8 novembre 1799], p. 2 :
[Le critique prévient d’emblée son lecteur : faire jouer une telle pièce, c’est une erreur de l'administration du théâtre, et les spectateurs ont été rares. La pièce est une arlequinade, et on retrouve tous les ingrédients de ce genre de pièces, une histoire de mariage, des sœurs jalouses, une supercherie pour faire épouser la gentille par son bien aimé, en se moquant de l’autre sœur, au nom si bien choisi. Bien sûr, on a applaudi les plaisanteries immorales et indécentes, qui ont provoqué de gros rires. Mais les spectateurs ont eu le bon goût de ne pas demander l’auteur.]
Théâtre des Jeunes Artistes.
C’est sans doute par erreur que l’administration de ce théâtre fit jouer hier une arlequinade ou plutôt une rapsodie, sous le titre de Qui mal veut, mal lui arrive, ou Arlequin Colin Maillard. Ce Colin-Maillard là n’a pas attrapé beaucoup de monde. Essayons d’en donner l’analyse :
Léandre, jeune officier, fait la cour à Isabelle, fille de Mad. Grognac, et Arlequin, son valet, est sur le point d’épouser la suivante Colombine. Revêchon, fille aînée de Madame Grognac, fait tous ses efforts pour détourner Léandre de son mariage, et elle-même soupire pour l’amant de sa sœur.
Arlequin est convenu avec Colombine d’introduire Léandre à minuit dans la maison. Revêchon a tout entendu, et elle menace Colombine de tout son ressentiment si elle ose contrarier son projet.
Minuit sonne. Revêchon est dans leur sallon : elle entend du bruit ; dans l’obscurité elle s’imagine que c’est Léandre, et fait éclater sa joie. Le prétendu Léandre lui fait mille protestations d’amour, lui baise les mains, et enfin consent à l’épouser à condition néanmoins de le faire sans lumière.
Mad. Grognac vient aussi, et dans les ténèbres ne reconnoît pas celui qui parle à sa fille. Le faux Léandre la presse de conclure son mariage : elle y consent. Soudain les flambeaux apportés font voir la méprise ; c’est Arlequin, Revêchon confuse, renonce à son fol amour, et Léandre épouse Isabelle.
Cette pièce a eu cependant quelques applaudissemens ; grace à quelques traits immoraux et indécens, sur tout dans la bouche de jeunes enfans ; il ont excité de gros rires, et c’est assez. Néanmoins les rieurs ont été assez ingrats pour ne pas demander l’auteur.
Ajouter un commentaire